Une histoire particulièrement émouvante sur l’étincelle juive et la Providence divine s’est produite dernièrement à Bruxelles, lors de la coupe du monde de football.
« Dans la capitale de l’Europe, dans laquelle vivent théoriquement 20 000 Juifs, et où on ne peut trouver de Minyan pour Min’ha ou ‘Arvit, cela fait plus d’un an qu’il y a un Minyan, des cours, des Halakhot, des sourires et des Brakhot chaque jour : Cha’harit, Min’ha et ‘Arvit. Ça ne marche pas toujours, il y a des guerres, des combats, des offenses et des déceptions, mais dans des cas comme celui de la semaine dernière, tout devient bien plus simple », relate Ouziel Savto, ‘Hazan de la communauté Séfarade de Cha’aré Tsion à Bruxelles.
Savto, Israélien, venu en mission toranique à Bruxelles, relate : « Mardi dernier, une demi-heure avant la prière de Min’ha, un certain Moché Wadner sonna à la porte de la synagogue : c’est un homme âgé que je n’avais jamais vu jusqu’à ce soir-là. Il entra et se renseigna s’il y avait un Minyan. Je lui répondis en hébreu en lui expliquant que j’espérais réunir un Minyan et que j’y travaillais toute la journée par des appels téléphoniques et des messages, mais le match de foot Belgique/ France qui avait lieu exactement au moment de la prière ne nous était pas d’une grande aide. Il s’assit et attendit patiemment. »
« Une demi-heure après, nous n’étions que 8 hommes. Et il était assis, il attendait. Mes appels se heurtent à des messageries vocales, et deux hommes se mettent à prier seuls, résignés. Puis, un homme arriva, et encore un. Et nous avons commencé la prière », relate Savto.
« Lorsque nous nous sommes levés, Moché s’est levé. Lorsque nous nous sommes inclinés, il s’est incliné. Lorsque nous avons récité le Kaddich, il s’est associé à nous d’une voix faible et s’est accroché au texte traduit, les mains tremblantes. Après la prière, il demanda à réciter la Hachkava (prière pour les défunts) pour son frère, puis pour sa sœur, resta quelques minutes pour l’étude de Halakhot et de Michnayot et pour un autre Kaddich. Puis, il remercia tout le monde et partit. »
« Lundi soir, vers la fin de la prière, deux hommes aux vêtements déchirés sont entrés. "Papa est décédé, ont-ils annoncé. Sommes-nous venus à temps ?" Je leur ai sorti des Kipot et leur ai donné des Sidourim traduits. Ils se sont levés en même temps que nous, se sont inclinés en même temps que nous. Arrivés au Kaddich, ils se sont mis à réciter le Kaddich lentement, en étouffant leurs larmes. Après la prière, ils se sont assis sur les marches du Arone Hakodech (arche sainte) et nous les avons réconfortés en récitant la formule traditionnelle et en leur souhaitant de n’avoir plus de malheur. Puis, ils ont récité la Hachkava pour Moché ‘Haïm ben Israël Isser Wadner. Décédé mardi dernier, quelques minutes après être rentré de la synagogue et avoir récité le Kaddich, semble-t-il », relate Savto, ému, et ajoute : « Des Halakhot, des Michnayot, la prière ‘Al Israël ». Puis, un jour nouveau. De nouveaux Minyanim qu’il faut obtenir à force de persévérance, mais cette fois-ci, bien plus chargés de sens.