En 1939, l’armée allemande envahit la Pologne, ce qui contraint les Juifs de ce pays à s’enfuir en Russie pour sauver leur vie. En compagnie de nombreux autres, le Rav Israël Rabinowitz prépare ses affaires et commence à planifier son voyage. Alors qu’il fait nuit noire, Rav Israël et son groupe s’approchent prudemment de la frontière russe, lorsque soudain, des hurlements et des coups de feu retentissent dans la nuit : ce sont les gardes-frontières qui tentent d’arrêter les réfugiés illégaux.
Rav Israël court désespérément en faisant des zigzags pour éviter les balles qui volent tout autour de lui, mais il finit par trébucher sur une pierre qui le fait tomber. Il est alors immédiatement encerclé par des gardes russes. Sur la base d’accusations inventées, le Rav est condamné à 5 ans de travaux forcés en Sibérie…
Mais en dépit des difficultés, Rav Israël est déterminé à ne pas renoncer à sa pratique de la Torah et des Mitsvot. Il évite la nourriture non-Cachère à tout prix et refuse de travailler le Chabbath, malgré les coups et les punitions qu’il subit en retour. Finalement, voyant que le Rav est intraitable dans son refus de transgresser ses principes religieux, les gardes le laissent tranquille.
Alors que Pessa’h approche, Rav Israël se demande comment il pourra passer la fête sans sa maigre ration quotidienne de pain, sa seule nourriture. Il parvient alors à contacter une femme vivant à côté du camp qui est prête à échanger du pain contre d’autres sortes d’aliments. Le Rav décide donc de ne manger que la moitié de sa ration de pain pendant les quelques semaines à venir jusqu’à Pessa’h, réservant l’autre moitié pour l’échanger contre des pommes de terre. Peu avant Pessa’h, il ferait semblant de tomber malade, obtenant ainsi l’accès à l’hôpital de la prison, où les mesures de sécurité sont faibles. Au milieu de la nuit, il quitterait l’hôpital pour procéder à l’échange.
La première difficulté est d’économiser la moitié de sa ration de pain, car même entière, une ration est à peine suffisante pour survivre. Néanmoins, la pensée de respecter Pessa’h le renforce et lui donne le sentiment que ses efforts en valent la peine.
Peu avant la fête, Rav Israël réussit à se procurer une plante qui provoque des maux d’estomac, ce qui lui permet d’être admis à l’hôpital. Mais là-bas, son manteau est confisqué par l’équipe médicale, prétextant qu’un patient cloué au lit n’en a pas besoin. Or, sortir dans la nuit sibérienne sans manteau n’est pas vraiment recommandé. Mais Rav Israël est déterminé à aller jusqu’au bout de son plan.
Tard dans la nuit, le Rav parvient à trouver un chemin vers l’extérieur, où un vent glacé le fait trembler de manière incontrôlable. Chaque pas est un effort qui lui coupe la respiration. Avançant rapidement pour se réchauffer un peu, il se dirige vers l’endroit où habite la femme et échange tout le pain qu’il a économisé contre des aliments Cachères pour Pessa’h. Après avoir remercié la femme, Rav Israël s’empresse de retourner à l’hôpital afin que personne ne remarque son absence. Il s’endort épuisé et complètement gelé, mais quelques jours plus tard, la satisfaction de pouvoir célébrer la fête conformément à la loi juive surpasse la difficulté de cette sortie nocturne.
Quelques semaines plus tard, l’été approche et Rav Israël commence à penser au jeûne du 9 Av. Doit-il se priver de nourriture dans cet état d’affaiblissement ? Il se dit alors que si D.ieu l’a aidé à faire Pessa’h, Il l’aiderait également pour ce jeûne. Et encore une fois, grâce à son abnégation et malgré la faim qui le tiraille, Rav Israël réussit à jeûner toute la journée. Mais le soir même, son corps étant extrêmement affaibli, il est emmené une nouvelle fois à l’hôpital.
Le lendemain matin, il est réveillé par les cris de joie des autres patients de l’hôpital :
- Nous sommes libres, nous sommes libres !
Surpris, le Rav leur demande :
- Que se passe-t-il ?
L’un des patients lui répond :
- Rav Israël, nous sommes libres ! Staline a conclu un pacte avec le gouvernement polonais en exil, autorisant tous les prisonniers de nationalité polonaise hospitalisés à être libérés. Tous les patients de l’hôpital ont donc le droit de partir !
Rav Israël adresse alors immédiatement une prière de remerciement à Hachem. De toute évidence, sa présence à l’hôpital à ce moment opportun était le résultat de son dévouement incroyable pour avoir observé les lois de Pessa’h et du 9 Av.
Parfois, nous sommes tentés de nous plaindre des efforts nécessaires pour accomplir une Mitsva. Dans ces moments-là, n’oublions pas qu’en faisant du service divin une priorité absolue en toute circonstance, nous aurons le mérite de voir toutes les délivrances.