À l’occasion de la Hiloula du Rav Ya’akov Edelstein ce 27 Chvat (mardi 6 février), Torah-Box vous propose quelques éléments de biographies et histoires édifiantes de sa vie. N’oubliez pas d’allumer une bougie en son honneur !
Le Rav Ya’akov Edelstein, né à en Lettonie en 5684 (1924). Toute sa vie durant, le Rav a poursuivi l’objectif de transmettre la Torah, à tout Juif et Juive, sans différence d’âge ou de niveau.
Rav Edelstein émigra en Israël en 1927 avec son père, sa grand-mère, son frère et sa sœur. Il y passa le reste de sa vie à se consacrer à la Torah et au service de la communauté.
Après plusieurs décennies à Bné Brak où il s’illustra en tant qu’éducateur de la jeunesse, Rav Ya’akov Edelstein fut nommé Rav de Ramat Hacharon, une banlieue huppée de Tel-Aviv. Le mode de vie des habitants de Ramat Hacharon était très différent de celui du Rav, et pourtant, les rapports qu’il entretenait avec ses voisins nous enseignent une véritable leçon de vie.
Son leadership exceptionnel fut marqué par sa capacité, en dépit de son immensité spirituelle, à bâtir des ponts entre les mondes séculier et religieux. Rav Ya'akov Edelstein a continué à guider la communauté de Ramat Hacharon jusqu'à son décès en 2017, laissant derrière lui un héritage d'amour pour la Torah et pour l’ensemble du peuple juif.
Le Hillel Hazaken de la génération
Une des histoires les plus connues du Talmud est celle d’un homme qui avait parié avec son ami qu’il réussirait à mettre Hillel Hazaken en colère. Il tenta de l’énerver en lui posant des questions stupides juste avant Chabbath, au moment où tout le monde est pressé par les préparatifs. Il dérangea Hillel pendant qu’il se baignait, mais ne réussit pas à l’énerver. Il revint à la charge plusieurs fois de suite, le faisant sortir de son bain chaque fois, dans l’espoir de réussir à le mettre hors de lui, mais en vain. Hillel répondit patiemment à chacune de ses questions futiles en lui disant : "C’est une bonne question que tu demandes là, mon fils."
Parfois, il semblait que le Rav Edelstein vivait en permanence dans cette situation, où quelqu’un toquait sans arrêt à sa porte : à la porte de son domicile, à la porte du Beth Hamidrach, à la porte de sa voiture… De nos propres oreilles, nous avons entendu des gens lui poser des questions encore plus insensées que celles qui furent posées à Hillel Hazaken. Il écoutait systématiquement, s’y intéressait, et répondait posément avec le plus grand sérieux.
Réparer un vélo en plein Chabbath ? La réponse du Rav Edelstein
Une nouvelle voisine installée depuis peu près de la rue Naomi où habitait le Rav Edelstein, une femme qui n’avait que très peu de lien avec le monde religieux, demanda un jour : "Mais qui est donc ce charmant vieil homme qui habite ici ? Il me salue toujours tellement gentiment, bien plus qu’aucun autre !"
De même, un des membres de sa famille nous raconta : "C’était un Chabbath matin, il y a de nombreuses années. Le Rav était rentré de la Téfila et on s’apprêtait à manger le repas de midi. La table était joliment dressée, on pouvait ressentir l’atmosphère et la sainteté de Chabbath. Soudain, on toqua à la porte. Le fils des voisins se tenait dans l’entrebâillement et avait une demande urgente : ‘Auriez-vous une pompe ?’ La roue de son vélo s’était en effet dégonflée et il devait absolument la réparer maintenant. Comment réagit le Rav face à cette transgression du Chabbath ? Il expliqua simplement avec beaucoup de gentillesse pourquoi il était interdit aujourd’hui de regonfler une roue. Mais il promit à l’enfant : ‘Reviens demain et on s’occupera de réparer ton vélo ensemble’."
La facture impayée
Il y a quelques années, les employés travaillant à la mairie furent surpris de voir le Rav y entrer en personne, une facture d’impôt à la main, qui n’était même pas à son nom. Il expliqua aux employés : "Je viens de trouver dans la rue cette demande de paiement, qui apparemment a dû tomber de la poche de l’un des habitants. Il risque maintenant de recevoir une amende s’il ne paie pas sa facture. Puis-je vous demander de la lui envoyer à nouveau à son domicile ?"
La bénédiction… d’un très simple Juif !
Un jour, vendredi après-midi, le Rav arriva à Bné Brak pour y passer Chabbath. Le chauffeur de taxi qui était venu le chercher de Ramat Hacharon arriva en short et torse nu. Le Rav ne lui fit aucune réflexion, au contraire. Lorsqu’ils arrivèrent à Bné Brak, dans le quartier de Néot Yossef, le chauffeur aida le Rav à monter ses affaires jusqu’à son appartement, puis ils redescendirent dans la rue, et là, le Rav se tourna vers le chauffeur de taxi et devant les regards interloqués de tous les passants, lui demanda de le bénir avant Chabbath. Ainsi, en plein Bné Brak, se tint un Rav important et âgé, la tête baissée pour recevoir une bénédiction d’un chauffeur de taxi qui avait l’air de sortir de la plage. C’était une vision tellement étrange et décalée, que quelques minutes plus tard, plusieurs voisins entourèrent le chauffeur et lui demandèrent de les bénir eux aussi : "Si le Rav vous a demandé une bénédiction, nous aussi, nous en voulons une !"
Dire merci pendant un demi-siècle
"Un jour, je me trouvais chez lui à une heure tardive avec quelques autres personnes pour une réunion à propos d’un certain sujet", raconte l’un des habitants de Ramat Hacharon. "Soudain, quelqu’un toqua à la porte, le Rav se leva, lui ouvrit et l’accueillit en grande pompe. Il nous expliqua : ‘C’est quelqu’un à qui je suis redevable, j’ai beaucoup de reconnaissance pour lui’. Je lui ai demandé pourquoi et le Rav expliqua : ‘Il a aidé mon fils à s’acclimater et à réussir lorsqu’il est rentré à la Yéchiva.’ Cela sonnait comme si cette personne l’avait aidé il y a à peine un mois, mais en réfléchissant, j’ai réalisé que le fils en question avait actuellement la soixantaine ! Ce qui signifiait que cette histoire s’était passée il y a plus de quarante ans, et malgré tout, le Rav ressentait encore une profonde gratitude envers cet homme !"
Qu’il ne fasse pas trop sombre
"J’ai travaillé chez le Rav en tant qu’aide-ménagère, raconte une habitante de Ramat Hacharon. Il veillait toujours à allumer la lumière pour moi, afin que je ne travaille pas dans l’obscurité. Il y a un moment que je n’oublierai jamais. J’étais présente, lors du dernier jour qu’il passa chez lui. C’était un lundi. Ils ont appelé un médecin et s’assirent dans la cuisine. Le Rav devait être hospitalisé. Il se leva pour aller dans sa chambre. J’étais au bout du couloir quand il passa. C’était en fin d’après-midi. Il ne faisait pas très clair, mais pas très sombre non plus. Soudain, il vint à l’endroit où je me trouvais et appuya sur l’interrupteur. C’était impressionnant. Malgré l’heure angoissante et préoccupante qu’il devait vivre, juste avant d’être hospitalisé, il restait sensible aux besoins d’autrui. Ce fut la dernière fois que je le vis. Il n’est plus revenu chez lui, depuis cette hospitalisation. La dernière chose qu’il fit avant de quitter définitivement sa maison fut de se soucier d’un petit détail, de faire quelques pas en arrière et d’allumer la pièce…"