C’est l’histoire de deux amis d’enfance, l’un intelligent et l’autre sot, qui ont étudié ensemble toute leur enfance. Une fois devenus adultes, leurs chemins ont divergé, l’homme intelligent fit son entrée dans le monde des affaires où il réussit et prospéra, et le sot ne fit rien. Un jour, les deux anciens amis se rencontrèrent, le sot demanda à l’intelligent, son ami d’enfance : « Dévoile-moi s’il-te-plaît ton secret, comment t’es-tu tellement enrichi ? »
Et son ancien camarade de répondre : « De temps en temps, je pars à l’étranger où j’achète de la marchandise que je rapporte ici, et en échange de l’argent que je reçois pour la marchandise vendue, je subviens très dignement à mes besoins ». L’idiot s’étonna : « Tu es considéré comme quelqu’un d’intelligent, mais que gagnes-tu à acheter de la marchandise à l’étranger, et à la rapporter ici pour la vendre ? En réalité, tu restes avec le même argent et sans marchandise ! ». Le sage se mit à lui expliquer qu’il avait acheté une grande quantité de marchandises à prix bas et qu’il avait vendu le tout, peu à peu, à prix fort. Il lui restait donc plus d’argent qu’il n’en avait au départ : c’est ce qui constitue son salaire.
Le sot, encore insatisfait, continua à s’entêter : en effet, le commerçant devait payer ses frais de voyage, séjourner à l’hôtel lorsqu’il participait à des foires, etc. Il se trouve que l’argent qu’il gagne est dépensé pour d’autres frais, d’où la même question : que gagne-t-on à passer son temps en voyage ? Le riche, privé de choix, sortit son carnet où étaient inscrits toutes ses dépenses et ses revenus, et les lui montra en détail : voici mes dépenses, et voici mes revenus, et à la dernière ligne, le plus important, le montant de mes bénéfices…
En entendant ces propos, le sot continua à s’entêter : « Si tu m’as parlé franchement, à savoir que l’essentiel se trouve à la dernière ligne, pourquoi dois-tu aller par monts et par vaux, voyager au loin et quitter ta maison ? Prends ton carnet, inscris ce que tu souhaites "gagner", et tout reviendra dans l’ordre. »
Expliquons la stupidité de cet homme sot : en quoi est-il utile d’inscrire dans son carnet que ses bénéfices sont plus élevés que ce qu’ils sont en réalité ? En effet, le papier ne vaut rien et tout le but de son labeur, une fois le calcul des revenus et des frais effectué, est de voir sa richesse augmenter réellement.
On peut mettre cet exemple en parallèle avec le décompte du ‘Omer
Nous devons chaque jour nous rappeler du jour où nous sommes ; les jours de préparation en vue de la Kabalat Hatorah, nous nous consacrons à l’étude de la Torah et au perfectionnement de nos Middot (qualités), chacun dans son domaine, et chaque jour, nous effectuons le bilan : aujourd’hui nous sommes tel jour du ‘Omer, je me suis déjà rapproché du Har Sinaï. Mais il n’est pas suffisant de faire le décompte du ‘Omer dans la prière d’Arvit, avec recueillement et d’une voix forte, et pendant toute la journée, détacher totalement son esprit du travail spirituel de l’homme pendant cette période. Car cette attitude ressemble à l’idiot qui pense pouvoir modifier les résultats en changeant les données au bas du carnet, lorsqu’il compte à la fin de la journée « aujourd’hui nous sommes tel et tel jour »… Dans ce cas, l’essentiel est absent, même si nous ne venons pas mépriser l’accomplissement convenable des Mitsvot.
Par ailleurs, il convient de rapporter les propos de Rabbi ‘Haïm Palaggi dans son ouvrage Beth Mo’èd Lékol ‘Haï (5, 21) au nom du Chlamé ‘Haguiga, de l’Iguéret Haramban, et de nos Sages. Pendant toute la période du ‘Omer, au moment de la Brakha des Kohanim, on récite le cantique « Mizmor Lamnatséa’h Bineguinot » en forme de Ménora, c’est une merveilleuse Ségoula pour réussir dans tous les domaines et pour être protégé toute la journée. Et Rav Eliyahou Hacohen, dans son ouvrage Chévet Moussar, l’a rapporté sans préciser qu’il s’agit de la période de l’'Omer, et il semblerait qu’il ait compris que cela s’applique à toute l’année.