Je me suis levé un matin prendre un vol pour Pasadena en Californie.
Dans l’agence immobilière où je travaille, je passe beaucoup de temps à préparer les visites de biens pour des investisseurs ; à la fin de mon discours, une personne vient m’aborder : « Je suis un ancien soldat, et j’ai servi dans de nombreux combats. Et puis j’ai été blessé, suite à quoi j’ai été muté à l’Académie militaire où j’enseigne aux soldats à faire partie des meilleurs. C’est mon travail. Je leur apprends à toujours chercher le ‘moment du héros’. Qu’est-ce que le ‘moment du héros’ ? L’un des plus grands personnages ayant jamais existé est évoqué dans le Talmud : Rabbi Akiva. »
Alors si je devais deviner, je dirais qu’apparemment, c’est parce que c’était l’aîné d’un père qui était le plus grand Rav de tous les temps, mais ce n’est pas le cas.
Rabbi Akiva était berger et jusqu’à l’âge de 40 ans, il ne connaissait même pas l’Aleph-Beth. Il commence son apprentissage à 40 ans, et il devient alors non pas juste un Rav ordinaire, mais le dirigeant spirituel de toute sa génération ! Et pas seulement dans la Torah : il est devenu un géant dans le domaine militaire. Il avait 24 000 élèves, c’est plus que les Yéchivot de Lakewood et de Mir réunies ! Alors il a des capacités en Torah et aussi dans l’armée, et il est clair qu’Hachem était à ses côtés.
Pourtant lors du ‘Omer, tout commence à s’effondrer et ses élèves meurent les uns après les autres, et les choses empirent jusqu’aux ténèbres complets.
Qu’aurait fait un homme sensé suite à des choses pareilles ? Il aurait fait ses valises et serait rentré chez lui panser ses plaies jusqu’à la fin de ses jours. Il aurait dit : « Bon, on dirait bien qu’Hachem n’était pas avec moi. »
Savez-vous ce que Rabbi Akiva a fait ?
Il se lève, époussette ses vêtements couverts de poussière, se rend dans le sud du pays et dit : « Je vais tout recommencer, après tout je n’ai que 100 ans... », alors qu’il n’a plus que 5 élèves sur les 24 000, imaginez un peu...
Malgré tout, devinez quoi : le Talmud que vous étudiez et la Cabbale qui fait tourner ce monde, tout a été institué par ces 5 élèves-là, et nous tous nous tenons ici présents grâce à ces 5 élèves.
La question est : comment ?
Donc, alors que je suis à Pasadena en Californie, mon nouvel ami Jim, ce soldat, me dit : « Il y a 3 niveaux de soldats. Ceux qui sont bons, et ensuite il y a les meilleurs. Ces derniers parcourent le mile en plus, et lors de l’entrainement, une chose arrive alors que tout tourne mal et que tout le monde se replie : il y a toujours un soldat qui n’abandonne pas. Il y en a toujours un, alors que tous les gens sensés disent « Stop ! », qui dit : « Je n’abandonnerai jamais ! » Ça, c’est le ‘moment du héros’ !
Tu peux être le plus grand personnage du monde, tu n’es évalué que dans tes moments difficiles, et dans ces moments-là, c’est là que tu décides et que tu vois si tu es juste grand, ou si tu es un héros !
Vous savez ce qui est magnifique dans le Judaïsme ? Nous sommes un peuple qui s’est construit sur les seules forces de quelques héros à chaque génération.
C’est quand le peuple se tient face à la mer et dit : « Comment je vais entrer dans la mer ? Qu’est-ce que je fais là ? » et qu’un Juif, Na’hchone, décide : « Je n’abandonnerai jamais ! » ; c’est ce Juif qui, alors que le peuple se trouve à l’autre bout de Canaan et dit : « Nous ne pourrons pas entrer, ni nous battre, nous sommes des Juifs ! On peut les noyer, mais jamais on ne pourra les combattre ! », c’est ce Juif, Calev, qui dit : « Montons, montons-y et prenons-en possession, car certes nous en serons vainqueurs ! » ; ce Juif, David, qui dit : « Ah bon, Goliath maudit Hachem ?! »
Dans chaque génération, il y a quelques Juifs qui, lorsque la tempête fait rage, n’abandonnent pas ! Et c’est dans ces courts instants où ils n’abandonnent pas, qu’ils obtiennent tous les bienfaits.
Il y a des parents qui n’abandonnent jamais pour leurs enfants, même lorsque les professeurs disent qu'ils ne valent rien, et qui disent : « On ne laissera jamais tomber, c’est notre fils ! » Ce sont ces instants qui feront de l’enfant ce qu’il sera.
Je ne lâche rien pour mon couple, je ne lâche rien pour mon Judaïsme, peu importe si c’est dur, je fais ce qu’on attend de moi, car c’est seulement quand c’est dur que je deviens un héros.