רַבִּי שִׁמְעוֹן אוֹמֵר, שְׁלשָׁה כְתָרִים הֵם, כֶּתֶר תּוֹרָה וְכֶתֶר כְּהֻנָּה וְכֶתֶר מַלְכוּת, וְכֶתֶר שֵׁם טוֹב עוֹלֶה עַל גַּבֵּיהֶן
« Rabbi Chimone dit : ‘Il existe trois couronnes : la couronne de la Torah, celle du sacerdoce, et celle de la royauté. Mais la couronne de la bonne renommée surpasse toutes les autres !’ » (Maxime des Pères - Chapitre 4, Michna 13).
Alors qu’il a annoncé au départ l’existence de trois couronnes,
rabbi Chimone en mentionne donc ici quatre… Rabbi Ovadia de Bartinora explique que les trois premières sont en fait déjà mentionnées dans la Torah, alors que la dernière ne l’est pas !
Ainsi est-il dit « Honore la personne du Sage », (Vayikra, 19, 32) - c’est-à-dire celui qui a acquis la Torah ; « Tu le sanctifieras (…) il sera saint pour toi », (Vayikra, 21, 8) - à savoir : tu feras passer le Cohen en priorité pour toute chose ; et enfin « Tu pourras t’imposer un roi (…)» (Dévarim, 17, 15) c’est-à-dire : que sa crainte repose sur toi.
Toutefois, ajoute rabbi Ovadia de Bartinora, être Sage et érudit en Torah n’est pas suffisant pour se faire respecter, car il faut aussi que les actes d’un sage soient à la hauteur de son érudition, sinon il ne saurait mériter strictement aucun égard (voir à ce propos le Traité talmudique Méguila, page 25/b).
Quant au Cohen, serait-il même Grand prêtre, il ne mérite pas d’égards si sa conduite n’est pas exemplaire. Ainsi, à la sortie d’un jeûne de Yom Kippour, le peuple abandonna-t-il un jour le Grand prêtre à mi-chemin en faveur de Chemaya et Avtalione, deux frères convertis au judaïsme, et leur fit une haie d’honneur pour les accompagner en cortège jusqu’à leur domicile (Traité talmudique Yoma, page71/b).
Enfin, le roi ne mérite lui aussi d’égards que lorsqu’il se conduit en tous points conformément à ce que la Torah attend de lui (Traité talmudique Sanhédrin, page 66/a).
De tout cela, on peut donc conclure ce que rabbi Chimone énonce à la fin de la Michna précitée, à savoir que la quatrième couronne - celle du bon renom - est en fait celle qui surpasse les trois autres puisqu’elle est la condition sine qua non des privilèges et des égards octroyés par les trois premières…
Dans son commentaire, rabbi Moché Alche’h ajoute que les trois couronnes sont mentionnées dans la Torah sous l’appellation « zer » : ainsi, l’Arche sainte - qui symbolise la Torah - était-elle entourée d’un zer, tout comme la Table sainte - symbolisant la royauté - qui était elle aussi entourée d’un zer, et l’Autel d’or - qui symbolisait le sacerdoce - était également paré d’un zer. Or le Alche’h Hakadoch remarque encore que le mot « zer » se lit aussi en hébreu « zar » : autrement dit, celui qui le mérite bel et bien peut porter un zer (une couronne), mais celui qui se pare d’un ornement qu’il ne mérite pas se transforme en « zar » - une personne « étrange ».
Le Alche’h Hakadoch conclut son commentaire avec une remarque très intéressante : il relève que rabbi Chimone utilise les mots « olé al gabééne » pour dire que la bonne renommée surpasse les trois autres qualités. Or, la traduction littérale de ces mots est : « (elle) les surmonte ».
Autrement dit, la bonne renommée n’est pas suffisante en elle-même : reposant nécessairement sur les trois autres couronnes, elle leur sert de complément pour forme.