La Torah et les Mitsvot ont été la source de la force et la protection du Klal Israël au fil des générations. Et, de même que cela est vrai au niveau national, nous devons toujours nous rendre compte que c'est aussi la source de notre succès au niveau personnel.

Dans cette histoire, un homme apprend à atteindre la victoire.

« Restez là après la prière, dit Amram Cohen à ses amis dans la synagogue. Je fais un Kiddouch aujourd'hui. »

Personne dans la synagogue ne savait ce qu'Amram pourrait célébrer avec ce Kiddouch de Chabbath impromptu. Il n'avait pas mentionné de Sim’ha (joie). Aucun bébé, aucune Bar-Mitsva, aucun Siyoum. Mais le mot s’est propagé parmi les fidèles et, quand les prières furent terminées, ils sont entrés dans une petite pièce à côté de leur synagogue où les tables étaient dressées avec des gâteaux, des petits fours salés et des boissons.

Amram fit Kiddouch sur une tasse de vin rouge doux. Il paraissait à l’évidence, heureux. Sa barbe pleine, la large fourrure de son Shtreimel, et son Bekishe en soie lui donnaient l’allure d’un roi sage et bienveillant.

« Alors, Amram, dites-nous quelle est l'occasion?, déclara l’un de ses amis. Planifiez-vous de faire un Kiddouch pour nous chaque semaine ? » Amram sourit dans sa barbe. « Non... Je dois partir pour quelques minutes, dit-il mystérieusement, mais si vous restez, vous verrez pourquoi j'ai fait ce Kiddouch. » Il sortit, laissant les hommes jouer à un jeu de supposition quant à ce que leur ami avait en tête.

Après que 20 minutes soient passées, les hommes étaient impatients. « Je sais quelle est sa surprise, dit l’un. Il s’est imaginé une manière de nous laisser ici pour que nous soyons tous là jusqu'à Min’ha ! »

Mais Amram n’est pas un farceur. Il était un membre chéri et respecté de sa synagogue, surtout pour la sincérité et la Kavana (concentration) qu’il avait dans ses prières. Il aimait tout le monde, mais il aimait surtout sa Guémara. Cela ne lui ressemblait pas de perdre du temps pour rien, donc les fidèles l’attendirent encore quelques minutes.

Leur patience fut récompensée quand la porte s'ouvrit, laissant entrer un soldat vêtu d'un uniforme complet, un casque sur sa tête, tenant la main d'un jeune garçon. Alors que le soldat se rapprochait d’eux, les hommes réalisèrent qu’il avait un visage qui leur était familier, et qu’il n’était autre qu’Amram. Un silence abasourdi se répandit dans la salle.

Amram examinait les visages confus de ses amis et romput le silence d’un sourire chaleureux. « Vous devez vous demander ce qu’il m’arrive, n’est-ce pas ? Pourquoi je porte un uniforme de soldat à un Kiddouch de Chabbath ? J’ai une histoire que je voudrais vous faire partager, qui vous expliquera tout :

Vous me connaissez comme Amram le ‘Hassid, mais je ne l’ai pas toujours été. Je suis un Ba’al Téchouva qui a grandi dans une maison laïque et qui menait une vie laïque. En effet, depuis mon plus jeune âge, on me demandait de me méfier des ‘Harédim (orthodoxes), et j’ai toujours ressenti de l’animosité envers eux et tout ce qui touchait à la religion.

Mais j’avais mes idéaux. Et mon plus grand idéal était de rejoindre l’armée et de protéger notre pays. Dès que j’eus atteint l’âge, je rentrai à l’armée et travaillai aussi dur que possible pour progresser dans ma carrière. Au fil des années, j’ai progressé et atteint des rangs de plus en plus hauts, jusqu’à devenir le commandant d’une vraie unité d’élites de 800 soldats.

Nous étions les meilleurs de l’armée d’Israël. On nous assignait les plus dangereuses missions que personne d’autre ne voulait tenter, et nous faisions tout ce qu’il fallait faire pour protéger notre pays. À cette époque, la guerre de Kippour eut lieu. Sans préavis, le pays fut attaqué sur tous les fronts, et il n’y avait pas de temps pour appeler les réservistes et planifier nos représailles. Mon unité fut convoquée pour une réunion d’urgence avec le premier ministre et le chef d’état-major.

La situation était critique. On nous a dit qu’il nous faudrait acheter du temps pour pouvoir mettre en place une contre-attaque. La seule issue était d’envoyer notre unité au combat dans le Golan pour retenir les Syriens assez longtemps afin de permettre à notre armée de se regrouper.

Ils avaient raison, et, de cette manière, nos chances de survies étaient minuscules. On s’attendait à perdre 90% de nos hommes. C’était tout simplement une mission suicidaire, mais on nous a demandé de faire cette mission pour le bien de notre pays. Quand le général nous a demandé si nous étions prêts à le faire, nous avons crié « oui ! ».

Nous avons rassemblé nos équipements et sommes montés dans les jeeps pour aller vers le Golan. Comme je dirigeais notre groupe, je réalisais que, pour la plupart d’entre eux, ça allait probablement être leur dernière mission. Mais nous avons fait de notre mieux pour établir un plan de bataille raisonnable et avons espéré que ça se passe de la meilleure façon.

Quand nous sommes arrivés sur le front, l’atmosphère était lourde de balles et de grenades. D’une certaine manière, nous avons réussi à surprendre notre ennemi et à le repousser. C’était une rude bataille, mais quand la fumée s’est éclaircie, nous avions gagné. Nous avons perdu 30 hommes, qui étaient bien sûr 30 vies de trop. Cependant, face aux 100 vies que nous nous attendions à perdre, c’était un miracle. Aussi fatigués que nous étions, cette surprenante victoire qui défiait toute logique nous portait. Le meilleur de tout était que nous avions réussi à donner aux forces de défense le temps dont ils avaient besoin pour appeler les réservistes et monter une contre-attaque. Le reste, comme on dit, appartient à l'histoire.

Quelques jours après Souccot, j’ai décidé d’inviter un Rav à venir parler à notre unité héroïque. J’avais quelques importantes questions qui avaient besoin de réponses.

J’ai été rencontré l’un des grands rabbins de Jérusalem et l'ai invité à parler à notre base militaire. Il m'a demandé si des soldats étaient religieux et je lui ai dit qu’aucun ne l’était. Il a répondu que, dans ce cas, il n'y avait pas d’intérêt à ce qu'il vienne parler. Mais je l'ai poussé, lui disant que même les soldats non-religieux pourraient profiter de ses mots d’inspiration. Il accepta de venir.

Quand le rabbin est arrivé, nous l'avons introduit dans une grande salle où furent installés 800 sièges. Sur chacun des trente sièges vides des soldats morts au combat, nous avions placé une grande image du soldat afin de les garder dans notre mémoire et d'honorer leurs souvenirs. Je me suis dirigé vers le podium et ai parlé avec enthousiasme de la puissance de l'armée israélienne. Bien sûr, j'ai attribué toute notre victoire à notre formation de haut niveau et à notre courage. Hachem n’y avait pas sa place du tout.

J'ai vu le regard désapprouvé sur le visage du rabbin alors que je parlais, mais ce n'était rien par rapport à l'expression de choc qui accueillit mon commentaire suivant.

En ce qui concerne le rabbin, j'ai dit à mes hommes : « J'ai fait venir aujourd'hui un grand rabbin de Jérusalem pour répondre à une question qui me dérange depuis quelque temps. Je suis sûr que c'est une question que vous vous posez aussi. Voici ma question, Rav.

Tous dans cette salle sont prêts à donner leur vie et leur âme pour notre pays. Nous sommes tous prêts à mourir afin que le pays puisse continuer à exister. Nous sommes partis en mission-suicidaire pour notre pays, et nous sommes prêts à faire quoi qu’il faille faire pour sauver notre peuple.

Cher Rav, où étaient les ‘Harédim ? Ils n’ont rien fait pour aider notre pays ! Nous avons donné notre sang et nos vies, et les ‘Harédim n’ont rien donné. Pensez-vous que ce soit juste, Rav ? »

Le Rav fut un peu secoué par la question. Il ne savait pas que je voulais le piéger, que je ne l’avais pas appelé pour nous renforcer, mais plutôt que je l'utilisais comme un moyen de se moquer des ‘Harédim.

Après quelques instants, le rabbin leva la tête et regarda les hommes, il répondit, non pas avec la consternation et la culpabilité que j'avais pensé provoquer, mais avec force et confiance : « Rien ? Vous pensez vraiment que nous n'avons rien fait ? C'est absolument faux ! Je vais vous dire ce que nous avons fait. Nous avons prié de tout notre cœur le jour de Yom Kippour pour que vous réussissiez, afin qu’Hachem nous sauve de nos ennemis.

Savez-vous que l’armée a contacté le Grand-Rabbin et lui a demandé s’il pouvait se préparer à enterrer 70 000 hommes, parce que c’était ce à quoi ils s’attendaient ? Ils étaient effrayés de ne pas avoir assez de temps pour enterrer les morts et voulaient donc que l’on prépare les tombes en avance !

Alors, vous voulez savoir ce que nous avons fait ? Une réunion a rassemblé tous les Roch Yéchiva d’Israël. Il est sorti de cette réunion que les grandes vacances seraient annulées cette année. Nous avions besoin du pouvoir de la Torah pour protéger notre pays et nos soldats plus que jamais. Les Yéchivot sont donc restées ouvertes. Pendant que vous vous battiez sur le front, nous nous battions dans les maisons d’étude. Nous n’avons pas bougé de là-bas. Nous avons étudié et prié 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Pouvez-vous me dire qu’il n’y a eu aucun miracle qui s’est réalisé pour vous ?

Vous-même m'avez dit que les bombes qui auraient du éclater n'ont pas éclaté sans raison, et que de grandes tragédies ont été évitées quand leurs missiles ont manqué leur cible. Et ensuite, votre attaque impossible dans le Golan qui réussit miraculeusement. Vous frappiez et atteigniez votre cible à chaque fois. Comment ? N'est-ce pas D-ieu Lui-même qui vous guidait dans la bataille ?

Nous, mes amis, luttions à côté de vous continuellement. Vous vous êtes battus avec des armes à feu, nous nous sommes battus avec la prière, et, ensemble, nous avons eu le mérite de gagner cette guerre. Regardez autour de vous. Quelqu'un croit-il vraiment ici avoir gagné grâce à sa propre force ? Ne soyez pas stupides. Il y a eu des miracles flagrants, et même un enfant pourrait le voir. Donc je vous demande tous de donner à cette guerre et à mes mots aujourd'hui une petite réflexion, et je suis sûr que vous tous en viendrez à la même conclusion. Nous étions des partenaires dans cette guerre, et c'est pourquoi Hachem nous a tous sauvés. »

Les soldats, secoués par les mots sincères du rabbin, ont laissé éclater leur émotion dans un tonnerre d’applaudissements. Mon cœur a été aussi secoué et je n'avais aucune réponse à offrir. La vérité sonne juste, même pour un cœur non croyant. Néanmoins, mon esprit était en pleine confusion. La Torah et la Téfila pouvaient-ils nous avoir vraiment sauvés ?

J’avais un trop plein d’énergie, je suis sortie de la salle et ai commencé à faire mon footing. J’ai couru et couru pour éliminer la tension que j’avais en moi. J’ai dépassé les barrières de la base et poursuivi sur la route. J’ai couru sur la route pendant des kilomètres, et je suis arrivé devant une Yéchiva. Je me suis arrêté. Reprenant ma respiration, je suis rentré dans la Yéchiva et me suis adressé au premier étudiant que j’ai croisé.

« Permets-moi de te poser une question, lui dis-je. Que faisais-tu pendant la guerre ? »

« J’étudiais la Torah », répondit le jeune homme, simplement.

« Mais qu’en est-il de tes congés ? N’as-tu pas de journées libres après Yom Kippour ? »

« Cette année, nous n’avons pas pu avoir de pause dans nos études, répondit-il. Nous étions en guerre, et nos soldats avaient besoin de la protection de notre étude de Torah. »

J'étais abasourdi par la simplicité de sa réponse. C'était comme si j'avais demandé à un soldat ce qu'il avait fait pendant la guerre et qu’il avait répondu « combats et tirs ». Quelle autre réponse pourrait-il y avoir ?

Pourtant, j’avais encore des doutes, alors j'ai repris ma course jusqu'à ce que j’arrive devant une autre Yéchiva. Là, j'ai posé la même question et j'ai eu la même réponse.

C'est à ce moment-là que j'ai compris que j'avais tort depuis de nombreuses années, et qu'il était temps pour moi de rechercher la vérité. Je suis lentement mais sûrement revenu à la religion. Une fois que j'ai saisi la vérité, je ne l'ai jamais lâchée. Je suis rentré dans une Yéchiva pour apprendre la Torah, puis je me suis marié et, avec ma femme, j'ai commencé à construire un foyer juif.

Aujourd'hui, je donne ce Kiddouch en l'honneur de mon plus jeune fils, qui va entrer en Yéchiva. Je veux lui montrer que, seuls, l’armée et les soldats ne peuvent pas gagner les guerres. La Torah et la Téfila gagnent des guerres. Je veux qu'il sache que, lorsqu'il entre dans une Yéchiva, il intègre la meilleure unité d’élite de la meilleure armée d’élite jamais créée. »

Ce fut une leçon que son fils et toute la synagogue ne pourront jamais oublier.