Les 50 jours qui séparent la sortie d’Égypte de la Révélation du Sinaï sont les jours du compte du ‘Omer. Ce compte nous invite à comprendre le fondement de l’Histoire. Les trois éléments de la foi sont la Création, la Révélation et la Rédemption. La Création s’achève avec la Sortie d’Égypte, la Rédemption, c’est la récompense qui suit la Révélation. La période qui est entre la sortie d’Égypte et la Révélation du Sinaï – c’est-à-dire les 49 jours du compte de l’'Omer, sont donc l’annonce ou la préparation de la Révélation. La Révélation a donc une triple dimension : présenter le but de la Création, d’abord, ensuite s’inscrire dans l’immanence, c’est-à-dire dans le temps et l’espace, et, troisième objectif, suprême, sa sanction à l’univers, c’est-à-dire annoncer la Rédemption. Le premier temps, c’est le passage inouï de l’Infini au fini, du Rien en Quelque chose. C’est la Création EX NIHILO, en hébreu YÈCH MÉAYIN. Ce passage est indéfinissable, incompréhensible pour nous qui vivons dans le fini. Savoir que cela existe, ce n’est pas comprendre, car c’est au-delà de notre possibilité de comprendre. Donc, première étape, jusqu’à la naissance du peuple d’Israël, à la sortie de l’esclavage ! Mais cette étape doit être achevée par la Révélation, où le Tout-Puissant rencontre le « fini » et lui DIT quoi faire. C’est le Don de la Torah, deuxième étape de l’Histoire.

Alors intervient le COMPTE qui s’installe dans le TEMPS (date), dans l’ESPACE (lien), de façon imprécise mais réelle. La DATE – 6 ou 7 Sivan – est en discussion, selon la Guémara. Quant au LIEU, il est aussi une terre étrangère, non sacrée en soi. Ce n’est pas Erets Israël : la sainteté du lieu n’est due qu’à la présence de Moché (1ère Révélation) et du peuple. Cet anonymat (Lieu et Temps) est la garantie de l’universalité de la Révélation qui concerne la création entière. C’est aussi la raison du mélange des sens : les enfants d’Israël VOIENT les voix – mélange des sensations, car la Révélation doit impliquer tout le créé. De l’Exode à la Révélation, on arrive par le COMPTE, mais LUI est au-delà du COMPTE. « Il connaît le compte des étoiles, mais Sa PENSÉE est au-delà du COMPTE » (Téhillim 147, 4-5) implique le but du compte du ‘Omer. Le passage de l’Infini vers le Fini est jalonné par le compte qui est le véhicule de la purification. Chaque jour est une étape vers l’évacuation de l’enveloppe matérielle. Au bout du compte, la rencontre est possible entre le fini et l’infini.

Alors, le 50ème jour détermine, pour nous, le maximum de détachement du matériel. Le vocable qui définit cette rencontre a une valeur numérique de 50. C’est le moment, c’est le lieu, c’est le chiffre qui transcrit le « au-delà du fini », car il inclut la totalité, puisque le mot Kol (Kaf dont la valeur numérique est 20 + Lamed dont la valeur numérique est 30=50) veut dire TOUT.

C’est alors que purifiés, dégagés de la souillure du serpent, le Divin se révèle à nous et nous donne Sa Loi. Ainsi, faut-il comprendre l’idée de purification, qui permet de se mesurer avec l’Infini.

La 3ème étape – celle de la SANCTION – vient ensuite. Il s’agit maintenant de répondre à l’appel divin : c’est la vocation d’Israël d’être le TÉMOIN, comme il est le réceptacle de la Révélation. Comme la moisson suit les semailles, le don de la Torah se traduit par l’obéissance à l’Éternel. La 3ème étape, c’est notre travail. C’est ce qu’il y a de plus beau, de merveilleux, mais aussi de difficile. La vocation d’Israël est de maintenir la vérité de la création. Le but de la création du monde est préparé dans l’antichambre de la Révélation. C’est le compte qui exprime exactement la présence permanente du Fini dans le dialogue avec l’Infini. Le Mont Sinaï, inconnu, anonyme, à une date non précise, est le carrefour de l’Histoire. Ici, il nous revient d’être conscients de ce rôle. Relevons le défi et préparons la Rédemption !