Quelle que soit la manière dont un garçon et une fille se sont rencontrés (par chiddoukh, ou pas), ils peuvent décider d'être chomère néguia, c'est-à-dire de ne pas se toucher tant qu'ils ne sont pas mariés ensemble.
A notre époque, les gens ont parfois tendance à vouloir vivre d'abord quelques temps avec la personne avec laquelle ils voudraient éventuellement se marier, et à décider ensuite s'ils veulent ou pas l'épouser. A ce propos, il est important de rappeler qu'une personne n'est pas une paire de chaussures pour être essayée, puis gardée si elle nous plaît, et jetée dans le cas contraire.
Le fait d'être chomère néguia permet à la fois d'avoir une plus grande maîtrise de soi, et d'être plus respectueux envers le garçon ou la fille que l'on s'abstient de toucher.
On peut cependant se demander : sans possibilité de vivre avec une personne avant le mariage, en ne la rencontrant que de temps en temps, comment savoir si elle est réellement bonne pour nous ? Qu'est-ce qui nous permettrait de savoir s'il serait, ou pas, bon pour nous d'être marié avec elle ?
Lorsqu'on rencontrera cette personne, il faut savoir que, contrairement à ce que la société actuelle essaye de nous faire croire, on n'aura pas forcément un "coup de foudre". Il est tout à fait normal de ne pas avoir de sentiments très forts envers une personne qu'on ne connait pas encore. Et si on a l'impression d'en ressentir, c'est que ce qu'on aime chez elle pour l'instant n'est qu'une petite partie (exemple : son apparence physique) de ce qu'elle est réellement.
L'un des éléments qui peut aider à savoir si une personne pourrait ou pas être notre conjoint c'est : lorsqu'on ne la voit pas pendant un certain temps, est-ce qu'elle nous manque, ou pas ? Si, au contraire, on trouve souvent le temps long lorsqu'on est en sa compagnie, il est très probable qu'il ne s'agisse pas de la personne qui nous est destinée.
Un deuxième élément pour savoir si la personne que l'on fréquente pourrait, ou pas, être notre futur mari ou femme, c'est : est-ce qu'on est capable de se respecter mutuellement ?
Parfois, les gens sont d'accord d'être respectueux, mais uniquement au sens où eux-mêmes l'entendent. C'est-à-dire que si, par exemple, il leur paraît normal d'insulter (parce que les personnes qu'ils fréquentent habituellement ne sont pas gênées de se parler de la sorte), ils ne se sentiront pas irrespectueux s'ils leur arrive d'insulter leur mari ou leur femme. Or, bien évidemment, celui-ci ou celle-ci n'appréciera pas forcément qu'on lui parle de cette manière...
Le Rambam dit que l'homme doit aimer sa femme comme lui-même, et la respecter plus que lui-même.
Lorsqu'on fréquente une personne avec laquelle on voudrait se marier, il faut voir si elle est capable de nous respecter véritablement (c'est-à-dire de ne pas faire ce qui nous dérange réellement, et de faire ce qui est vraiment important pour nous) et si nous sommes, nous aussi, capable de la respecter véritablement.
Par exemple, s'il est important pour un homme qu'on appelle ses parents avant Chabbath pour leur souhaiter Chabbath Chalom, mais que la femme ne veut jamais faire cela parce qu'elle trouve que c'est "sans intérêt, puisque dans sa famille à elle personne ne fait cela", on ne peut pas dire qu'il y ait, entre ces deux personnes, un vrai respect mutuel.
La femme est peut-être respectueuse au sens où elle-même l'entend, et elle ne se rend probablement pas compte qu'elle pourrait faire de la peine à son mari en ne faisant pas un acte aussi simple (et important pour lui) sous prétexte qu'elle même le considère comme étant sans valeur. Mais elle ne respecte pas véritablement son mari.
De même, si un mari s'énerve à chaque fois que sa femme lui pose une question ou lui fait part de sa propre opinion lorsqu'elle n'est pas d'accord avec lui, il ne la respecte pas véritablement.
Dans un couple, on n'est pas obligé de penser pareil. Et ce serait d'ailleurs impossible, puisque, dans ce monde, chaque personne est unique, et différente de toutes les autres.
Si un mari veut une voiture de telle couleur alors que sa femme veut une voiture de telle autre couleur, évidemment que l'un des deux va devoir céder. Mais est-ce pour autant que l'un des deux n'a pas le droit d'exprimer son opinion, et que l'autre n'a pas le devoir de l'écouter ?
La deuxième chose à voir chez la personne avec laquelle on voudrait peut-être se marier, c'est donc : est-ce que chacun est capable de respecter l'autre tel qu'il est (sans chercher à l'obliger à changer, pour qu'il devienne exactement comme nous voudrions qu'il soit) ?
Dans la vie, nous ne pouvons être que nous-mêmes. Nous devons essayer d'être le meilleur de nous-mêmes. Mais nous ne pourrons (et nous ne devrons) jamais être quelqu'un d'autre.
Retranscription : Léa Marciano
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