Une nouvelle fois, les rabbins interdisent, diront les plus sarcastiques… D’abord les règles sur la vie commune, sur l’alimentation et maintenant Internet ! Ca va trop loin là ! Que veulent-ils, que nous nous coupions du monde, que nous nous enfermions dans des monastères ?
Pourtant à les écouter, les Sages disent nous mettre en garde contre des dangers inévitables, dont nous n’avons pas totalement conscience…
Que disent les rabbins sur l’utilisation d’Internet et des smartphones ?
Depuis leur entrée dans notre société, les Grands de la génération n’ont cessé de répéter que l’usage des smartphones était un danger à éviter. Accordant des permissions au cas par cas à ceux qui en auraient besoin pour leur gagne-pain, avec toutefois l’obligation d’y installer une « protection », les rabbins ont déclaré la guerre aux smartphones. Ils affirment que le risque est multiple : les contenus pornographiques susceptibles de briser les meilleurs foyers mais aussi l’addiction inévitable pour les personnes de tout âge causerait leur isolement et par la suite leur dépression…
On a dit comme toujours qu’ils ont exagéré, qu’après tout, il ne s’agissait de rien d’autre que de divertissement et qu’aux contraire les liens sociaux n’ont jamais été aussi étendus, mais les rabbins ont persisté dans leur campagne d’opposition.
Jusqu’à ce que la science leur donne raison…
Ce que disent les études et la science sur l’utilisation des smartphones
Lorsque le respecté APS (Association of Psychological Science) publiait en 2017 un article sur la corrélation entre les taux de suicide en augmentation chez les jeunes et l’utilisation des écrans, le public tendit attentivement l’oreille. (Increases in Depressive Symptoms, Suicide-Related Outcomes, and Suicide Rates Among U.S. Adolescents After 2010 and Links to Increased New Media Screen Time Jean M. Twenge, Thomas E. Joiner, Megan L. Rogers).
Le CDC (Centers for Disease Control and Prevention, l’autorité de santé américaine) avait elle aussi remarqué ces augmentations record du taux de suicide entre les années 2010 et 2015. L’agence avait constaté une augmentation de 65% du taux de suicide et de 58% du taux de personnes souffrant d’une dépression grave.
Environ 48 % de celles et ceux qui passaient 5 heures ou plus par jour sur leur téléphone (ce qui en soi est beaucoup) avaient déjà pensé au suicide ou l’avaient même prévu, contre 28 % chez celles et ceux qui ne consacraient qu’une heure par jour à leur smartphone. Aucune autre variable (problème financier, pression de l’école, relations amoureuses etc.) ne permettait d’expliquer cette augmentation des problèmes de santé mentale sur cette période.
Une autre étude, (Smartphone addiction creates imbalance in brain RADIOLOGICAL SOCIETY OF NORTH AMERICA Co-authors are Eun-Kee Jeong, Ph.D., Sungwon Choi, Yunna Kwon, Hae-Jeong Park, and InSeong Kim.) présentée à la conférence de la Société de radiologie d’Amérique du Nord (Radiological Society of North America), a observé les cerveaux d’adolescents souffrant d’addiction au téléphone ou à internet. Les chercheurs ont alors trouvé des dysfonctionnements au niveau des circuits de récompense du cerveau, en particulier dans la proportion du neurotransmetteur GABA. Mieux encore, quand ces adolescents suivent une thérapie cognitivo-comportementale (TCC) pour vaincre leur addiction, leur chimie cérébrale change et retourne plus ou moins à un état normal. Cette étude met en parallèle l’effet addictif sur les cerveaux des gens observés avec celui de drogués, et met en relief des similitudes étonnantes.
Quant à l’effet destructeur concernant les relations sociales, les chercheurs Erik Peper et Richard Harvey, ont publié dans le magazine scientifique NeuroRegulation (Digital Addiction : Increased Loneliness, Anxiety, and Depression), les résultats de leur étude qui souligne à nouveau les dangers d'un usage excessif. Ces objets nous isoleraient du monde extérieur, disent-ils, et favoriseraient le stress, ainsi que le risque de dépression.
Les chercheurs ont ainsi découvert que les plus accros à leur téléphone étaient aussi les plus anxieux. Ils souffraient même de panique lorsqu’ils étaient éloignés de leur appareil plus d’une journée.
Un terme définissant la pathologie a même été inventé par des chercheurs de la société d’étude de marché YouGov, la « nomophobie ». Le comité du dictionnaire en ligne de Cambridge a élu le mot “nomophobie” comme le mot de l’année 2018. Le nomophobe souffre d’une phobie, c’est à dire d’une peur excessive, lorsqu’il est séparé de son téléphone portable ou bien lorsqu’il ne peut pas l’utiliser.
Selon l’étude de la société YouGov, 53% des détenteurs d’un smartphone présentent de l’anxiété quand ils perdent leur objet connecté ou quand celui-ci a un niveau de batterie faible ou capte une couverture réseau trop faible.
On estime qu'une personne en France qui travaille passe en moyenne 2h16 de sa journée sur son téléphone, statistique croissante de jour en jour avec l’apparition de nouvelles applications et réseaux sociaux.
Alexis Hiniker, chercheuse à l’université de Washington, étudie les mécanismes d’addictions aux smartphones depuis des années et lutte contre ce “fléau” comme elle le surnomme, appelant à une déconstruction des automatismes nocifs. « Les tablettes et autres écrans font aujourd'hui partie intégrante de nos vies - au point que selon certains, ils provoqueraient la fin des relations sexuelles au sein des couples d'ici 2030 », explique-t-elle.
Une énième étude (Short-Term Longitudinal Relationships Between Smartphone Use/Dependency and Psychological Well-Being Among Late Adolescents) menée par l’université d’Arizona (Etats-Unis) paraissait dans le Journal of Adolescent Health ciblée sur la dépendance aux smartphones. Celle-ci prédit directement les “symptômes dépressifs ultérieurs".
Que reste-t-il de la cellule familiale lorsque, attablés au restaurant, le père, la mère et les enfants sont rivés sur leur téléphone durant tout le repas ? Sont-ce les furtifs « passe-moi le sel » qui fortifieront les liens de cette famille ?
Ne ressentons-nous pas le besoin compulsif de consulter nos messages (4 fois toutes les dix minutes selon une étude) pour voir si personne ne nous a contacté ? Sommes-nous maître de la matière ou son esclave ?
Et la Torah dans tout ça, posée dans un coin entre Facebook et Instagram…
Nos Sages voient loin et nous protègent !
Les résultats de ces études et le triste constat de la réalité ne concordent-ils pas avec les prédictions de nos Rabbanim ? Les Sages ne se sont pas appelés ainsi pour rien. Ils anticipent les dangers avant qu’ils ne surviennent, grâce à leur esprit saint et façonné par la Torah. Leur rôle est de nous prévenir et de nous protéger. Ecouter les Sages, c’est voir loin et c’est la garantie de mener une vie saine. Ils sont au fait des dangers et apportent aussi les solutions aux problèmes. Tendons l’oreille à ceux qui nous veulent du bien…