Le secret pour progresser n’est pas de ne jamais échouer. L’échec est normal et humain. Avant de marcher, combien de fois un bébé se cogne-t-il ? Avant de dire un mot en entier, combien de syllabes sans aucun sens babille-t-il, jusqu’à être capable de les assembler correctement ? À la naissance, un nourrisson ne peut ni parler, ni marcher, ni résoudre des exercices : tout ce qu’il sait faire, c’est remplir sa couche… Et en plus, c’est vous qui le changez.
Tout ce qu’un être humain fait lui prend beaucoup de temps : mathématiques, anglais, rédaction de textes… Rien ne vient tout seul. Hachem nous a créés pour échouer puis progresser. Il n’attend pas la perfection de notre part. Mais le seul moyen de grandir, c’est d’être capable de se relever et de progresser à partir de ses échecs.
Échec, dépassement de soi et réussite
Le seul moyen d’une vraie progression consiste à échouer puis à se dépasser : c’est seulement ainsi que vous savez que vous pouvez vous dépasser. Sans échecs, pas de dépassement. Cela ne veut pas dire que vous devez chercher vous-même des épreuves ! Vous en avez assez sans devoir aller en chercher. Hachem a tout prévu, vous ne devez rien chercher.
Je dis cela à partir de ma propre expérience et de tout ce que j’ai arrêté. Lorsque j’étais jeune, je regardais la télévision, j’allais au cinéma et j’écoutais du rock’n’roll. Comment ai-je réussi à arrêter tout cela ? Je me suis levé un matin et j’ai dit : "D.ieu, ça y est, j’arrête tout !" Sauf que tout arrêter d’un seul coup est pratiquement impossible, et même si l’on réussit, cela risque de ne pas tenir sur la durée.
J’ai donc commencé par une chose : arrêter de regarder la télévision. C’était très difficile pour moi. J’ai échoué, allant même jusqu’à me dire qu’Hachem ne devait pas se préoccuper tellement du fait que je regarde ou non la télévision. J’ai de nouveau essayé, puis j’ai échoué, et ce à de maintes reprises. Puis un jour, j’ai réussi à ne plus regarder la télévision.
Je me suis dit que j’étais fou d’arrêter, car la télévision faisait partie de ma vie. J’étais habitué à la regarder jusqu’à 2h du matin, j’en avais besoin et j’avais toutes sortes de prétextes pour me justifier : me détendre, et même le fait que la regarder le soir me permettrait de mieux étudier le lendemain matin.
Capitaliser sur ses épreuves passées
Lorsque je réussis enfin à abandonner la télé, je me suis dis que je devrais peut-être essayer d’arrêter le cinéma. La télévision et les films, c’est pareil, mais la difficulté est que, dans la mesure où mes amis vont au cinéma, que ferais-je Motsé Chabbath ? Déjà qu’ils ne savaient pas que j’avais renoncé à la télévision – je l’avais gardé pour moi –, devrais-je leur avouer que je n'allais plus au cinéma ?! Ils allaient certainement me dire : "Que s’est-il passé, tu es devenu Froum ? Tu crois que tu es mieux que nous ?" Je ne voulais pas subir tout ça, mais ce fut le cas… Et le processus fut le même que pour la télévision : réussites, échecs, arrêter certains types de films… et enfin, grâce à mon expérience passée de la télévision, je réussis à arrêter le cinéma.
Puis vint le tour du rock’n’roll. Pour moi qui suis musicien, tous les prétextes étaient bons pour ne pas arrêter : écouter du rock ne m’affecte pas négativement, ce n’est que de la musique, qui se soucie de l’auteur ? Je me disais que je pouvais très bien étudier la Guémara et écouter de la musique non-juive. Pourquoi devrais-je abandonner ? La plus grande épreuve, c’est qu’à l’époque – contrairement à aujourd’hui –, les mots utilisés dans la musique étaient corrects, et même le plus vulgaire qui pouvait être utilisé alors – le mot "Hell" (enfer) –, fut retiré un certain temps, pour vous dire ! C’était un très grand combat contre mon Yétser Hara’ qui me suggérait qu’il n’y avait rien de mal à écouter cette musique qui n’était pas vulgaire à l’époque. Je songeai à l’épreuve de la télévision puis à celle des films et cela me donna la force de tout arrêter.
L’épreuve d’hier, ma force d’aujourd’hui
Quelle musique écouter maintenant ? Je commençais avec de la musique juive, et ce fut un grand vide car le Yétser Hara’ joue très bien son rôle. Il me suggérait que la musique non-juive avait un meilleur rythme, de meilleures paroles etc. Je réussis à surmonter cette épreuve grâce au fait que je m’étais débarrassé auparavant de la télévision et du cinéma : ma lutte dans ces deux domaines devint mon anti-venin. Ce qui vous sauve est paradoxalement ce qui vous a "mordu".
Vous progressez à partir de vos combats et de vos échecs. Voici le véritable progrès : si vous êtes capables de dire non à quelque chose, vous pouvez passer à l’étape suivante et dire non à autre chose. C’est ce que Hachem dit dans la Parachat ‘Houkat : les serpents mordent les Bné Israël, mais s’ils peuvent se dépasser et faire Téchouva, regarder au-delà du serpent, dans Ma direction, ils guériront. Moché Rabbénou ne fixa pas un Séfer Torah mais un serpent d’airain sur la perche vers laquelle les Bné Israël mordus par les serpents devaient regarder pour guérir. Le Séfer Torah ne les aurait pas aidés car ce n’est pas lui qui les mordit : c’est le serpent, comme pour moi le cinéma et la télévision. Pour guérir de la morsure, les Bné Israël devaient donc regarder le serpent, comme s’ils disaient : "Tu m’as mordu, mais maintenant, c’est moi qui te mords, tu es mon anti-venin, ma force." (Bamidbar 21, 6-9)
Tout cela fait partie de la vie et du progrès. Personne n’est parfait, tout le monde doit passer par là : faites appel à vos combats pour progresser. Qu’Hachem donne au peuple d’Israël la force de faire Téchouva, de se rapprocher de Lui ; puissions-nous voir le Machia’h, la fin du Yétser Hara’ et du Satan, qu’aucun membre du peuple juif ne soit coupé de son peuple et que chaque membre du peuple juif soit connecté. Je vous souhaite beaucoup de réussite.