Au tournant du 20ème siècle aux Etats-Unis, le nouvel immigrant Chloimi Fleischer cherchait un travail. Il apprit que la synagogue située sur la Third street cherchait à engager un Chamach (bedeau) et il décida de présenter sa candidature.
Pour l’entretien, Chloimi fut accueilli par le Gabbaï qui lui demanda d’inscrire son nom et son adresse sur une feuille de papier.
« Je suis désolé », déclara Chloimi, gêné, « mais je ne sais ni lire ni écrire. »
« M. Fleischer », répondit le Gabbaï avec condescendance, « la synagogue de la Third street est une très prestigieuse communauté. Je crains qu’il ne siée pas d’employer un homme… illettré. » Chlomo repartit découragé.
Privé de choix, il choisit de travailler comme camelot et vendit des aiguilles, du fil et d’autres menus articles. Les clients l’aimaient bien et il était fier de sa marchandise, et bientôt il put ouvrir un petit commerce. Ce magasin fut lui aussi bientôt remplacé par une quincaillerie et enfin, par un grand magasin. Au bout de dix ans, Chlomo possédait une chaîne de grands magasins sur l’ensemble des trois Etats.
Cherchant à étendre ses opérations dans le New England, Chloimi se rendit à sa banque pour solliciter un prêt.
« Bien entendu M. Fleischer », lui répondit l’employé de banque, ravi. « Votre réputation vous précède. Il vous suffit juste de signer ici. » Chloimi s’y conforma en inscrivant un x sur la demande de prêt.
« Un x ? », demanda le banquier, surpris. « Vous êtes un homme d’affaires aisé et brillant, M. Fleischer ! Pouvez-vous imaginer ce que vous seriez devenu si vous saviez lire et écrire ? »
« Je sais exactement ce que je seras devenu ! », rétorqua Chloimi. « Chamach pour la synagogue de la Third street ! »
Cette blague contient une importante leçon d’Emouna (foi en D.ieu). Notre immigrant fictif voulait obtenir le boulot de Chamach et fut déçu de ne pas l’obtenir. D.ieu aurait certainement pu faire en sorte que le Gabbaï l’embauche, mais D.ieu savait que ce n’était pas la destinée de Chloimi Fleischer. Cette carrière était destinée à quelqu’un d’autre.
On trouve dans la même veine le célèbre récit de Rabbi Akiva. Le Talmud dans Brakhot 60b relate comment ce Sage voyagea un jour avec un coq, un âne et une lampe. Il se vit refuser l’hospitalité au village, et se rendit dans les bois pour passer la nuit, où des animaux sauvages tuèrent son coq et son âne, et le vent éteignit sa lampe. Mais Rabbi Akiva, loin de s’énerver, se contenta de déclarer : « Tout ce que D.ieu fait est pour le bien. » Le lendemain matin, Rabbi Akiva apprit que des bandits avaient rasé le village pendant la nuit. Si on lui avait accordé l’hospitalité, ou si ses biens avaient révélé sa localisation, il aurait été tué. Rabbi Akiva n’avait aucune idée pourquoi cette façon de procéder avait été pour son bénéfice, mais il n’avait aucun doute que c’était pour son bien.
Il y a deux, trois ans, j’étais devenu un rat de gym, incorporant mes expériences et mes marathons dans mes articles. L’été dernier, j’ai écrit une longue série de cours sur mes conclusions suite à mon opération au dos. Un an plus tard, j’ai encore une sensation désagréable d’un côté et dès que je dois parcourir une certaine distance, il me faut une cane. Lorsqu’on m’interroge sur mon rétablissement, je réponds que mon état va peut-être s’améliorer ou non, et dans tous les cas, j’appelle cela une victoire. Cela surprend certains, qui s’attendent à une réaction amère ou insatisfaite plutôt que positive. Que puis-je dire ? Est-ce que je préférerais porter des poids plutôt que de clopiner ? C’est clair. Mais comme nous l’avons déjà mentionné : On ne peut pas toujours avoir ce qu’on veut ! Nous pouvons accepter notre sort en pensant que c’est bien pour nous ou développer une amertume sur notre situation. De toutes les façons, vous n’avez pas ce que vous voulez, mais dans le dernier cas, cela présente un désavantage supplémentaire : la mauvaise humeur. Ce n’est d’aucune utilité. L’homme réellement riche est celui qui est satisfait de son sort dans la vie (Avot 4:1).
Nous savons que nous n’obtenons pas toujours ce que nous voulons dans la vie ; cette réalité nous est rappelée à maintes reprises. Mais si nous ouvrons les yeux et regardons autour de nous, si nous examinons notre cheminement, et si nous avons confiance en D.ieu qui nous place toujours où nous devons être, nous trouverons peut-être ce que nous cherchions.
Rabbi Jack Abramowitz