Nathalie: Bonjour Rav, j’ai l’impression que la Torah n’accorde pas la même importance aux femmes qu’aux hommes, comme si les femmes étaient des êtres de second ordre. Très peu de Mitsvot, le non-accès à l’étude de la Torah et pour « couronner le tout », les hommes remercient tous les matins D.ieu de ne pas les avoir faits « femmes ». C’est rabaissant, vous ne trouvez pas ?
Le Rav : Bonjour Nathalie, si les choses étaient telles que vous les présentez, je trouverais cela sûrement aussi rabaissant que vous, mais cette impression est très loin de la vision de la Torah concernant la femme.
Nathalie : Ne croyez-vous pas que les hommes ont un statut différent de celui des femmes pour la Torah ?
Le Rav : Certes, mais cette différence n’est pas le fruit d’une discrimination par la Torah. Cette différence est tout simplement due à leurs rôles respectifs. Les hommes se voient octroyer davantage de Mitsvot que les femmes du fait qu’ils en ont plus besoin qu’elles…
Nathalie : Que voulez-vous dire ?
Le Rav : Je veux dire que la Torah considère que la femme est par essence plus spirituelle que l’homme, si bien qu’elle n’a pas besoin d’autant de Mitsvot que l’homme pour s’élever. Sa proximité à D.ieu est innée, et elle peut accéder à de hauts niveaux spirituels avec des efforts nettement moindres. L’homme, quant à lui, doit s’efforcer, au travers de l’étude de la Torah et de la pratique des Mitsvot, d’atteindre ces niveaux spirituels auxquels elles accèdent sans les mêmes efforts. (1)
Nathalie : Si c’est comme vous dites, pourquoi l’homme remercie-t-il le Ciel de ne pas l’avoir créé femme ? Il devrait plutôt être désolé de ne pas bénéficier de ce si grand niveau spirituel...
Le Rav : Tout simplement car une fois que l’homme se voit attribuer l’arsenal des 613 Mitsvot nécessaires à son perfectionnement, il remercie alors D.ieu de ne pas l’avoir fait femme, sans quoi il ne bénéficierait pas de Sa Torah. Je vous rappelle que la femme, quant à elle, bénit D.ieu de l’avoir faite « selon Sa volonté » : y a-t-il quelque chose plus grand que d’être fait selon la volonté de D.ieu ?
Nathalie : Si ce que vous dites est vrai, pourquoi la Torah ne cautionne-t-elle pas le témoignage d’une femme ? Aurait-il moins de valeur à ses yeux, serait-il moins fiable ?
Le Rav : Absolument pas. La Torah ne défend pas tous les témoignages féminins. D’ailleurs, la Torah reçoit le témoignage de femmes sur bon nombre de sujets extrêmement délicats, démontrant par cela la fiabilité qu’elle leur accorde. La femme peut témoigner qu’elle a vu mourir le mari de son amie par exemple et ainsi la libérer des liens du mariage - témoignage lourd de conséquences juridiques. La Torah lui fait parfaitement confiance. Concernant les lois de la pureté familiale aussi, l’attestation de la femme est complètement approuvée. Pourtant la peine encourue par un homme qui aurait eu des rapports avec sa femme Nidda compte parmi les plus graves de la Torah. (Karet, retranchement)
Nathalie : Pourquoi ne peut-elle pas témoigner dans un Beth Din alors ?
Le Rav : Par cela, la Torah vise à préserver la délicatesse de la femme. Lorsque vous lisez comment se déroule le procédé d’admission des témoignages pour une affaire capitale, il y a de quoi vous faire froid dans le dos. La Michna décrit le protocole : « On fait pénétrer les témoins dans une pièce puis on les menace… » (2) De nos jours également, le Beth Din se doit d’être impartial avec les témoins pour écarter toute éventualité de faux témoignage. La Torah, par égard pour la sensibilité de la femme, la préserve de ce genre d’ambiance. Un autre exemple où nous voyons que la Torah se soucie du bien-être de la femme est illustré par les lois de la charité : la femme se voit accorder la Tsédaka avant tout homme, (même ceux patientant avant elle). Le Talmud justifie cela par le fait « qu’ il n’est pas convenable pour une femme de mendier devant les tribunaux » (3) ou encore « Abayé dit : "la femme a honte de se présenter devant les tribunaux." » (4)
Nathalie : Pourtant, ce sont bien les Sages du Talmud qui disent que la femme a l’esprit léger ?
Le Rav : Et ceux sont les mêmes qui déclarent qu’elle est dotée d’une capacité d’analyse plus grande que celle des hommes…(5) Il n’y a pourtant pas de contradiction entre ces deux enseignements, les hommes utilisent plus leur Da'at – la capacité à manager, à construire etc., la partie droite de leur cerveau –, tandis que les femmes utilisent plus leur Bina – la capacité d’analyse, de déduction d’une chose en partant d’une autre etc., la partie gauche du cerveau. Il n’y a donc rien de rabaissant à dire que le côté ambitieux de la femme est moins développé que celui de l’homme, tout comme il n’y a rien de rabaissant à dire que le côté analytique de l’homme est moins développé que celui de la femme.
Nathalie : Comment expliquez-vous le fait que lors d’un mariage, c’est l’homme qui acquiert la femme et non l’inverse ?
Le Rav : Par le fait que là aussi, la Torah répartit les rôles suivant la nature des personnes. Le Talmud nous affirme que « c’est l’habitude de l’homme d’aller chercher une femme, tandis que ce n’est pas l’habitude de la femme d’aller chercher l’homme » (6). La littérature, pour ne pas dire la réalité, nous le confirme bien, les hommes font la cour aux dames et non l’inverse… C’est suivant cette même nature profonde que la Torah énonce ses lois suivant les individus.
Nathalie : J’imagine que vous allez me dire que c’est aussi pour cela que c’est l’homme qui a la possibilité de divorcer de sa femme et non l’inverse ?
Le Rav : Pas seulement pour cela. L’homme est par essence protecteur et possessif. Lorsque la Torah le charge de la mise en garde du mariage, cela le fait redoubler de responsabilité, mais il y a des raisons plus profondes encore à cela…
Nathalie : Pourtant, cela met parfois en porte-à-faux les femmes prisonnières de leurs maris !
Le Rav : La Torah là non plus n’a pas lésé la femme. Elle a accordé au Beth Din les pleins pouvoirs de contraindre l’homme à libérer sa femme, si cette dernière le souhaitait. Le Beth Din à le droit de « frapper » le mari récalcitrant s’il le faut jusqu’à ce qu’il délivre le Guèt (l’acte de divorce) (7). De nos jours où les tribunaux rabbiniques ont les pieds et poings liés, ils sanctionnent les maris récalcitrants par toutes sortes de moyens. En Israël par exemple, cela peut aller de l’interdit bancaire à l’emprisonnement… Mais il est vrai que si les pouvoirs étaient rendus aux tribunaux rabbiniques, bon nombre de cas douloureux auraient pu être évités…
Nathalie : J’aimerais revenir avec vous sur le rôle de la femme d’après la Torah. Forte de vos explications, je comprends que la Torah considère la femme à sa juste valeur. Cependant, je ressens que la femme juive a davantage sa place à la maison à éplucher des légumes et à changer des couches que partout ailleurs. Pourquoi ne pourrait-elle pas elle aussi étudier la Torah et grandir spirituellement comme l’homme ?
Le Rav : Le rôle de la femme est défini par son essence dans la Torah. De nature délicate et profonde, elle est supérieure à l’homme sur le plan spirituel. De fait, elle est l’être le plus spirituel de la Création. Ces qualités innées la rendent prompte à influencer l’Humanité toute entière, à commencer par son mari, ses enfants et ainsi hisser le genre humain tout entier à des niveaux qu’elle seule a la capacité de réaliser. Le Midrach rapporte l’histoire d’un couple de Tsadikim (gens pieux) qui n’arrivaient pas à avoir d’enfants. Ils décidèrent de divorcer, chacun des deux se remaria avec un Racha' (impie). La femme rendit son nouveau mari Tsadik (pieux) tandis que son ancien mari se vit transformer en impie par sa nouvelle femme. Le Midrach conclut en déclarant : « Tout vient de la femme » (8). L’influence de la femme a le pouvoir de changer le monde, que ce soit en élevant des Tsadikim comme Moïse ou des monstres comme Hitler (maudit soit son nom). La femme revêt la terre sur laquelle l’humanité fait germer son inspiration, elle façonne les esprits et ses qualités morales façonnent les cœurs. Son rôle dans la société occidentale s’est vu être corrompu au fil des générations. On tente de lui inculquer que sa fonction au sein de la cellule familiale n’est pas plus importante qu’une carrière bien menée, cherchant à la souder aux maillons de cette chaîne de consommation déshumanisée, là où la Torah lui confie l’éducation de l’Humanité toute entière…
Nathalie : La femme n’est donc rien d’autre qu’une mère et une épouse pour la Torah ?
Le Rav : Non, la femme est une source d’influences pour la Torah. La femme juive est même le porte-parole moral et éthique de la Torah, tant dans son foyer qu’à l’extérieur. D’ailleurs, dans le peuple d’Israël, on pouvait compter sept prophétesses parmi les quarante-huit prophètes dont les prophéties figurent dans le canon biblique (9), soit à peu près 13% par rapport aux hommes… Mais il est toutefois vrai que l’expression la plus vive de cette influence se fait dans son foyer, loin du « strass et des paillettes », à l’image du metteur en scène qui gère toute la scène depuis les coulisses. C’est pourquoi D.ieu a doté la femme de ces qualités particulières qu’elle ne doit pas troquer contre une pseudo masculinité inadaptée. Elle doit au contraire être fière d’avoir été créée « selon la Volonté de D.ieu ». Lorsque la Torah parle de la pudeur vis-à-vis de la femme, elle dit : « Tout l'honneur d'une fille du Roi est à l'intérieur. »
Débattons-en...
(1). Maharal dans Drouchim.
(2). Sanhédrin page 29
(3). Guittin page 41
(4). Yébamot page 42
(5). Nidda page 45
(6). Kidouchin page 3
(7). Rambam lois sur le divorce chapitre 2, loi 20 etc.
(8). Midrach Rabba section Béréchit
(9). Méguila page 4