« Que puis-je faire ? C’est bien simple, je n’aime pas étudier ! »
« Je n’aime pas étudier », se dit ‘Haïm, attristé. « Que faire ? Certains aiment étudier la Torah, et d’autres non. Je fais partie de la seconde catégorie. Alors comment m’obliger à étudier la Torah ? »
Cette question le dérangeait et le perturbait incessamment. Dépité, il décida de consulter le Rav Steinman pour essayer d’obtenir auprès de lui une « dispense » d’étude de la Torah. « Ainsi, je pourrai poursuivre les activités que j’aime sans remords », se dit-il.
Il s’adressa à un proche du Rav Steinman, Rav Its’hak Lévinstein pour parler avec lui. « Ne me dérangez pas pendant cet entretien, » demanda-t-il. Le Rav Levinstein accepta.
‘Haïm entra dans le bureau du Rav, s’assit en face de lui et lui demanda : « Est-ce que Kvod Harav aime manger du steak ? »
« Je ne sais pas ce que c’est », répondit Rav Steinman en toute simplicité.
Il est difficile de croire qu’un steak ait déjà passé le seuil de l’appartement de la rue ‘Hazon Ich.Le jeune homme s’arma de courage et reprit : « Le steak est fait de bœuf. On le coupe en tranches avant de le cuire. On réchauffe chaque tranche dans l’huile, puis on les fait cuire dans une sauce épicée. C’est extrêmement bon », ajouta ‘Haïm. « Peut-être vais-je en apporter au Roch Yéchiva à goûter. »
Le Rav leva les yeux, stupéfait, et ‘Haïm lança, frustré : « Rav, je vais vous expliquer ce que je veux. Le Roch Yéchiva n’aime pas le steak, et n’est pas prêt à ce qu’on lui en fasse goûter un peu. Quant à moi, je n’aime pas la Torah. Pourquoi me la faire aimer malgré moi ? Pourquoi m’obliger à étudier ? »
Le Rav Steinman se plongea dans ses pensées. Il sentit le cœur endolori du jeune homme puis déclara : « Est-ce que le miel est sucré ? »
« Oui, » répondit ‘Haïm.
« Tout le monde reconnaît que le miel est sucré », poursuivit le Rav Steinman, « et si quelqu’un venait affirmer que c’est amer, que dirait-on ? Comment réagir à ces propos ? »
« Un homme qui prétend que le miel est amer est un menteur », déclara ‘Haïm sur un ton péremptoire. « Il va de soi que c’est sucré. »
Et le Rav Steinman de poursuivre : « Il est évident que le miel est sucré, mais il n’est pas certain que celui qui prétend qu’il est amer est un menteur. Il se peut que cet homme ait des blessures dans la bouche, et que le miel lui semble amer. »
« Je ne te connais pas », dit le Rav à ‘Haïm, « mais il se peut que tu aies des blessures en bouche. Des blessures de propos interdits, de médisance, de colportage, d’écarts de langage, etc. Dans ce cas, lorsqu’on te fait goûter à des propos de Torah, tu ressens une brûlure au lieu d’une douceur. La Torah possède une douceur qu’il est impossible de renier. De même que tout le monde admet que le miel est sucré, tout le monde admet également que les paroles de Torah sont plaisantes et agréables. »
« Si tu ressens une amertume », poursuivit le Rav Steinman en se penchant sur le jeune homme qui commençait à pleurer, « va panser tes blessures. Après t'être écarté des propos interdits, tu pourras alors ressentir la douceur des paroles de Torah. »