Le 12 du mois de Kislev, c’est la Hiloula du Rav Avraham Dov Auerbach ben Rabbi David de Avritch, enterré dans le cimetière de Tsfat. On l’appelle aussi le Ba’al Habat ‘Ayin, d'après le livre éponyme qu'il a écrit au 19ème siècle de l’ère commune, le Séfer Bat ‘Ayin. Il s'agit d'un commentaire sur la Torah, édité par ses élèves selon ses Divré Torah, qui portaient sur la Paracha de la semaine et les Yamim Tovim. Le Séfer Bat ‘Ayin représente l’un des livres fondamentaux de la ‘Hassidout, rempli de conseils et d'enseignements inspirants sur le service divin, accompagnés de commentaires et de merveilleux ‘Hidouchim.
Rav Avraham Dov a étudié auprès des éminents maîtres suivants : Rabbi Mena’hem Na’houm de Tchernobyl, Rabbi Zouché d’Anipoli et Rabbi Lévi Its’hak de Berditchev.
Un repas et une étude de Torah en l’honneur du Tsadik
Une belle coutume est de célébrer un repas spécial à l'occasion du jour de la Hiloula du Tsadik. Il est dit que celui qui organise un repas à cette date mérite des bénédictions dévoilées, notamment en ce qui concerne les mariages et la descendance (à noter que le Ba’al Habat ‘Ayin n'a lui-même pas eu d'enfants). Rav Elimelekh Biderman explique que, en plus du repas en l'honneur du Tsadik, il est approprié d'allumer une bougie en sa mémoire et d'étudier ses enseignements. Rav Biderman explique que “le sens du mot “Hiloula” est la joie des mariages (de l’araméen “chant de mariage”). Par conséquent, de la même manière que lors d’un mariage, il est coutume de faire des cadeaux, lors d’une Hiloula, le Saint, béni soit-Il, fait un “cadeau au marié” - au Tsadik - en acceptant ses prières pour les Juifs qui souffrent dans ce monde. C'est pourquoi il est souhaitable de se rapprocher du Tsadik, que ce soit par un repas, en le pèlerinant ou en suivant ses enseignements, afin de marcher dans ses voies et servir D.ieu.”
Séfer Bat ‘Ayin : l’importance de l’humilité
Dans son livre Bat ‘Ayin, Rav Avraham Dov de Avritch insiste beaucoup sur l’amour de la terre d’Israël, et surtout sur l'humilité, le rejet de toute trace d'orgueil et d'arrogance. On raconte à son sujet qu'avant de quitter sa communauté en Europe pour monter à bord du bateau qui le conduirait en Terre sainte, les membres de sa Kéhila avaient du mal à se séparer de lui. Le Ba’al Habat ‘Ayin leur a répondu : “Nos Sages disent sur le verset : 'S'attacher à Lui', mais peut-on s'attacher à la Chékhina, la Présence divine ? Au contraire, attachez-vous à Ses attributs tels que la compassion, la grâce et la bienfaisance. Ainsi serez-vous attachés à moi en vous attachant aux traits de caractère que j'ai adoptés depuis ma jeunesse jusqu'à ce jour. Les traits de caractère auxquels j'ai été habitué depuis ma jeunesse sont : ne pas parler mal (Chémirat Halachon), ne pas mentir et ne pas être arrogant.”
Humilité et miracles
Le Ba’al Habat ‘Ayin enseigne que par la Midda de l'humilité, on mérite une “conduite” miraculeuse en provenance du Ciel. Lors du tremblement de terre à Tsfat en 1837, lorsque de nombreuses personnes furent ensevelies sous les décombres, seul un dixième des habitants de la ville survécurent. Au moment du tremblement de terre, le rabbin était en train de prier Min'ha dans sa synagogue. Immédiatement, il ordonna à tous les fidèles présents dans la synagogue de se rassembler autour de lui, tandis qu'il se coucha lui-même à plat ventre sur le sol, en suppliant D.ieu de les épargner. Et le miracle intervint : environ la moitié de la synagogue s'effondra et le toit s'écroula, mais l'autre moitié, où les fidèles priaient sous la protection du Ba’al Habat ‘Ayin, resta indemne. On peut voir ce miracle encore aujourd’hui en visitant la synagogue du Ba’al Habat ‘Ayin à Tsfat.
Après cet événement miraculeux, le Ba’al Habat ‘Ayin expliqua la raison de son humilité envers la terre. Il avait vu que quelque chose d'inhabituel s'était produit lors du tremblement de terre, car les pierres ne sont pas tombées au sol comme d'habitude, mais ont été projetées du sud vers le nord et du nord vers le sud. Il comprit que la main de Satan était derrière cela, cherchant à détruire la sainte ville de Tsfat. Ainsi, il n'y avait pas d'autre alternative que de faire preuve d’humilité totale par la Hitbatlout (l'annulation de soi). C'est ainsi qu'a agi Rabbi A'ha bar Ya'akov lorsqu'il a combattu l'ange de la mort, qui s'est révélé sous la forme d'un serpent à sept têtes, en se prosternant et en se rabaissant (Michna Kidouchine 29).
La force insoupçonnée d’une simple bénédiction
Lors de l'attaque des Druzes contre les habitants de Tsfat en 1838, Rav Avraham Dov a été capturé et menacé de mort s'il ne leur donnait pas une grande somme d'argent contre sa libération. Après avoir demandé de l'eau à boire et récité la bénédiction “Chéhakol Nihyé Bidvaro”, un homme inconnu est passé devant eux et a crié aux ravisseurs que s'ils faisaient du mal à ce Juif vénérable, leur fin serait amère. En entendant ces paroles, les Druzes ont été saisis d'une grande peur et l'ont relâché.
La mort d’un Tsadik, une expiation pour la génération
Lorsqu'une épidémie a éclaté à Tsfat en 1840, le Ba’al Habat ‘Ayin a informé les habitants troublés qu’après sa mort, l'épidémie s'arrêterait, et c'est effectivement ce qu’il s'est passé. Rav Avraham Dov a rendu son âme à son Créateur, il a été le dernier à mourir de l'épidémie qui s'est arrêtée immédiatement à son décès.
Rav Avraham Dov d'Avritch repose dans le cimetière de Safed, dans la grotte du Rav Arié Leib de Vlatshisk, juste à côté du Rav David Chlomo Eibeschitz ainsi que le gendre et la fille de Rabbi Na’hman de Breslev.
Que sa mémoire soit une bénédiction.