Comme un astre dont un versant serait dans l’ombre et l’autre lumineux, le mois de Av débute par de sombres perspectives, puis montre sa face radieuse et annihile les ténèbres. La Tradition nous rapporte que Tou Béav (le 15 Av) est porteur d’un bon Mazal et que de nombreux événements heureux ont eu lieu ce jour-là dans notre histoire (Talmud, traité Ta’anit 30b).
C’est pourquoi les jeunes filles d’Israël qui n’avaient pas encore trouvé leur fiancé sortaient en tunique blanche dans les vignobles à proximité de Jérusalem pour danser ensemble et chanter, en vantant les vraies valeurs à attendre chez un conjoint. Les jeunes gens qui eux aussi cherchaient à se marier, se rendaient à proximité de ce lieu, et pouvaient rencontrer leur âme sœur à cette date si propice.
Le tableau est merveilleux, rehaussé par la pureté d’une jeunesse qui voyait dans cette cérémonie l’occasion de créer un « Baït Nééman », une maison fidèle à la tradition.
Comme beaucoup d’autres dates importantes que l'on a vidé de leur substance pour ne garder que l’écorce, le 15 Av est appelé dans le milieu laïque israélien « le jour de l’amour ». Il est devenu une parodie de la St Valentin, et c’est sur des airs de musique assourdissante et de rencontres sans lendemain si loin de nos sources juives qu'il est fêté.
Le mariage juif, sachons-le, est la base de la pérennité du Klal Israël. Plus que la synagogue, le Beth Hamidrach ou même la communauté, c’est la maison juive qui a protégé et sauvé notre peuple. Le noyau familial a été durant des siècles le garant de notre survie, quand dehors soufflaient les ouragans, menaçant notre existence spirituelle et matérielle.
Si en approfondissant les paroles de nos Sages, on trouve une ressemblance frappante entre l’union des époux et la reconstruction du Temple, cela n’est pas fortuit. Le verre brisé sous la ‘Houppa, la cendre sur le front du ‘Hatan et les bénédictions prononcées lors des Chéva’ Brakhot (des 7 jours de festin) font allusion à la reconstruction du Temple, ce qui indique bien que le couple, en s’unissant et en souhaitant vivre conformément aux lois de notre Torah, apporte sa pierre à la reconstruction du Temple.
Le Judaïsme ne fait pas de l’affliction un but en soi. La reconstruction est déjà dans les cendres des ruines, comme la graine qui pourrit en terre et de laquelle va sortir la pousse verte. Le jour même du 9 Av est étonnamment appelé "Mo’èd" (jour de fête) car il porte en lui la vitalité de la reconstruction et va se transformer en fête. La Tradition nous rapporte que le Messie naîtra ce jour-là. Quatre jours seulement après ce deuil collectif, nous basculons dans l’allégresse, expression d’un nouveau départ vers l’espoir et la renaissance.
Que l’on ait le mérite de voir pour très bientôt s’accomplir cette prophétie :
“‘Od yichama’ béharé Yéhouda oubé’houtsot Yérouchalayim, kol sasson vékol simh’a kol ‘hatan vékol kalla…”, “De nouveau, on entendra dans les villes de Judée et dans les rues de Jérusalem les sons de joie et d’allégresse, le chant du ‘Hatan et de sa Kalla” (Yirmiyahou 33, 10 et 11).