Pourquoi en avez-vous marre ? Pourquoi êtes-vous insatisfaits ?
Un homme se lève le matin du "mauvais pied" et… tout l’exaspère. La vie lui semble insupportable, il est fatigué, sans aucun but dans sa vie. Il arrive parfois que ce sentiment bizarre surgisse sans prévenir, et parfois c’est un processus un peu plus long.
Dans ce contexte, il existe des hommes à qui tout sourit, qui ne manquent de rien : une belle villa, une voiture neuve, la stéréo dernier cri. Ils peuvent être des hommes influents dans leur société, responsables. Mais tout ceci n’est pas un rempart à ce sentiment bizarre que toute cette richesse ne pourrait combler : l’insatisfaction de la vie.
Il y a quelque chose dans notre fort intérieur, inexplicable et sans aucune logique, étrange et effrayant à la fois, qui apparait sur notre visage et qui se traduit par un "dégout" de la vie. Ce sentiment n’est pas lié à soi ou à notre environnement.
Cet instant de doute montre en fait que nous sommes bien des êtres humains. C’est le moment où s’ouvre une fenêtre vers la vraie vie. La vie matérielle s’effrite devant nous et laisse place à une vie plus spirituelle. C’est l’instant où nous sommes à la porte de la Téchouva. Quel mot étrange !
Portes de la Téchouva
En même temps, les clichés sur la Téchouva sont connus : fuite de la vie, une vie en marge de la société, une vie obscure sans couleurs et sans lumière. Une vie modeste avec un horizon ferme, limite, triste et sans joie. Une vie de privation. Cependant, le désavantage évident de cette image grossière est qu’il n’a aucun lien avec la vérité. C’est le vestige d’une éducation vieille de 100 ans. La Téchouva selon le judaïsme représente la joie de vie, simple et naturelle, telle qu’on ne l’a pas vu depuis des années dans la rue.
Dans son entité, la Téchouva est l’expression d’une sécurité profonde, association intérieure de la vérité et de la réalisation de soi. Et parfois, elle donne le sentiment de satisfaction de nos possessions matérielles, même si elles sont peu nombreuses. La Téchouva est, selon Kohelet, "une âme jamais rassasiée", c’est-à-dire que cette âme sait qu’elle se fatigue uniquement pour elle. C’est pourquoi elle n’est pas rassasiée de Mitsvot et de bonnes actions.
Rabbi Levy nous enseigne à ce sujet une parabole. Cela ressemble à un paysan marié à une princesse. Bien qu’il lui donne tout ce qu’elle désire, elle n’est pas satisfaite. Pourquoi ? C’est la fille du roi. Tout ce que l'on peut faire pour l’âme n’est pas satisfaisant. Pourquoi ? Elle est divine. L’âme est une notion difficilement saisissable par notre esprit, mais elle est bien présente et remplie de désir. En revanche, le corps, très matériel, se rassasie de plaisirs sensoriels mais éphémères. Cette soif est l’origine de notre manque de tranquillité. Elle est le moteur de notre désir d’avancer et de conquérir.
L’ambition de la richesse, de la force, des honneurs et de la célébrité
Mais quelque chose d’étrange nous arrive lorsque nous atteignons le sommet dans un domaine. Nous avons amassé de l’argent, obtenu un poste hiérarchique important dans un pays, ou encore gravi les échelons dans notre société, mais le bonheur si souvent sacrifié pour ces ambitions n’a pas été atteint, voire effleuré.
Et alors d’autres objectifs se présentent à nous et le cercle recommence sans fin. Jusqu’au jour où l'on "perd pied" spirituellement et où la déprime nous guette. Pourquoi ? L’âme est divine !!! Elle désire des objectifs "importants" et de "haut niveau". Elle n’a aucune satisfaction des plaisirs de ce monde (Ram’hal).
Les plaisirs matériels ne peuvent pas la combler malgré la sophistication perpétuelle des plaisirs sensoriels et artificiels. Sa véritable nourriture est cachée dans les confins de l’esprit. Lors de ces moments de "soif" de l’âme, nous perdons goût à la vie. Nous en avons marre.
C’est ici que la Téchouva prend sa véritable dimension.
Elle a le pouvoir de provoquer le changement désiré, de faire taire cette soif de l’âme. Car la Téchouva est la solution par le biais du retour, dans tous les sens du terme. Le retour à la source, c'est-à-dire un retour à la vie dans sa dimension la plus profonde. Et un retour qui va insuffler un nouveau sens à nos actions, vers l’origine divine, qui va véritablement abreuver notre âme.
Et pour ce sentiment de "ras-le-bol" général, le judaïsme le prend en charge. La Torah se chargera de le maîtriser et de le transformer en un effet de levier pour une existence pleine de vie. Ce sentiment a permis à l’homme de porter un nouveau regard sur lui-même, ses ambitions, et son monde. Il s’agit en fait de la graine de la Téchouva. Ce désir d’être provoque des changements significatifs chez l’homme, au point que la Téchouva console par des pensées de repentir.
"Un petit point de lumière est le début d’un immense bonheur dans un monde infini" (Les lumières de la Téchouva, Rav Kook).
Il est parfois le temps des "contrôles techniques annuels". Ils nous invitent à nous arrêter et à examiner les différents voyants rouges. C’est prendre en compte les éléments jusqu’à présent oubliés ou usés et de remplir le réservoir de l’âme pour débuter une nouvelle vie...