À l’approche de Chavou'ot il convient de réfléchir sur le don de la Torah. De quoi s’agit-il exactement ? Les maîtres du Moussar expliquent que chaque année le jour de Chavou'ot, nous recevons de nouveau la Torah. Cette affirmation est corroborée par le texte de la prière. Chavou'ot est « Zman Matan Toratenou », le « temps du don de notre Torah ». Nous savons que les membres de la Grande Assemblée ont rédigé le texte de la prière. Il se trouvait parmi eux des prophètes. Ces derniers ont choisi des mots qui transcendent le temps. Ils définissent le temps. Le jour de Chavou'ot est donc le don de notre Torah au présent. Car le temps ne passe pas, mais nous naviguons à travers lui. Rav Eliahou Dessler compare cela à un circuit avec plusieurs stations. Chaque station est unique. Elle nous octroie une influence divine particulière. La station Chabbath nous apporte le repos et le renouvellement. La station Yom Kippour nous purifie. La station Souccot nous donne la joie. Et la station Pessa’h nous libère. La Station Chavou'ot nous donne la Torah. Qu’est-ce que cela signifie concrètement ?
Hachem, la Torah et Israël ne forment qu'UN
Rabbi Moché ‘Haïm Luzzatto écrit dans Adi Bémarom : « Le Saint bénit soit-Il, la Torah et Israël sont UN ». Rabbi ‘Haïm de Volozhin écrit à l’identique dans son incontournable Néfech Ha ‘Haïm. À priori, cela signifie qu’Hachem, la Torah et nous constituons une seule et même entité. Comment peut-on affirmer une telle chose ? Hachem est immatériel et infini. La Torah est spirituelle. Nous sommes des êtres vivants de chair et de sang. Comment ces trois entités distinctes forment-elles une seule chose ?
La réponse réside dans l’essence même de l’Homme. Selon la Torah, l’Homme ou Adam est composé d’un corps matériel et d’une âme spirituelle. Notre corps est en effet une machine sensorielle complexe, mais palpable et visible de tous. Notre âme, quant à elle, est une émanation du Divin invisible et totalement spirituelle comme il est écrit : « Hachem façonna l’homme – poussière détachée du sol –, fit pénétrer dans ses narines un souffle de vie, et l’homme devint un être vivant. L’âme est ce « souffle de vie ». À l’instar du souffle ou des rayons du soleil, l’âme puise toute sa vitalité et son identité de sa source : Hachem. C’est là, la signification de notre aphorisme compliqué. Israël forme UN avec Hachem dans la mesure où nos âmes sont Son souffle. Elles puisent leur être de Lui. Qu'en est-il de la Torah ? Nos Sages enseignent dans le Talmud Sanhédrin (99b) : « Celui qui s’affaire dans la Torah, la Torah s’affaire pour lui. » Rachi explique que lorsque l’on étudie la Torah, la Torah intercède en notre faveur auprès d'Hachem. Elle demande, si l’on peut dire, qu'Hachem nous aide. Contrairement à l’idée reçue, la Torah, c’est bien plus que des livres ou des connaissances. La Torah c’est un lien avec Hachem. C’est le seul moyen de vraiment faire UN avec Lui. Car Il y a mis Son être comme nos Sages l’enseignent (Chabbath 105b). Le premier mot du décalogue Anokhi (Je suis) est composé des mots Ana (Moi), Nafchi (mon âme), Katevit (je l’ai écrite), Yahavit, (Je l’ai donné).
Chavou'ot, le don de l’« âme » divine
Le don de la Torah est le moment où Hachem nous a donné Son « âme » afin que nous nous liions à lui. Alors qu’est-ce que la Torah ? C’est le lien ultime avec Hachem. Certains la comparent à une Kétouba, un contrat de mariage. C’est bien plus fort que cela. Chaque année, le jour de Chavou'ot, Hachem nous invite à nous unir à Lui de façon la plus forte qu’il soit.
Puissions-nous tous en être méritants.