הוּא הָיָה אוֹמֵר, יָפָה שָׁעָה אַחַת בִּתְשׁוּבָה וּמַעֲשִׂים טוֹבִים בָּעוֹלָם הַזֶּה, מִכָּל חַיֵּי הַעוֹלָם הַבָּא. וְיָפָה שָׁעָה אַחַת שֶׁל קוֹרַת רוּחַ בָּעוֹלָם הַבָּא, מִכָּל חַיֵּי הָעוֹלָם הַזֶּה.
« Il [Rabbi Yaacov] avait l’habitude de dire : ‘ Mieux vaut un court moment de repentir et de bonnes actions dans ce monde-ci, que toute la vie dans le monde futur. Et mieux vaut un court moment de béatitude dans le monde futur, qu’une vie entière en ce monde-ci ! ’ » (Maxime des Pères, Chapitre 4, Michna 17).
Dans le sillage de sa propre sentence antérieure - où il relègue au rang de simple « antichambre » le merveilleux univers où nous vivons, avec ses couleurs et ses lumières… -, rabbi Yaacov veut ici nous consoler en affirmant que ce « vestibule » a tout de même ses avantages. En effet, il a la propriété sans pareil de permettre le mouvement et l’action, car ce n’est que dans ce monde qu’il est possible d’accomplir la Volonté divine. Et ce n’est qu’ici que l’on peut ressentir la douceur et le réconfort spirituel émanant de l’accomplissement d’une mitsva, ou bien encore la chaude larme du repentir qui emplit notre cœur d’une vague d’amour envers le Créateur !
C’est que les âmes qui se trouvent dans l’« au-delà » sont dans l’impossibilité radicale de faire la moindre bonne action, ce qui leur cause du chagrin d’avoir raté tant d’occasions, tout au long de leur vie terrestre, d’accumuler des mitsvot. Le Gaon de Vilna disait ainsi qu’après avoir enfin accédé au monde futur, on se rappellera avec accablement qu’avec trois petits sous seulement, on pouvait s’acheter la laine de laquelle on faisait les tsitsit - une mitsva équivalente aux 612 autres mitsvot ! C’est d’ailleurs la raison pour laquelle nos Sages interdisent de pénétrer dans un cimetière avec les tsitsit visibles, ce qui semble railler les morts, lesquels ne peuvent plus, quant à eux, accomplir cette mitsva… À tel point que quiconque pénétrerait dans un cimetière sans couvrir ses tsitsit est surnommé « loeg larach » - celui qui raille les impuissants.
Le Yalkout Méam Loëz rapporte par ailleurs au nom du Hadar Hacarmel que rabbi Yaacov s’était abstenu dans la Michna précédente de dire que « le monde futur est un palais », comme il l’a ensuite fait pour notre monde qu’il a qualifié d’« antichambre ». En effet, le monde futur sera pour certains un véritable enfer, dans lequel ils purgeront les peines qu’ils auront méritées selon leur conduite ici-bas. Mais pour d’autres, le monde futur sera considéré effectivement comme un « palais ».
Rabbi Yaacov nous explique justement ici qu’il nous est impossible de réaliser l’intensité du plaisir auquel auront droit les justes, car un « bref instant » dans le monde futur dépassera toutes les satisfactions imaginables en ce bas monde. Il fait donc directement appel à notre foi pour croire et avoir pleine confiance dans les jouissances si élevées du monde futur, ainsi décrites par le Prophète : « Jamais l’œil humain n’a vu, et seul D.ieu le réalisera pour celui qui a foi en Lui ! » (Isaïe, 64, 3)