Lorsque nous avons appris que ma belle-mère était malade, chacun de nous prit sur lui quelque chose et retourna la terre entière pour que le décret puisse s’annuler.
Chaîne de Téhilim, jeûnes, étude de Torah, heures sans Lachon Hara’… tout y était.
Au bout de quelques semaines, l’impensable se produisit, et ma belle-mère ouvrit les yeux, alors que, trois semaines plus tôt, les médecins ne lui donnaient pas plus de 24 heures…
Durant deux longs mois, nous avons donné notre corps et notre âme pour sa guérison.
Et D.ieu l’a rappelée à Lui. Son travail était fini. Elle avait déjà trop donné d’elle, et D.ieu voulait à présent lui donner de Lui.
La perte d’une personne aussi chère est horriblement dure, difficilement surmontable…
Des milliers de questions passent par la tête.
Pourquoi ?
Et si… ?
J’aurais dû…
Mais non, telle était la décision du Maître de toutes les bénédictions.
Mais à quoi ont donc servi toutes nos bonnes actions et nos prières ?
Sûrement à la garder près de nous pendant deux précieux mois et à la laisser partir avec ces innombrables bonnes actions à son compte. Et pour nous, cela a été un moyen de nous rapprocher encore plus d’Hachem…
Malgré tout, lorsqu’un événement tragique nous touche personnellement, il est de notre devoir de nous remettre en question, car lorsqu’Hachem nous envoie une épreuve, il est clair qu’Il veut ainsi nous faire passer un message. En effet, lorsque nous sommes absorbés dans notre vie de tous les jours, plongés dans les plaisirs éphémères de ce monde, Il essaye de nous réveiller afin que nous fassions Téchouva et que nous nous rapprochions de Lui.
Ainsi, la disparition d’un proche ou d’une connaissance, bien qu’inévitable, une fois ayant atteint un certain âge, doit nous rappeler le but de notre existence sur terre, et c’est ainsi que nous devons vivre ces évènements.
Malheureusement, trop souvent, nous attendons un événement triste, tragique, pour nous réveiller, nous renforcer, et prendre sur nous d’avancer.
Pourquoi ? Pourquoi attendre d’être « au pied du mur » pour décider de changer et de s’améliorer ? Pourquoi ne sommes-nous pas capables de nous secouer seuls ?
Hachem dit à l’homme : « J’ai créé l’oubli pour ton bien [oublier les proches disparus], mais tu l’utilises contre Moi, pour oublier tes devoirs et tes obligations ! »
La nature humaine veut qu’il en soit ainsi, mais notre travail est bel et bien de changer cette nature.
Nous voyons souvent des couples attendre des années avant d’avoir un enfant, et, une fois ce dernier arrivé, faire une immense Sé’oudat Hodaya (repas de remerciement) pour remercier Hachem du miracle qu’Il leur a fait. Mais ne devrions-nous pas aussi faire cette Sé’ouda lorsque nous avons la chance d’avoir un enfant un an seulement après s’être mariés ? N’est-ce pas un miracle tout aussi grand et ne faudrait-il pas redoubler de reconnaissance envers Hachem de nous avoir envoyé un bébé sans même avoir eu besoin de le Lui demander ?
Le Ramban nous rappelle d’ailleurs (fin de la Parachat Bo) qu’il n’existe pas de nature. Il n’y a que des miracles. Les uns fréquents, et les autres, exceptionnels.
Il en est de même dans chaque domaine de la vie ; il serait tellement plus logique d’agir différemment : chaque fois qu’une bonne chose m’arrive, je me renforce dans un domaine et prends conscience de la grandeur d’Hachem.
Et des choses bonnes, n’oublions pas qu’il nous en arrive tous les jours… Se réveiller le matin, respirer, avoir un toit, une famille, de quoi manger, nous vêtir…
Nos Sages nous rappellent notre obligation de remercier Hachem pour chaque respiration. Et pour ne pas sombrer dans l’oubli, il nous a été demandé de réciter 100 bénédictions par jour - répéter à 100 reprises qu’Hachem est là, pense à nous, que nous sommes Ses serviteurs et nous Lui devons toute notre existence.
Toute notre vie est remplie d’innombrables bontés d’Hachem. Chaque jour, chaque moment mériterait que l’on se renforce…
Se renforcer ne veut pas forcément dire dans des choses inimaginables, mais des choses simples et pourtant tellement importantes, comme s’efforcer de ne pas dire du mal de l’autre, ne pas se mettre en colère, ou encore sourire à notre voisin(e), dire un mot gentil à un ami, répondre Amen à une bénédiction. Bref, les exemples ne manquent pas, et la liste pourrait être bien longue.
Lorsqu’Hachem nous envoie des épreuves, cela signifie qu’Il désire notre prière et veut que l’on se rapproche de Lui en réfléchissant et en analysant chaque situation pour savoir ce que l’on peut en tirer.
Alors peut-être que si nous priions et nous renforcions suffisamment, n’aurait-Il pas autant besoin de nous « réveiller »… ?
Essayons de nous réveiller seuls, essayons de nous réveiller pour le bien, et que ce ne soit que le bien qui nous réveille…
Pour l’élévation de l’âme de Patricia Gueitz bat Josette.