Les notes vocales sont un moyen incroyablement pratique de communiquer une courte pensée, une question rapide ou une brève réponse. Elles ne sont cependant pas destinées à de longs exposés, à des réflexions profondes ou à des monologues continus.Un ami qui m’est cher aime dire que toute note vocale de plus de deux minutes est déjà un podcast. Un autre ami cher à moi le décrit comme un crime haineux. Heureusement, l'année dernière, WhatsApp a proposé une formidable mise à jour de sa plateforme, qui a permis de sauver de nombreuses relations et d’améliorer le Chalom Bayit de nombreuses maisons. Ils nous ont offert la possibilité d'écouter des notes vocales jusqu'à une vitesse double.
Le contrôle de la vitesse existe sur plusieurs plateformes, dont les lecteurs de podcast, YouTube et de nombreuses applications de Torah. Qu'il s'agisse de consommer le contenu le plus précieux et le plus sacré possible, notre sainte Torah, ou Léhavdil (sans comparaison possible), de se gaver de divertissements qui ne devraient pas être dans nos vies, les gens veulent plus en moins de temps, et ont maintenant cette possibilité.
L'histoire centrale de la Parachat Noa’h est la réinitialisation matérielle que D.ieu a effectuée sur le monde, annulant tout ce qu'Il avait créé et redémarrant le monde à nouveau. Hachem a pris une mesure aussi drastique parce que, nous dit la Torah, le monde était devenu rempli de corruption et de dépravation morale. En effet, dit le Sfat Emet, le déluge était "Midda Kénéguèd Midda", mesure pour mesure. Le peuple avait violé toutes les limites de comportement, et Hachem a donc supprimé les limites qui protégeaient la terre de l'eau.
La Guémara (Sanhédrin 108a) fait un commentaire difficilement compréhensible : "La génération du déluge s'est corrompue à cause de la grande bénédiction que D.ieu lui avait accordée." Qu'est-ce que cela signifie ?
Rav Pam dit que la clé pour comprendre cette Guémara et ce qui est arrivé à la génération de Noa’h se trouve dans le nom de notre personnage principal. Le verset à la fin de Béréchit nous dit que Lémèkh a nommé son fils Noa’h en disant : "Celui-ci nous apportera le repos de notre travail et du labeur de nos mains du sol qu'Hachem avait maudit". Rachi explique que, jusque-là, le monde avait continué à souffrir de la malédiction que D.ieu avait donnée à Adam, "Bézé’at Apékha Tokhal Lé’hèm" "Tu devras travailler à la sueur de ton front pour faire sortir du pain de la terre". Jusqu'à la naissance de Noa’h, l'homme travaillait du matin au soir, sans relâche, à mains nues, juste pour avoir de la nourriture à manger, ne laissant aucun temps de loisirs ou de repos.
Lémèkh a vu prophétiquement que Noa’h était destiné à inventer la charrue et d'autres outils agricoles, qui rendraient l'homme beaucoup plus efficace et allègeraient son fardeau. Lémèkh le nomme "Noa’h", de la racine "Noua’h", se reposer, dans le sens de procurer un soulagement.
Rav Pam explique que la charrue et d'autres outils étaient "la grande bénédiction" à laquelle la Guémara fait référence et qui ont été accordées à cette génération, et pourtant, ils se sont corrompus avec elle. Il explique que les inventions et les progrès ont généré plus de temps libre. Ce temps était évidemment une bénédiction et un cadeau. Il aurait pu être utilisé de manière constructive, productive et significative. Au lieu de cela, la génération a découvert le temps de repos et l'a utilisé pour des activités corrompues. La découverte et l'avancement auraient pu apporter une ascension spirituelle, au lieu de cela, ils ont apporté un déclin moral.
Quelqu'un m'a raconté l'histoire de la grand-mère de son ami, une survivante de la Shoah qui s'est rendue aux États-Unis. Avec la persévérance caractéristique de celle qui ne pouvait pas permettre à Hitler de gagner, et malgré sa pauvreté, elle a élevé ses enfants dans la valorisation de la vie, de l'apprentissage et de la nation juive.
À un moment donné, dans les années 1960, après plusieurs années à économiser centime par centime, elle avait finalement économisé suffisamment pour acheter une machine à laver électrique. Le jour où elle a acheté la machine à laver, elle a appelé ses enfants et leur a dit : "Jusqu'à présent, j'ai passé énormément de temps à laver les vêtements à la main. Maintenant que nous avons cette machine, j'ai découvert quelque chose que je n'avais pas eu jusqu'à présent : du temps libre. Maintenant que je n'ai plus besoin de passer toute la journée à la maison, nous allons à la bibliothèque. Si nous avons du temps libre, il doit être utilisé pour apprendre."
Nous avons la chance de vivre dans la plus grande ère de percée technologique de tous les temps. Des tâches simples qui nous faisaient perdre du temps peuvent désormais être accomplies en quelques secondes, ou, grâce à l'automatisation, en un rien de temps. Nous sommes passés de la machine à laver, du lave-vaisselle, de la machine à pain et du micro-ondes, aux merveilles modernes qui font gagner du temps, comme le GPS, les ordinateurs ultra-rapides dans nos poches, les maisons intelligentes, et plus encore.
Utilisons-nous ce temps retrouvé pour poursuivre des activités frivoles et nous livrer à des expériences hédonistes, ou utilisons-nous le temps que nous gagnons grâce à chaque progrès pour des activités significatives, productives et constructives ? Notre confort et notre temps gagnés conduisent-ils à la décadence et au déclin moral, ou au développement et au progrès moral ?
La Michna dans Pirké Avot (3,1) cite Akavia ben Mé’halalel qui enseigne qu'une personne doit toujours garder à l'esprit : "Devant qui il devra donner Din Vé’hechbon, jugement et compte." Quelle est la différence entre "Din" et "'Hechbon" ?
Le Gaon de Vilna explique que le Din fait référence au jugement des erreurs, des indiscrétions et des mauvaises décisions que nous avons prises. Le ‘Hechbon ne concerne pas ce que nous avons fait de mal pendant notre temps, mais ce que nous aurions pu faire de bien à ce moment. Nous devrons rendre compte du Din, des erreurs que nous avons commises, mais nous serons même tenus pour responsables du ‘Hechbon, le calcul de ce que nous aurions pu accomplir si nous avions seulement profité du temps que nous prétendons ne pas avoir.
Vous êtes-vous déjà retrouvé à souhaiter qu'il y ait plus de 24 heures dans une journée ? Le jour du changement d’horaire entre l’été et l’hiver, votre rêve devient réalité. Avec ce changement d'horaire, nous avons droit à une heure supplémentaire.
Un de mes amis en Israël, Akiva Danto, dirige un beau programme d’étude cette nuit-là. Il dit aux gens que nous prétendons vouloir étudier, mais que nous n'avons pas le temps. Eh bien, chaque automne, nous gagnons une heure supplémentaire. Qu’en faisons-nous ?
Restons-nous simplement dehors un peu plus longtemps ou visionnions-nous toutes sortes de choses un peu plus de temps ? L'utilisons-nous pour lire un livre que nous prétendons n'avoir jamais le temps de lire ou pour étudier la Torah comme nous aimerions le faire, mais en prétextant manquer de temps à cet effet ? Gaspillons-nous ce temps ou l'utilisons-nous ? Le laissons-nous s'échapper ou nous en servons-nous pour quelque chose de significatif ?
Nos Sages disent : "Bédérèkh Chéadam Rotsé Lilèkh Molikhine Oto", quand nous montrons quel chemin nous voulons prendre, nous sommes aidés à avancer sur celui-ci. Alors puissions-nous être bénis de trouver de nombreuses "heures supplémentaires" au cours de l'année, pour poursuivre notre engagement envers la Torah et faire progresser notre croissance personnelle.
Rabbi Ephrem Goldberg