Une question ontologique se pose à tous les croyants : à quel point avons-nous besoin de D.ieu, ou plus exactement : à quel point sommes-nous dépendant de Lui ?
Le Saint, béni soit-Il, a-t-Il conçu une création qui, une fois achevée, vit d’elle-même dans l’indépendance la plus totale, ou sommes-nous toujours intrinsèquement liés à Lui ?
Le fait de savoir quel est précisément le modèle de notre existence peut s’avérer fondamental au sujet du regard que nous portons sur la vie et aussi sur nous-même…
Se savoir constamment lié à D.ieu n’engage pas les mêmes implications, ni les mêmes sensations, que de se concevoir comme une entité indépendante. Le comportement change – lèse-majesté oblige –, le sentiment de sécurité aussi, nous ne sommes jamais seuls. Bien que, sans cette vision particulière, nous savions déjà que D.ieu veille sur nous continuellement, d’un point de vue psychologique, le fait de savoir que nous sommes à l’instant présent rattachés à Lui, offre une sensation de sérénité inégalable. De plus, nous en viendrons à respecter tout un chacun différemment, car D.ieu accompagne également nos semblables continuellement…
Mais, au-delà de tous les avantages que nous pourrions en retirer, il nous incombe de connaître la vérité, pour la vérité elle-même !
Quel est le véritable dessein de notre existence ?
Les écrits kabbalistiques comme le Tomer Dvora, le Néfech Ha’haïm et d’autres encore nous enseignent que D.ieu a non seulement créé l’Univers à un moment donné, mais aussi, qu’Il le maintient continuellement, sans quoi ce dernier redeviendrait aussitôt néant. C’est précisément ce que nous disons tous les matins dans la prière rédigée par les Sages de la Grande Assemblée « Celui qui renouvelle de Sa bonté chaque jour, continuellement, la Création » (Prière de Yotser)
Mais il n’y a pas que l’Univers dans sa globalité qui soit assidûment maintenu par la bonté du Créateur. L’Homme est également maintenu en vie par cette bonté inlassable, comme s’il était relié à un câble qu’on ne pourrait pas débrancher de sa source.
Rabbi Moché Cordovero, le kabbaliste, écrit dans son Tomer Dvora (chapitre 1) : « Il n’y a pas un seul instant où l’Homme n’est pas maintenu en vie par l’énergie vitale avec laquelle le Tout-Puissant le maintient. » Il ajoute même quelque chose de frappant lorsqu’il continue dans le même ordre d’idées en disant : « Il se trouve donc que personne au monde n’a jamais fauté sans que Lui-même, béni soit-Il, lui ai donné la possibilité de le faire en l’alimentant de cette énergie vitale nécessaire au mouvement de ses membres ; et bien que l’homme faute par le biais de cette énergie-là, D.ieu ne l’en prive pas... »
Et s’il nous vient à l’esprit que D.ieu n’a pas la possibilité de retirer cette énergie fondamentale de l’homme pour stopper son action à tout moment, l’histoire nous démontre le contraire.
Lorsque le prophète Ido mit en garde le roi Jéroboam alors qu’il était en train d’offrir un sacrifice sur un autel destinée à l’idolâtrie, ce dernier voulut attenter à la vie du messager ; il ordonna à ses hommes d’un geste de la main de s’emparer du faiseur de trouble, mais sa main resta immobile, sans vie. D.ieu avait retiré la vitalité de son membre.
Ensuite, il supplia le prophète afin qu’il intercède auprès de D.ieu dans le but de lui rendre l’usage de sa main. Le verset dit alors : « Sur quoi, s'adressant à l'homme de D.ieu, le roi dit : "De grâce, veuille implorer l'Eternel, ton D.ieu, et le prier pour moi, que je puisse ramener ma main." L'homme de D.ieu implora l'Eternel, le roi put ramener sa main et en recouvra l'usage ». (Livre des Rois I 13, 1-6)
En somme, la Torah nous révèle que nous sommes intrinsèquement dépendants de cette énergie vitale que D.ieu nous octroie pour vivre. C’est le propre même de l’expression de Sa providence selon les textes.
Comment, après un tel constat, pouvons-nous nous éloigner parfois des voies de D.ieu, ou pire encore, fauter ?
La réponse est simple : nous ne le ressentons pas !
Et tant que nous ne le ressentons pas, cela reste loin de nous, loin de notre vécu. Sur le papier, c’est très beau, très idyllique, mais concrètement, cela reste théorique, voir même improbable pour certains, à D.ieu ne plaise.
La raison pour laquelle D.ieu nous dissimula cette réalité fondamentale fut de permettre l’existence de notre libre arbitre, sans quoi nous serions des robots dénués du moindre choix personnel. Mais comme le dit le Zohar, D.ieu façonna notre monde pour qu’il soit la représentation allégorique du monde de la vérité par lequel nous pourrions avoir un semblant de compréhension des mécanismes cachés de la Providence divine.
Ce que le monde nous apprend sur l’énergie vitale influée par D.ieu
En observant la matière dans son aspect le plus fondamental, nous pouvons nous faire une petite idée - quoique très différente - de l’énergie vitale dont nous somme dépendants. Ainsi, nous verrons que notre réalité est conditionnée par une sorte d’énergie fondamentale que nous ne voyons absolument pas, sans pour autant remettre en cause son existence. Par-là, nous serons à même de nous inspirer de notre réalité pour comprendre un peu plus le schéma de la Providence divine.
En 1964, un physicien britannique nommé Peter Higgs découvrit que toute notre réalité physique était plongée dans une sorte de « champ » invisible. Les maisons, les tables, les arbres, les animaux, en bref tous les éléments de notre existence, y compris nous-mêmes, serions plongés dans ce champ invisible qui permettrait à la matière son existence. Ce champ serait littéralement partout, entre les feuilles des arbres, sous les peluches de notre coussin, depuis les atomes qui composent notre table à manger, jusqu’aux cœurs des étoiles les plus éloignées de l’Univers. Ce champ universel comprendrait absolument tous les éléments de l’existence.
Trois physiciens, François Englert, Robert Brout et Peter Higgs découvrirent - indépendamment les uns des autres - l’existence d’une particule qui serait l’auteur de ce champ invisible, qu’on nomme désormais le « boson de Higgs ». Sans cette particule, c’est tout le modèle standard des particules nécessaire à l’existence qui ne pourrait exister, tel que les protons, neutrons, électrons eux mêmes constitués de parties élémentaires comme les Quarks (les up et les down) etc.
D’après les physiciens, ce mystérieux boson serait apparu un dix milliardième de seconde (10-10S) après le Big Bang et aurait engendré ce champ invisible par lequel les Quarks primordiaux pourraient interagir entre eux en leur donnant leur masse et ainsi une vitesse de mouvement adaptée.
Les particules de Higgs sont, pour emprunter une analogie commode, comme les minuscules molécules d’eau mises les unes à côté des autres, qui finissent par former un immense océan, les particules de Higgs quant à elles forment un champ invisible couvrant absolument toute l’existence.
Toute notre vie dépend de cet « océan de Higgs » comme certains l’appellent, et pourtant nous ne le ressentons pas ni ne le voyons. De même, l’énergie vitale que D.ieu nous prodigue qui est encore plus nécessaire à notre vie - plus élémentaire -, existe bel et bien, bien que nous ne la voyions pas.
Une fois les axiomes de la Providence divine bien intégrés, nous serons à même de vivre une vie beaucoup plus heureuse, car nous nous sentirions alors assistés et portés dans chacun de nos pas par le Maître du monde.