L'un des plus grands bouleversements de la Guéoula sera sans conteste l’édification du troisième Temple.
Cette construction est d'ailleurs l'un des signes qui confirmera le Machia'h dans son rôle de Libérateur[1]. Mais une question se pose. Qui construira le Beth Hamikdach (le troisième temple) ?
Le Zohar le définit comme étant « une construction du Saint-béni-soit-Il », une construction des mains même de D.ieu. Rachi explique dans la Guémara[2] : « le Temple que nous attendons est déjà entièrement et parfaitement construit et se dévoilera et viendra du Ciel, comme il est dit (dans le cantique de la mer) « le Sanctuaire, ô D.ieu, préparé de tes mains ».
D'autre part, on trouve des enseignements de nos Sages allant dans le sens contraire[3] : le troisième Temple sera une construction humaine, tout comme le furent les deux premiers. Et c'est ainsi que tranche le Rambam[4] : c'est le Machia'h qui construira le Temple.
Deux avis incompatibles ?
La raison de cette décision du Rambam est simple : c'est une Mitsva positive de construire un Sanctuaire. Israël se doit donc de respecter ce commandement. Si le Temple descendait du Ciel, on perdrait cette grande Mitsva !
Le Zohar, quant à lui, pense que le Temple descendra du Ciel car il se doit d'être éternel. Et seul D.ieu peut construire un édifice éternel. Les deux Temples de construction humaine furent détruits.
Le Rabbi de Loubavitch explique[5] qu'il n'y a en fait pas de contradiction entre ces deux avis. Dans ce troisième Temple se trouveront des choses construites par la main de l'Homme et d'autres qui descendront du Ciel. Ainsi, les deux avis pourront être respectés : Israël ne perdra pas l'accomplissement d'une Mitsva et le Temple bénéficiera aussi de l'éternité d'une construction divine.
On comprend ainsi pourquoi le Rambam ne ramène pas l'avis d'un Temple miraculeux. En effet, son livre traite des lois et des obligations humaines et pas « divines ». Par contre, le Zohar qui s'occupe essentiellement de sujet « célestes », insiste justement sur la part de D.ieu dans l'édification du troisième Temple.
En pratique...
Il y a plusieurs possibilités concernant le mariage de ces deux avis :
1. Le Temple, d'un point de vue matériel, sera construit par le Machia'h mais le Temple céleste et spirituel d'en Haut s'y habillera. Comme on le voit concernant le feu qui consumait les sacrifices. Un feu descendait du Ciel mais il y avait une Mitsva d'apporter aussi un feu humain.
2. Sur le verset[6] « les portes de Sion se sont enfoncées dans le sol », le Midrach[7] explique que les portes du Temple se sont effectivement enfoncées dans le sol et resteront cachées jusqu'à ce que le Troisième Temple descende du Ciel. A ce moment, Israël les retrouvera, les fixera et aura donc une part dans cette construction.
3. On sait qu'il existe une différence entre les mesures du Temple rapportées par la Michna et celles rapportées par Yé'hezkel (Ezéchiel) dans sa prophétie concernant le troisième Temple. De nombreux points ne sont pas clairs dans cette prophétie, des points tellement obscurs qu'ils ne peuvent être, dans la pratique, utilisés pour la construction effective du Temple. Ainsi, les deux avis pourraient être respectés en ce sens où nous construirions notre part selon ce qui est inscrit dans la Michna. Et les points « obscurs » de la vision de Yé'hezkel seront des constructions divines.
Le Troisième Temple, symbole de la dernière Guéoula
Pour finir, disons que ce qui est important, ce n'est pas de savoir comment exactement cela se passera. L'important, c'est le principe même de cette construction : une association entre l'Homme et son Créateur pour dévoiler la Chékhina (la présence divine). C'est le symbole même de cette Délivrance que nous attendons. Elle ne ressemble pas à celle d'Egypte où nous fûmes plutôt passifs et c'est D.ieu et Moché son serviteur qui firent tout le « travail ».
Notre Guéoula et le dévoilement de l’Essence de D.ieu dans notre monde matériel sera la résultante d'un travail acharné du peuple Juif durant tous son terrible Exil. Le Troisième Temple, œuvre divine et humaine en sera le symbole le plus fort...
D'après des Si'hot du Rabbi de Loubavitch et le livre « Sodot Haguéoula » (Ména'hem Brod)
[1] Rambam lois sur les rois, chapitre11 loi 4.
[2] Traité Souca 41a.
[3] Vayikra Rabba, Paracha 9,7 et Bamidbar Rabba Paracha 13.2.
[4] Ibid.
[5] Likoutey Sih'ot tome 18 page 418 et suivantes ; tome 11 page 98 ; tome 13 page 84.
[6] Lamentations 2.9.
[7] Eikha Rabba sur le verset des lamentations 2.9; Bamidbar Rabba, Paracha 15.13.