À l'occasion de la Hiloula (jour anniversaire de décès) de Rabbi Moché Kalfon Hacohen, l'équipe Torah-Box vous offre une modeste biographie et anecdote sur sa vie. Car celui qui s'intéresse et parle d'un Juste le jour de sa Hiloula, le Tsadik prie pour lui. N'oubliez pas d'allumer une bougie aujourd'hui en disant "Likhvod Rabbi Moché, zékhouto taguèn 'alénou".
"Que les enfants s'asseyent sur la Torah !"
« Nous ne pouvons continuer ainsi, annoncèrent les Gabaïm (trésoriers) de la synagogue de l’île de Djerba à leur Rav bien-aimé. Le Talmud-Torah est situé dans la synagogue, et les élèves déchirent sans cesse les revêtements des bancs. Nous exigeons de fermer l’accès de la synagogue aux enfants. »
Rabbi Moché Kalfon Hacohen entendit les arguments, et demanda aux responsables de l’accompagner à la synagogue. Arrivé sur place, le Rav ouvrit l’arche sainte et les interrogea : « Qu’est-il déposé ici ? » Les responsables, stupéfaits, répondirent : « Les Sifré Torah ». « Et quelle est la valeur des Sifré Torah, s’ils sont déposés dans l’armoire et que les enfants n’étudient pas ? Prenez les tentures des Sifré Torah et étendez-les s’il vous plaît sur les bancs - pour que les enfants s’assoient et étudient la Torah. » Les Gabaïm, ébahis, comprirent enfin le message… (histoire relatée par le Rav Méïr Mazouz chlita)
Grand-Rabbin de Djerba
Rabbi Moché Kalfon Hacohen est né en l’an 1874 (5634) dans l’île de Djerba. Il étudia auprès de son père, le Dayan (juge rabbinique), Rav Chalom Hacohen, ainsi que de Rav Yossef Berrebi, qui devint plus tard Grand-Rabbin de Tunisie. Son assiduité et son esprit vif étaient reconnus, mais il refusa fermement d’occuper un poste public et préféra obtenir sa subsistance en travaillant. À l’âge de 43 ans seulement, après beaucoup d'insistance auprès de lui, il accepta un poste de Dayan au tribunal rabbinique de Djerba, puis occupa la fonction de Grand-Rabbin de l’île. À la tête de la communauté de Djerba, sa piété et son humilité étaient célèbres.
Lorsqu’il constata que les pauvres de la communauté n’avaient pas les moyens d’acquérir de la viande Cachère en semaine, il décida lui aussi de s’abstenir de manger de viande en dehors du Chabbath. Il dirigea sa communauté avec dévouement, en se souciant de chacun et en fixant de nombreuses règles en faveur des pauvres, des orphelins et des veuves.
Face aux SS allemands
Lors de la Seconde Guerre mondiale, lorsque les Nazis conquirent la Tunisie, les Allemands accusèrent la communauté juive d’aider les forces alliées. Pour les punir, on exigea des chefs de la communauté de leur remettre 50 kilos d’or en quelques heures, faute de quoi, la communauté serait anéantie dans son intégralité.
Cet événement se déroula en plein Chabbath, et Rabbi Moché Kalfon Hacohen trancha que chaque Juif était obligé de transmettre tous les bijoux en or en sa possession pour sauver la communauté. Il envoya Rabbi Houita Hacohen accompagné d’un autre rabbin de maison en maison pour collecter l’or, mais ne réussit pas à réunir la quantité requise. Après avoir débattu avec les officiers SS, Rabbi Moché Kalfon Hacohen obtint un report de quelques heures jusqu’à Motsaé Chabbath pour trouver le reste de l’or. Lorsque les Allemands quittèrent sa maison, il les maudit pour qu’ils ne reviennent plus jamais. Et en effet, après quelques jours, les Allemands reculèrent devant les Alliés en direction de la mer, leurs bateaux explosèrent et ils tombèrent à la mer. (histoire relatée par le Rav Bouguid Saadoun zatsal)
État d'Israël
Rabbi Moché Kalfon Hacohen fut partenaire, en pensée et en action, du retour de Juifs en Israël. Il soutenait vigoureusement les actions concrètes pour accélérer la venue de la Guéoula (délivrance) jusqu'à être déçu par le comportement anti-Torah des dirigeants juifs à son époque. Voici ce qu’il écrivit dans la brochure Guéoulat Moché : « J’ai constaté qu’il y avait deux avis. D’une part, ceux qui pensent que la Délivrance du peuple aura lieu également par des voies naturelles, par des efforts et des préparatifs concrets. D’autres estiment pour leur part que la Guéoula dépend uniquement de facteurs spirituels, car Hachem délivrera Son peuple… et je pense pour ma part que tous les efforts par des voies naturelles sont valables, et que la voie spirituelle l’emportera au moment venu sur la voie de la nature. »
Rabbi Moché Kalfon Hacohen espérait de tout cœur avoir le privilège de fouler la terre sainte, et acheta même un terrain en Israël. Il n’eut pas le privilège de réaliser son rêve de monter en Israël, il tomba malade et décéda à Djerba un Chabbath, le 18 Tévet 5710 (1950). Il fut accompagné par de nombreuses personnes à sa dernière demeure. Après 55 ans, en l’an 2006 (5766), sa famille avec l’aide d’un membre de la communauté de l’AJJ à paris (qui souhaite garder l’anonymat) et de l’ancien ministre de l’intérieur tunisien Mr Abdallah Kaabi réussirent à persuader les autorités tunisiennes d’autoriser le transfert de ses ossements en Israël. Il fut accompagné par une foule nombreuse à son enterrement au Har Haménou’hot à Jérusalem. Que son mérite nous protège, amen.