Aharon Cohen est un Juif apprécié et connu dans sa communauté. Ba’al Téchouva, il s’occupe de rapprocher les Juifs du judaïsme. Lorsqu’on interroge Aharon sur son parcours qui l’a conduit à se rapprocher de la Torah, il répond en souriant : « Savez-vous qui m’a fait revenir à mes sources ? Difficile à croire… un étudiant palestinien. »
Aharon n’a pas grandi dans un foyer respectueux de la Torah. Dès son enfance, ses talents exceptionnels furent reconnus, et on l’envoya dans une école pour surdoués ; à 22 ans, il commence à étudier la physique nucléaire dans une université allemande. Le pays finança ses études, dans le but de faire appel à ses talents dès son retour en Israël.
A l’université allemande, il côtoie des étudiants de nombreux pays, et les Arabes brimaient fréquemment les étudiants juifs. En Allemagne, Aharon et ses amis ressentent dans leur chair la haine contre les Juifs, même s’ils ne sont pas religieux et ne respectent pas les Mitsvot…
Dans ses efforts pour apaiser la situation, l’université prit l’initiative d’organiser un débat public, et y invita des étudiants juifs et arabes à participer. Aharon fut choisi pour diriger le groupe d’Israéliens. Il pensa que cette initiative était interne à l’université, mais, un jour, il fut surpris de découvrir une invitation de l’ambassade israélienne à Bonn, alors capitale de l’Allemagne.
L’ambassadeur reçut Aharon et lui expliqua que le Ministère des affaires étrangères israélien accordait une certaine importance à cette future rencontre. On décida de placer à sa disposition une série de spécialistes - historiens, spécialistes du Moyen-Orient, diplomates et des spécialistes de l’art du débat - pour le préparer à cette confrontation sous tous ses aspects. Ils s’entrainèrent dans le cadre de débats fictifs et mirent au défi Aharon, alors que des « disputeurs » représentant le côté arabe, répondaient aux arguments d’Aharon, et exposaient des arguments de la partie adverse. Aharon était chargé de leur offrir une réponse de vainqueur.
Jour J
Le jour du débat arrivé, Aharon avait un bon pressentiment. Les spécialistes mis à sa disposition par le ministère des Affaires étrangères l’avaient bien préparé et lui avaient procuré une masse d’informations. Toutes les personnes de son entourage l’avaient encouragé et lui avaient assuré être persuadés de son succès. Le soir du jour J, la salle était comble. Des étudiants du monde entier aux côtés du personnel de l’université étaient venus assister à cette séance intéressante.
La première partie du débat se déroula bien. Aharon surpassa facilement ses adversaires arabes, et le public applaudit à ses réponses précises et intelligentes. La préparation avait fait ses preuves. Au sommet de la dispute, Aharon ouvrit le Tanakh que lui avait offert l’un des membres de l’ambassade et commença à lire aux spectateurs le passage souligné pour lui.
Aharon lut des versets extraits de la Parachat Ekèv, dans lesquels le Saint béni soit-Il promet à Son peuple un pays : Erets Israël. Tous les non-Juifs, était-il écrit, seront livrés entre les mains de Son peuple, et chaque endroit où ils poseront les pieds leur appartiendra. Personne ne pourra se tenir devant eux, et ils imposeront leur crainte sur toute la face de la terre d’Israël.
« Nous, au même titre que vous, croyons à la Bible, expliqua Aharon à son adversaire arabe, au moment de fermer le livre et de le fixer du regard. Dans ce cas, peux-tu m’expliquer pourquoi vous revendiquez la même terre que D.ieu a promise au peuple juif ? »
Le silence s’installa dans l’assistance. L’argument d’Aharon était convaincant, et sa manière de l’exposer, précise. Il semblait que le débat allait s’achever par sa victoire éclatante.
Or, à ce moment-là, l’étudiant arabe sourit et montra du doigt la Bible tenu par Aharon. « Tu as lu devant nous trois verset, dit-il. Pourrais-tu nous lire le verset qui précède, le 22 ? »
Aharon revint au verset en question et lut : « Si vous respectez intégralement cette Mitsva, que Je vous prescris, d’aimer votre D.ieu, de suivre Ses voies, et de vous attacher à Lui… »
L’étudiant arabe sourit. « C’est la condition à laquelle D.ieu vous donne la terre. S’il en est ainsi, si vous ne remplissez pas cette condition, à savoir respecter les commandements de votre religion, quelle valeur ont vos arguments ? »
« Avec l’aide de D.ieu, relate Aharon, j’ai réussi à détourner la conversation, et à dissiper quelque peu l’impression faite par ses propos sur l’assistance. Le débat s’était achevé. Je rentrai chez moi, et, cette nuit-là, je ne réussis pas à trouver le sommeil. Les propos de l’étudiant me trottaient dans la tête, et sa question me dérangeait : "Pourquoi, en effet, exigeons-nous un droit sur la terre de nos ancêtres si nous n’accomplissons pas la condition qui nous est présentée ?"
C’est ainsi que commença le processus au terme duquel j’ai eu le privilège de faire Téchouva, conclut Aharon. Vous voyez que j’avais raison : je suis vraiment retourné à mes racines grâce à un étudiant palestinien. »