Nous sommes dans ce monde pour agir. C’est par le biais de nos actes que nous nous réalisons. C’est grâce à nos actions que nous grandissons. Cela dit, certains actes font la différence. Ils nous hissent à des sommets spirituels et matériels uniques. La Torah nous raconte comment Avraham Avinou a reçu les anges. Il les a invités sous sa tente et leur a offert des mets de choix. La Torah s’allonge dans la description de cette réception et on est en droit de se demander pourquoi ?
En effet, Abraham s’est distingué de ses semblables par sa générosité. Il était un véritable pilier d’altruisme. Les trois anges n’étaient pas ses premiers invités. Nos Sages nous enseignent que la tente d’Abraham était ouverte aux quatre vents afin d’en faciliter l’accès aux invités de toutes parts. Il leur préparait un bon repas et lorsque ces derniers voulaient le remercier, il les amenait à remercier D.ieu. Il disait : « Ce n’est pas moi qu’il faut remercier, mais le Créateur qui nous donne tous ces délices ». Cependant, la Torah ne nous raconte pas les nombreuses réceptions d’Abraham. Elle y fait juste une allusion en disant qu’il planta un arbre (Échel en hébreu) qui forme les initiales de Akhila (nourriture), Chtia (boisson) et Levaya (accompagnement). Bizarrement, la Torah ne raconte que l’épisode d’Abraham et des trois anges.
En fait, il n’y a rien d’étrange à cela. Abraham a reçu les anges le troisième jour de sa circoncision. Il était souffrant et il faisait une chaleur intense. Il a malgré tout fait preuve d’abnégation pour recevoir les anges. La Torah a retenu cet acte, car c’était un acte de dépassement de soi. Un tel acte laisse son empreinte dans le temps. Il est intemporel. Tout acte accompli avec abnégation a un pouvoir immense. Il a le pouvoir d’accomplir des prodiges.
La Torah nous raconte dans la section de Chémot comment Moïse fut sauvé des eaux par Batya, la fille de pharaon. Nos Sages nous enseignent qu’un miracle se produisit lors de ce sauvetage : le bras de la princesse égyptienne s’allongea. Batya mérita un tel prodige, car elle fit preuve d’abnégation à ce moment. Elle brava le décret de son père et les mises en garde de ses servantes pour sauver un enfant hébreu. Cette « Méssirout Néfech » (dépassement de soi) fut inscrite à tout jamais dans la Torah. Plus encore, Moïse doit son nom à cet acte comme il est écrit (Ex. 2, 10) : « Elle lui donna le nom de Moïse, disant : "Parce que je l’ai retiré des eaux." » Un acte d’abnégation, aussi petit soit-il, a le pouvoir d’engendrer des miracles. Il nous hisse à des sommets inégalés. Il fait la différence.
On raconte qu’un couple de Jérusalem n’arrivait pas à enfanter. Selon les médecins, leur situation était désespérée. Elle était telle que ces derniers leur ont suggéré de penser à l’adoption. Le couple ne céda pas et décida de se rendre auprès de Rav Chlomo Zalman Auerbach afin qu’il les bénisse. Une fois chez le rav, le couple lui exposa son désarroi. Le Rav dit alors : « D.ieu ne vous doit absolument rien ! » Sous le choc, le couple s’apprêta à quitter la demeure du Rav. Ce dernier ajouta : « Si vous accomplissez un acte dont vous n’avez pas l’obligation, D.ieu exaucera peut-être votre prière. » L’épouse décida de visiter les malades des hôpitaux afin de les réconforter. Quelque temps plus tard, le couple eut un enfant. Le Rav leur avait livré un secret très précieux : un acte d’abnégation provoque la miséricorde divine.
Nous agissons tous les jours, un peu ou beaucoup. Nous pouvons faire la différence par des actes d’abnégation. Qu’il s’agisse d’un bonjour ou d’un sourire lorsque l’on n’est pas d’humeur. Nous pouvons nous dépasser et mériter la miséricorde divine pour nous et tous nos proches.