Chaque être humain cherche naturellement à se fondre dans la masse et à agir comme tout le monde. En effet, nous n’aimons pas être perçus comme différents des autres et nous suivons instinctivement la collectivité dans ses codes sociaux. Les créateurs de mode ont d’ailleurs bien compris cet aspect de l’homme, et via des stratégies publicitaires répétées et ciblées, ils parviennent à définir ce à quoi nous devons ressembler. Une fois qu’une partie de la société adopte le nouveau style, il est presque impossible de se démarquer du modèle proposé.
Mais le Juif, à ce niveau-là, peut rencontrer un problème de taille, lorsque la Halakha s’oppose aux conventions sociales. On sait combien il est difficile de ne pas participer à un dîner d'affaires quand il n’est pas Cachère, de demander un congé pour les fêtes, de ne pas se raser durant le ‘Omer, ou encore de s’habiller Tsni’out surtout lorsqu’il fait chaud. On recherchera des allègements dans la pratique afin de se sentir plus à l’aise, car comme on l’a rapporté, on n’aime pas subir le regard de l’autre qui ne nous comprend pas et qui nous juge.
Ce dilemme, nos ancêtres l’ont vécu en Égypte. Ce pays représentait à l’époque la civilisation la plus développée en culture et en technologie. On y désapprouvait cet acte “barbare” de circoncire les nourrissons, et les animaux étaient l’objet de cultes idolâtres. Les Hébreux, à l’exception de la tribu de Lévi, avaient cessé de pratiquer la Brit-Mila, et s’adonnaient à des pratiques païennes. Ils pensaient ainsi se faire bien voir en participant au mode de vie “éclairé” des Égyptiens, et se sont ainsi éloignés de leur patrimoine.
Au moment tant attendu de la libération et de la sortie d’Égypte, les Bné Israël avaient besoin de prouver qu’ils en étaient dignes. Les deux Mitsvot qui leur feront acquérir ce mérite seront le sacrifice de l’agneau pascal et la circoncision (nécessaire pour l’accomplissement du sacrifice). Déjà quatre jours avant même de tuer l’animal consacré, les Juifs l’avaient attaché par ordre divin au pied de leur lit. Lorsque les Égyptiens leur en demandaient la raison, ils devaient s’armer de courage pour leur répondre que cet agneau serait sacrifié.
Le prophète Yé’hezkel exprimera cet événement en répétant par deux fois cette phrase : “Vaomar Lakh Bédamayikh ‘Hayi”, “Et Je te dis que c’est par ces sangs (versés) que tu vivras” (16 ,6) ; ce sont le sang de la Mila et celui du sacrifice qui accorderont aux Hébreux le droit de vivre librement. En effet, il fallait une certaine audace pour oser faire fi des règles “mondaines” qui régnaient dans ce pays ; il fallait aussi posséder une conviction bien ancrée dans le cœur pour surmonter psychologiquement le jugement de leurs anciens maîtres sur leur comportement. (Entre parenthèses, ces mêmes Égyptiens qui considéraient comme primitif l’acte de couper le prépuce des nouveau-nés et faisaient de leurs animaux des dieux, ne voyaient aucun problème à jeter dans le Nil les bébés mâles juifs, ni à ce que Pharaon prenne son bain dans le sang de nourrissons pour guérir ses plaies !)
Le Klal Israël sortira de cette expérience avec un acquis qui sera mentionné dans le premier paragraphe du Choul’han ‘Aroukh (code de la loi juive) : “Nous ne devons pas prêter attention à ceux qui se moquent de notre conduite lorsqu’il s’agit de service divin.” Cela n’est pas évident, car comme on l’a relevé, nous n’aimons pas dans notre nature passer pour différents, à plus forte raison lorsque nous sommes sujets de moqueries. Mais nos ancêtres nous ont ouvert la voie, en démontrant que la soumission à la Torah passe avant toute autre considération.
À nous de la mettre en pratique !