Ces dernière semaines, nous avons élaboré la définition du mensonge et évoqué des situations où il est permis de mentir[1]. Il reste à comprendre pourquoi s’exprimer de manière inexacte, dans certaines situations, n’est pas considéré comme du mensonge d’après la définition de la Torah.
La Torah considère le Emet (la vérité) comme le fait d’accéder à un résultat souhaitable sur le plan moral dans toute situation donnée. Des situations qui sont considérées comme positives par la Torah constituent la vérité. Par exemple, un état de paix et d’harmonie est considéré comme le Emet. En revanche, des situations considérées sous un jour négatif par la Torah constituent du mensonge. Par exemple, la discorde et la haine sont des exemples de mensonge. En conséquence, il est permis, dans certaines circonstances, de mentir afin de maintenir des relations paisibles entre les hommes, car une situation de paix constitue le Emet. En revanche, si un individu s’exprime brutalement mais en toute sincérité, et provoque des frictions entre les hommes, il a en réalité exprimé des mensonges. Ses propos reflétaient la vérité, mais le résultat ne l’est pas.
Ceci explique pourquoi il est permis de mentir afin d’éviter de causer de la peine à autrui. Par exemple, si quelqu’un a acheté un objet qu’il ne peut plus restituer et demande à son ami son avis sur l’achat, celui-ci ne devra pas exprimer son aversion pour l’objet, car il provoquerait ainsi une peine inutile. Mentir en disant qu’il est beau constitue ici le Emet.
Cette explication nous permet d’accéder à une perception bien plus profonde de la vérité. Un homme pourrait penser qu’il doit toujours dire la vérité même si, en agissant de cette manière, il risque de provoquer de la peine et de l’inconfort chez son prochain. En réagissant de cette manière, il a recours en réalité au mensonge.
Il est important de relever que ce principe ne signifie pas que « la fin justifie les moyens. » Dans ce cas, les « moyens », c’est-à-dire le mensonge, n’est pas considéré comme négatif si tout est réalisé avec les bonnes intentions. Il est néanmoins très facile de se convaincre qu’il est justifié de mentir en raison de l’effet obtenu en bout de ligne, alors que ce n’est peut-être pas le cas.
Comme toujours, il est conseille de consulter un rabbin orthodoxe qui peut nous guider dans des cas spécifiques.
[1] Il est important de relever qu’on ne doit pas développer l’habitude de mentir, même de manière permissible. Lorsque nous prenons l’habitude de mentir pour des raisons valables, il est probable que nous développions la malhonnêteté, qui nous conduirait au mensonge interdit. De plus, il est très important que nos enfants ne soient pas exposés à des mensonges constants, car ils développeraient inévitablement ce trait de malhonnêteté.