Généralement perçue comme une pratique traditionnelle, entourée de rites divers et variés, la Brit Mila ou circoncision est respectée par la plupart des membres de notre peuple, quel que soit le degré de leur pratique religieuse ; en arrière-plan se profilent à n’en pas douter des horizons spirituels d’une grande intensité. En avant donc vers la découverte de concepts qui ne manqueront pas de vous surprendre…

Les sources

Nous rencontrons le concept novateur de Brit Mila pour la première fois dans le livre de Béréchit, lors du récit qui nous décrit l’alliance que Hachem conclut avec Avraham. Avraham avait alors quatre-vingt-dix-neuf ans et Hachem se révéla à lui en lui demandant de marcher devant Lui et d’être intègre. Hachem lui assura qu’il allait devenir le père d’une nombreuse descendance et que des rois sortiraient de ses entrailles. Hachem lui garantit également une grande proximité spirituelle envers lui et envers ses descendants. Enfin, Avraham reçut en héritage pour lui et ses descendants toute la terre de Kénaan.

Où se situe la Brit Mila dans cet ensemble de promesses et d’assurances de la plus haute importance pour l’avenir et la pérennité du peuple juif ?

Il faut pour cela faire une analyse sémantique de l’expression Brit Mila. Cette expression signifie littéralement « L’alliance de la circoncision ». Cela veut dire qu’il ne s’agit pas seulement d’une Mitsva mais bien d’une alliance qui engage les deux parties pour l’éternité.

Quels sont les termes de cette alliance ? D’une part, les promesses extraordinaires qu’Hachem fait à Avraham et que nous venons de mentionner. D’autre part, évidemment, il y a une attente d’Hachem concernant Avraham et ses descendants, comme le mentionnent les versets : « …tu garderas Mon alliance, toi et tes descendants après toi à jamais …  Vous circoncirez la chair de votre excroissance et cela sera un signe d’alliance entre Moi et vous. A huit jours sera circoncis tout mâle. Un mâle incirconcis qui ne circoncira pas la chair de son excroissance, cette personne sera retranchée de son peuple ; elle a annulé Mon alliance » (Béréchit 17, 9-14). 

Cela signifie que l’accomplissement des promesses qu’Hachem fait à Avraham dépend étroitement de l’accomplissement des termes de l’alliance, en l’occurrence de la réalisation de la circoncision dans les termes prévus par la Halakha.

Rabbi Yossef Albo, dans le Séfer Ha-ikarim, explique que dans l’antiquité, lorsqu’une alliance était conclue entre deux parties, on prenait un animal que l’on coupait en deux et les deux partenaires de l’alliance passaient entre les deux parties. Cela signifiait que l’alliance était irréversible et qu’elle n’était éventuellement rompue que par la disparition physique de l’un des deux partenaires. Le fait que l’on parle d’alliance de la circoncision implique dans la terminologie de la Torah qu’il s’agit d’une alliance du type de celle dont parle Rabbi Yossef Albo, à savoir d’une alliance définitive et inaliénable. Les conséquences d’une telle alliance sont extrêmement importantes pour le peuple d’Israël en particulier et pour l’ensemble des nations en général.

Désormais il existe une nouvelle réalité, à savoir que le peuple juif et le Créateur de l’univers sont inextricablement liés, au point que le Zohar affirme que Hachem, la Torah et le peuple d’Israël forment une seule entité. Il est dit dans ce même ordre d’idées « Dans toutes leurs détresses, Il ressent [également] de la détresse » (Yéchayahou 63,9). Cette alliance indissoluble est le secret de la survie miraculeuse d’Israël à travers l’Histoire.

L’accomplissement d’Avraham 

Lorsqu’Hachem se révèle à Avraham, ce dernier a quatre-vingt-dix-neuf ans, près donc d’une centaine d’années. Le Maharal de Prague nous enseigne que le chiffre dix est le signe de la perfection. La présence divine repose d’ailleurs sur un Minyan (quorum) de dix personnes. Or le chiffre cent représente le chiffre dix au carré. Avraham, au seuil de sa centième année, atteint donc un niveau spirituel très élevé.

Pour ce faire, il est passé par un certain nombre d’étapes qui se caractérisent toutes par une action de séparation. Ainsi, il reçoit l’ordre de quitter la maison de son père et son pays d’origine pour s’installer en Erets Kénaan. Cela veut dire qu’il doit renoncer à tout un passé et un contexte culturel qui sans être entièrement négatifs, sont néanmoins profondément imprégnés d’Avoda Zara (idolâtrie). Le but de ce départ est son installation en Terre Sainte pour pouvoir se rapprocher d’Hachem.

Ensuite, Avraham se sépare de Lot, son neveu, à la suite d’une dispute entre ses bergers et ceux de Lot. Peu après cette séparation, Hachem apparaît à Avraham et lui promet la terre de Kénaan pour lui et ses descendants. Rachi nous explique que tant que son neveu impie était à ses côtés, Avraham ne pouvait bénéficier de la révélation divine.

Enfin Avraham reçoit l’ordre de procéder à la circoncision. Or la circoncision représente également une forme de séparation ; en l’occurrence une séparation d’une certaine imperfection. En effet, d’après le Séfer Ha’hinoukh, le corps de l’être humain ne devient parfait qu’après la circoncision. Dans le même ordre d’idées, Rachi explique qu’aux yeux d’Hachem tant que l’être humain n’a pas ôté son prépuce, il est considéré comme porteur d’un défaut physique (Béréchit 17,1). 

Nous pouvons constater qu’Avraham a progressé toute sa vie vers la perfection, d’abord et avant tout en reconnaissant l’existence et l’omnipotence du Créateur (selon les différentes opinions à trois ans ou à quarante-huit ans, Midrach Rabba, Paracha 64), se séparant ainsi de l’idolâtrie sur le plan conceptuel ; puis en quittant sa patrie d’origine, il se sépare concrètement de son milieu familial et national, empreint d’idolâtrie. La dernière étape de cette longue progression vers la perfection morale et spirituelle étant la pratique de la circoncision, comme l’explique le verset : « Il lui dit : Je suis D… Tout-puissant, marche devant moi et sois intègre » (Béréchit 17,1). Cette intégrité étant désormais accessible grâce à la circoncision.

Le retour à la perfection originelle

De ce qu’il ressort de nos propos, la circoncision apparaît à l’époque d’Avraham comme une nouveauté absolue, à même de permettre à l’être humain d’atteindre de nouveaux sommets spirituels. Cependant, il n’en est rien… Nos Sages nous révèlent en effet qu’Adam Harichone a été créé sans prépuce, cela signifiant qu’il n’était pourvu d’aucun défaut physique. Comment se fait-il alors que ses descendants, les êtres humains, naissent tous à de rares exceptions près, pourvus d’un prépuce ? La raison en est qu’après avoir désobéi à l’ordre divin et consommé du fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal, lui a été adjoint une excroissance de chair, en l’occurrence le prépuce. Ce phénomène ne peut manquer de nous interpeller et demande à être expliqué.

Il faut savoir qu’Adam Harichone, premier être humain à avoir jamais existé sur terre, directement issu de la main divine, était un être doté d’une perfection spirituelle et physique très grande. En fautant, il déchut grandement et fit décliner avec lui toute la Création. A la suite de sa faute, il se vit doté d’un nouvel appendice de chair qui était la matérialisation concrète de la nouvelle emprise du Yetser Hara sur sa personne. En effet, avant de fauter, le Yetser Hara lui était extérieur et avait pris la forme du serpent. Après la faute, le Yetser Hara se vit intégré à sa nouvelle personnalité et cela se traduisit physiquement par l’apparition du prépuce.

Le prépuce est désigné en hébreu sous le terme de Orla. Or ce terme de Orla est bien connu pour désigner les fruits qui sont interdits à la consommation durant les trois premières années de production de l’arbre ainsi que l’exprime le verset : « Lorsque vous viendrez en terre d’Israël et que vous planterez toutes sortes d’arbres fruitiers, vous vous abstiendrez de consommer ses primeurs, ses fruits. Trois années durant, ils seront pour vous impropres à la consommation » (Vayikra 19,23). Vue sous cet angle, la Orla constitue donc un élément impropre à toute utilisation fructueuse, une forme de déchet spirituel. 

Le Midrach Tan’houma nous enseigne qu’il existe en tout cinq Orlot (pluriel de Orla), quatre en l’homme et une concernant l’arbre : la Orla de l’oreille, comme il est écrit dans Yirméyahou (6,10): « A qui parlerai-je… pour qu’ils écoutent ? Voici que leur oreille est obtuse… » ; la Orla du cœur ainsi qu’il est mentionné dans Dévarim (10,16) : « Vous circoncirez l’excroissance de votre cœur » ; la Orla du langage comme il est dit dans Chémot (6,12) : « Moché parla devant D… en ces termes : de fait, les Bné-Israël ne m’ont pas écouté. Comment Pharaon m’écouterait-il alors que je m’exprime avec difficulté ? »

De ces différents exemples, il ressort divers éléments que nous nous devons d’analyser. La Orla de l’oreille dont parle le prophète Yirméyahou dénote ici une difficulté à entendre et à intégrer le message divin ; la Orla du cœur signifie d’après l’explication de Rachi, ce qui obstrue et recouvre le cœur, au sens figuré du terme. D’après le Targoum Yonatan, l’expression qui apparaît dans Yé’hezkel (44,7) de « Orlé Lev » signifie des individus au cœur pervers. Quant à la Orla du langage dont parle Moché Rabbénou, Rachi l’explique par la notion de fermeture des lèvres. D’ailleurs, d’après Rachi, toutes les fois qu’est mentionné le terme de Orla, que ce soit par rapport aux oreilles ou au cœur, il désigne une notion de fermeture.

De tous ces éléments divers et variés, il ressort une image d’ensemble concernant la Orla qui nous la fait percevoir comme un élément tendant à la fermeture ou dénotant une perversion et constituant en tout cas un obstacle à la perception du divin. Et de fait, dès qu’Avraham fut jugé par D-ieu comme étant suffisamment proche de son apogée spirituelle, il reçut l’ordre de procéder à la circoncision, enlevant par là-même le dernier obstacle qui le séparait de son Créateur. Dès lors, le retour à la perfection originelle était amorcé ; l’apparition du peuple juif sur la scène de l’Histoire était rendue possible par l’extraordinaire parcours d’Avraham qui s’était arraché des brumes idolâtres de sa patrie pour s’élever progressivement vers le divin et retrouver au final la perfection d’Adam Harichone.

Pourquoi faire la Brit Mila ?

Avraham reçoit l’ordre de faire la Brit-Mila à quatre-vingt-dix-neuf ans ; un an plus tard, Sarah Iménou, sa vertueuse épouse donne naissance à Yits’hak, un enfant d’une extrême sainteté, que les sages de la Torah surnommeront « Ola Kédocha », offrande sainte, du fait que son père Avraham, obéissant à l’ordre divin, le ligotera sur l’autel pour croit-il, le sacrifier. Bien sûr, il n’en sera rien, Avraham venait de réussir sa dixième épreuve, Yits’hak est sauvé, et donnera naissance plus tard, après son mariage avec Rivka, à Yaacov, le troisième et le plus parfait des Patriarches, symbole de la vérité et de la Torah.

Les trois Pères du peuple juif sont en place. Avraham Avinou n’a pu donner naissance à Yits’hak qu’après avoir réalisé la Brit Mila sur sa personne. Le peuple juif est un peuple saint qui n’a pu être engendré que dans la sainteté. La Brit Mila est donc un vecteur de sainteté.

La Brit Mila est la Mitsva positive la plus importante de la Torah, ainsi que l’exprime Maran Habeth Yossef dans le Choul’han Aroukh (Yoré Déa alinéa 260) : « C’est un commandement positif pour le père de circoncire son fils. Et ce commandement positif a plus d’importance que tous les autres commandements positifs ». En effet, c’est le seul commandement positif, avec celui de la non-consommation volontaire du Korban Pessa’h (Bamidbar 9,13), dont la transgression entraîne la peine de Karet comme l’exprime le verset : « Un mâle incirconcis qui ne circoncira pas la chair de son excroissance, cette personne sera retranchée de son peuple ; elle a annulé Mon alliance » (Béréchit 17, 14). Si ce commandement n’existait pas, Hachem n’aurait pas créé le monde (Nédarim 31b), comme le dit le verset : « Si ce n’était Mon alliance jour et nuit, Je n’aurais pas mis en place les lois du ciel et de la terre » (Yirméyahou 33,25). Dans le livre Ein Yaacov se rapportant au traité de Nédarim page 31b, est rapporté une version de la Guemara dans laquelle il est écrit que la Mila (circoncision) est très importante car elle a autant de poids que toutes les autres Mitsvot réunies.

Par ailleurs, le commandement de la Mila a primauté sur le respect du Chabbath. En effet, l’accomplissement de la Mila implique l’exécution de Mélakhot (travaux) qu’il est interdit de réaliser le Chabbath, notamment le fait de faire couler le sang. Or si la Mila d’un bébé doit être accomplie le Chabbath, cela est permis.  

Nos Sages nous ont enseigné par ailleurs un certain nombre de raisons accessibles à notre entendement et qui expliquent dans la mesure du possible le sens de cette Mitsva. Le Rambam (Maïmonide) dans son ouvrage « Le guide des égarés » s’interroge sur la raison pour laquelle l’homme n’a pas été créé circoncis. Il répond à cette interrogation de la manière suivante : une des raisons qui justifient l’existence de cette Mitsva est d’affaiblir le membre viril, afin de limiter son activité dans le domaine des relations intimes, et ceci afin de diminuer la force du désir et l’enthousiasme exagéré dans ce domaine précis. Tout cela permettra une activité de cet ordre raisonnable et conforme aux ordonnances de la Torah.

Le Séfer Ha’hinoukh explique quant à lui que le Créateur de l’univers souhaita imprimer en Son peuple une marque et un signe corporels, pour les différencier physiquement des autres nations, de la même façon qu’ils sont différents d’eux dans leur identité spirituelle. Le Créateur a choisi d’implanter cette différence au niveau de l’organe intime, car il permet justement la reproduction de l’espèce humaine. Par ailleurs, l’opération de la circoncision permet également à l’homme d’acquérir la perfection de la forme de son corps.

D-ieu souhaita faire acquérir à son peuple la perfection et souhaita également que cette acquisition se fasse par la main de l’homme. Ainsi, l’homme ne fut pas créé parfait dès sa naissance, afin qu’il comprenne que de la même façon qu’il lui a fallu agir concrètement pour obtenir sa perfection physique, ainsi il lui faudra agir de manière tout aussi concrète, par l’étude des livres de Moussar et d’éthique, pour atteindre la perfection morale. 

Quand faire la Brit Mila ?                                                     

Comme chacun sait, c’est à huit jours que l’on procède à la circoncision du nouveau-né. Il y a lieu de s’interroger sur le choix de cette échéance. La réponse est d’une clarté éblouissante et constitue une preuve irréfutable de l’origine divine de la Torah. Les recherches scientifiques les plus récentes affirment sans ambages qu’un bébé de moins de sept jours ne pourrait supporter une intervention chirurgicale du type de la circoncision. En effet, les capacités de coagulation du nouveau-né ne sont pas encore assez développées et ne pourraient lui permettre de faire face à un saignement trop important. Par contre, au huitième jour de la vie de l’enfant, les capacités de coagulation atteignent un seuil de 110% par rapport aux capacités de coagulation qui seront celles de l’enfant et du futur adulte tout au long de sa vie ! Cela signifie en d’autres termes que le huitième jour est le jour le plus adapté à une intervention chirurgicale de ce type. Seul le Créateur de l’univers était en mesure de donner des instructions aussi précises il y a plus de 3700 ans à Avraham Avinou…Comme nous l’avons vu, Avraham reçut l’ordre de pratiquer la circoncision à l’âge de quatre-vingt-dix-neuf ans. Cela correspondait à l’année 2047 de la Création du monde. Et quand un an plus tard, naissait son fils Yits’hak, Avraham réalisa sur lui la Brit Mila à l’âge de huit jours…     

Ceci nous permet de comprendre la pertinence du choix du huitième jour sur un plan médical. Reste à comprendre pourquoi le Créateur de l’univers a décidé que le taux de coagulation sanguine le plus élevé serait atteint le huitième jour de la vie de l’enfant. En effet, Il aurait pu décider d’un autre jour. Pour tenter de répondre à cette question, nous allons faire appel au Maharal de Prague. Le Maharal de Prague nous explique que nous vivons dans un monde à six dimensions : les quatre dimensions cardinales, le haut et le bas. Il existe une septième dimension, qui ne s’inscrit pas dans ces six dimensions mais qui les surplombe, tout en en constituant en quelque sorte l’essence spirituelle ou encore le couronnement. (Guevourot Hachem, Chap. 3)

L’image qui exprime le mieux cette idée est celle des six jours de semaine couronnés par le Chabbath, septième jour de la semaine. Les six jours de la semaine représentent la dimension concrète de ce monde, où l’homme est appelé à agir ; puis l’homme se repose le Chabbath, laissant la dimension divine pénétrer ce monde. C’est-à-dire que le Chabbath est lié aux six jours de la semaine, puisqu’il vient les couronner ; mais en même temps, il transcende ces six jours d’action en leur offrant l’accès à une autre dimension. En l’occurrence, pour citer le Rav Chimchon Raphaël Hirsh, le chiffre sept est celui de la liberté (Chémot 21,6). Le sept est un donc un chiffre qui constitue une transition entre un monde purement matériel symbolisé par le chiffre six et une dimension totalement spirituelle, symbolisée par le chiffre huit. Cette dimension totalement spirituelle s’exprime ainsi par exemple à ‘Hanouka, fête caractérisée par la commémoration de miracles complètement surnaturels, tels que la victoire d’une poignée de juifs religieux sur l’immense empire syro-grec ou bien encore le miracle de la fiole d’huile qui suffit à alimenter la Ménorah pendant huit jours, alors que l’huile ne suffisait que pour un jour. 

Le fait que la Brit Mila soit prescrite à huit jours, nous renseigne sur sa nature profonde. Il s’agit d’une pratique qui permet à l’homme de s’affranchir de l’emprise de la nature et de ses instincts puissants, comme l’explique le Rambam (Maïmonide). Selon le Rav Chimchon Raphaël Hirsh, l’accomplissement de la Brit Mila permet d’assujettir la nature sensuelle de l’être humain à la loi divine (Vayikra 12,3). Le respect de cette Mitsva permet donc à celui qui l’accomplit de soumettre ses instincts à la volonté divine ; dans cette acception, cette Mitsva est surnaturelle.

Comment faire la Brit Mila ?

Dès la naissance du bébé, il s’agit de se mettre en quête d’un Mohel expérimenté et compétent. Il est nécessaire aussi que le Mohel soit craignant-D-ieu et n’utilise que des techniques permises par la Halakha ; il ne pourra utiliser des instruments comme les clamps de Gomco et de Mogen, couramment utilisés en milieu opératoire médical. Il pourra par contre utiliser le Maguen, comme cela se pratique systématiquement. Le Mohel peut être médecin bien que ce ne soit pas une nécessité. Par contre, un médecin qui n’est pas également Mohel, du fait qu’il n’a pas suivi une formation à la fois théorique et pratique auprès d’un Mohel expérimenté et craignant-D-ieu, ne pourra effectuer la circoncision de votre enfant.

En effet, bien qu’aujourd’hui la circoncision soit couramment pratiquée en milieu hospitalier, elle diffère notablement de la Brit Mila. En milieu hospitalier, l’intervention peut durer jusqu’à quinze minutes, alors que l’incision ne prend que quelques secondes dans le cadre de la Brit Mila ; le saignement est important alors qu’il est moindre dans le cadre de la Brit Mila. En milieu hospitalier, l’intervention est réalisée sous anesthésie locale ou générale ; dans le cadre de la Brit Mila, il n’y a pas d’anesthésie et tout est conçu pour que la douleur chez l’enfant soit la plus brève possible, ainsi que l’expérience le prouve : en effet, lorsque la Brit Mila est réalisée correctement, les pleurs de l’enfant s’étendent sur quelques dizaines de secondes. A l’hôpital, l’enfant a les bras et les jambes attachées par des sangles et est placé sur une table d’opération étroite ; dans le cadre d’une Brit Mila, l’enfant est placé sur les genoux d’un Sandak bienveillant.

Concrètement, quatre étapes caractérisent la Brit Mila : la Hafrada, la Mila, la Péria et la Métsitsa. La Hafrada consiste au moyen d’une manipulation mécanique à séparer la peau du prépuce de la peau du gland. La Mila consiste en l’ablation du prépuce, à savoir la peau qui recouvre le gland de la verge. La Péria est d’après la définition de Rachi, le fait de déchirer la peau qui recouvre le membre ou en d’autres termes l’ablation de la muqueuse interne du prépuce accolée au gland. Ensuite vient l’étape de la Métsitsa qui est expliquée très clairement par Rabbi Yaacov Hagozer, Mohel  qui exerçait sa spécialité il y a sept cent ans : « Après la Péria, le Mohel introduit le membre de l’enfant dans sa bouche et aspire le sang de toutes ses forces, car le sang a tendance à se coaguler à l’orifice de la verge et il serait dangereux que le Mohel ne procède pas à la Métsitsa. »

Bilada, Brit Yits’hak et Chalom Zakhar 

Dans la communauté achkénaze, il est de coutume de rendre visite au bébé le vendredi soir suivant la naissance et de goûter des mets savoureux. Selon le Troumat Hadéchen, le repas de Chalom Zakhar est considéré comme une Séoudat Mitsva (repas répondant à un impératif religieux). En effet, il s’agit là d’une occasion de remercier Hachem pour la naissance de l’enfant. D’autre part, avant de présenter l’enfant au Roi des Rois lors de l’accomplissement de la Brit Mila , on le présente d’abord à la reine Chabbath.

La veille de la circoncision, soit le septième soir, est appelée Bilada par les juifs de Tunisie. Le mot Bilada est issu de l’espagnol vélada qui signifie veillée. Cette nuit est consacrée à l’étude de la Torah et du Zohar. Même si la Brit Mila doit être repoussée pour des raisons médicales, la Bilada est toujours maintenue à la même date.

L’origine de cette coutume est liée à Rabbi Tsémah Tsarfati Zatsal ; il était alité depuis deux ans, lorsque le prophète Eliahou lui apparut et lui promit que s’il s’engageait à étudier la Torah dans une maison où allait se dérouler une Brit Mila, il serait guéri sur le champ. Rabbi Tsémah Tsarfati donna sa parole au prophète et guérit sur le champ.

Depuis lors, le célèbre rabbin se rendait systématiquement la veille de chaque Brit Mila dans la maison des nouveaux-nés pour y étudier la Torah. Les juifs de Tunisie adoptèrent cette coutume et la conservèrent jusqu’à aujourd’hui, aussi bien en diaspora qu’en Israël (Source : Yéchiva Kissé Ra’hamim).

La Bilada se dénomme également Brit Yits’hak dans l’ensemble du monde séfarade. Il semble que ce nom lui a été attribué par rapport au patriarche Yits’hak, premier enfant juif circoncis à huit jours par son père Avraham. Tout comme la Bilada, la Brit Yits’hak est accompagnée d’un repas festif servi à de nombreux convives et de chants traditionnels.

Le choix du Sandak

Le mot Sandak est dérivé du grec sundikos qui signifie compagnon de l’enfant. Le Sandak tient l’enfant sur ses genoux, pendant que le Mohel pratique la circoncision. Il maintient l’enfant en place et présente au Mohel la zone opératoire. Quelles sont les sources bibliques ou halakhiques de l’usage qui consiste à désigner un Sandak ? Dans le Midrach Cho’her Tov alinéa 35, il est rapporté que le premier Sandak de l’Histoire a été D-ieu Lui-même. En effet, Avraham Avinou avait quelques appréhensions à réaliser la Brit Mila, sachant qu’il devait la pratiquer sur sa propre personne. De ce fait, D-ieu le soutint physiquement et l’aida à réaliser la Brit Mila, remplissant ainsi très clairement un rôle de Sandak. Une autre source biblique apparaît dans Béréchit 50,23 : « Yossef vit à Efrayim des enfants de la troisième génération. Aussi les fils de Makhir, fils de Ménaché furent enfantés sur les genoux de Yossef ». Nos Sages expliquent la deuxième partie du verset par le fait que Yossef fut le Sandak de ses arrière-petits-enfants, ce qui signifie que ses arrière-petits-enfants furent circoncis sur ses genoux.

Une autre source apparaît dans le Yalkout Chimoni (chap.25), à propos du verset : « Tous mes os diront : qui est comme Toi Hachem ! » (Téhilim 35,10). Le roi David détaillait la manière dont chaque membre de son corps servait D-ieu. Hachem s’adressa à David en lui disant : « Que fais-tu ? » David Lui répondit : « Je te loue avec chaque membre de mon corps. Sur ma tête, je mets les Téfiline et avec mes cheveux, je respecte le commandement négatif de ne pas raser les extrémités du crâne ; avec mes genoux, je remplis le rôle de Sandikos pour les bébés au moment de la Mila et de la Péria. » »  

Le Rama (Rabbi Moché Isserlès) dans son ouvrage Darké Moché (Yoré Déa 265,11), rapporte un enseignement du Maharil (Rech Halakhot 66,1), selon lequel le Sandak a plus d’importance que le Mohel puisqu’il est appelé à la Torah avant le Mohel. En effet, le Sandak qui tient le bébé sur ses genoux a le même statut que celui qui aurait construit un autel et y aurait offert de l’encens.

Le Rama (Yoré Déa 264,1) enseigne qu’il est souhaitable de rechercher un Mohel et un Sandak d’un haut niveau spirituel. Le Lévouch (alinéa 264, par. 1) explique que la raison en est que le Sandak a une influence importante sur le bébé, en ce qui concerne son avenir spirituel (Maharil). Ceci explique le fait que nombre de personnes recherchent comme Sandak un Roch Yéchiva ou un Rav célèbre. Selon d’autres sources (Rékanati alinéa 590, Or Zaroua), il est suffisant que le Sandak soit un bon juif, c’est à dire respectueux de la Torah et des Mitsvot, même s’il n’est pas un grand Talmid-‘Hakham.

Quant à la question de savoir s’il faut préférer un Sandak Talmid-‘Hakham ou bien plutôt un membre de sa famille, même s’il n’est pas Talmid-‘Hakham, le ‘Hakham Tsvi répond qu’il faut donner la priorité à un membre de sa famille, à l’image de ce qui a cours dans les Halakhot de Tsédaka où l’on donne la priorité aux membres de sa famille (cf. l’article https://www.torah-box.com/vie-juive/mitsvot/tsedaka/la-tsedaka-un-concept-revolutionnaire_10964.html ).

Certains ont l’habitude de se tremper au Mikvé. C’est ce que recommande le ‘Hida dans Birké Yossef (Ot 18) en expliquant qu’il ne sied pas de s’approcher de l’autel en état d’impureté, puisque comme nous l’avons vu, le Sandak a le même statut que celui qui construit un autel et y offre de l’encens (Maharil).

Le père, le Mohel et le Sandak ont l’obligation de revêtir des habits de fête, même si la Brit Mila a lieu dans les neufs premiers jours du mois d’Av. D’après le Yaavets, il est nécessaire que le père et le Mohel revêtent un Talit Gadol. Le Sandak se revêtira aussi du Talit Gadol (Yalkout Yossef, Sova Sma’hot  Tome 2, p.57).

Le siège d’Eliahou Hanavi 

Dans les lois de la Brit Mila telles qu’elles sont rapportées dans le Choul’han Aroukh (Yoré Déa alinéa 265, par.11), il est dit : « Nous avons l’habitude de préparer un siège pour Eliahou qui est appelé "Ange de la Brit ". Lorsqu’on installera le siège à l’endroit où aura lieu la circoncision, on devra dire explicitement qu’il s’agit du siège de Eliahou Hanavi ». La source de ce Minhag est mentionnée dans Pirké Dé Rabbi Eliezer (à la fin du 29ème chapitre). Il y est expliqué que le prophète Eliahou s’était plaint que le peuple d’Israël avait abandonné l’alliance avec D-ieu. Il s’exprima en ces termes : « Il dit : « Je suis empli d’une sainte jalousie pour défendre la gloire de Hachem Tsévakot car les Bné Israël ont abandonné Ton alliance » » (Mélakhim 1-19,10). Hachem lui dit alors : « Par ta vie [formule de serment], aucun juif au monde ne réalisera une Brit Mila sans que tu ne sois présent ». En conclusion, il est dit dans Pirké Dé Rabbi Eliezer qu’à la suite de cela, nos Sages ont institué la coutume qui consiste à préparer un siège honorable pour l’ange de l’alliance. En effet, Eliahou Hanavi est appelé « ange de l’alliance » selon le commentaire du Radak (Rabbi David Kim’hi) sur le verset suivant : « L’ange de l’alliance que vous appelez de vos veux, voici qu’il vient, a dit Hachem Tsévakot » (Malakhie 3,1).  

De fait aujourd’hui, il est de coutume de préparer un siège spécial et somptueux pour Eliahou Hanavi.

Une fois l’enfant dans les bras du Sandak, lui-même assis sur le siège d’Eliahou Hanavi, il est recommandé au Mohel de dire, au moment où il déshabille l’enfant pour procéder à la circoncision : « Ceci est le siège d’Eliahou Hanavi ».

Les bénédictions prononcées

L’obligation de procéder à la circoncision repose sur le père (traité Kidouchin 29a). Aussi le père se tient à côté du Mohel et lui délègue la Mitsva de circoncire son fils (Choul’han Aroukh). La première bénédiction est prononcée par le père, alors qu’il tient le nourrisson dans les bras et avant que le Mohel ne circoncise l’enfant : « Source de bénédictions, Toi  Eternel, notre D-ieu, Roi du monde Qui nous a sanctifiés par ses commandements et nous a ordonné de le faire entrer dans l’alliance d’Avraham notre père ». Cette bénédiction ne comporte pas le terme de circoncision (Mila). De fait, la circoncision est ici replacée dans son cadre initial qui est comme nous l’avons expliqué, celui d’une alliance éternelle entre Israël et D-ieu.

Avant que le Mohel ne circoncise l’enfant, il prononcera la bénédiction : « Source de bénédictions, Toi Eter-nel, notre D-ieu, Roi du monde Qui nous a sanctifiés par ses commandements et nous a ordonné [de pratiquer] la circoncision ». Cette seconde bénédiction est centrée sur la circoncision en elle-même sans mention de l’alliance. En effet, elle est prononcée par le Mohel qui doit accomplir cet acte chirurgical en tenant compte de toutes les contraintes halakhiques et de la manière la plus précise possible. Une fois que le Mohel a circoncis l’enfant, le père prononce la bénédiction de Chéhé’hyianou, dite habituellement lors des évènements heureux, tels que mariage (bien que cette bénédiction ne figure pas dans le déroulé des sept bénédictions du mariage, le Hatan sous la ‘Houpa fait cette bénédiction lorsqu’il inaugure son Talit Gadol qui est neuf, tout en pensant à rendre hommage à Hachem du mérite qui lui est octroyé de fonder un foyer juif. [cf https://www.torah-box.com/vie-juive/cycle-vie-juive/mariage-juif/le-jour-du-mariage-grand-dossier-torah-box_7826.html ], achat d’une maison, de meubles, d’habits ou de bijoux.

Cette bénédiction est également prononcée à l’occasion des jours de fête (Pessah’, Chavouot, Soukot) et de l’accomplissement de certaines Mitsvot liées au temps, comme sonner du Chofar à Roch Hachana, le brandissement du Loulav à Soukot et l’allumage des bougies de Hanouka. Le sens de cette bénédiction est de rendre hommage au Créateur pour ses bontés infinies. Ainsi en est l’énoncé : « Source de bénédiction, Toi Etern-el, notre D-ieu, Roi du monde qui nous a fait vivre et nous a maintenus et nous a permis d’arriver jusqu’à ce moment ». La bénédiction de Chéhé’héyianou fait partie de l’ensemble des bénédictions de remerciement à Hachem.

En l’occurrence, lors de la Brit Mila, le père remercie Hachem du privilège extraordinaire qui lui est octroyé de permettre à son fils de devenir membre à part entière du peuple juif en intégrant l’alliance d’Abraham et en portant fièrement sur son corps un insigne qui est l’emblème de la sainteté et de la soumission à D-ieu.

Le cérémonial de la Brit Mila

Au moment où l’on amène le bébé à la synagogue, l’assemblée est debout et dit : « Bienvenue au nom de D-ieu ». Ensuite le père énonce à voix haute la profession de foi du peuple juif : « Ecoute Israël, l’Eter-nel est notre D-ieu, l’Eternel est un ». Puis le père proclame la royauté de D-ieu :  « D-ieu régne, D-ieu a régné, D-ieu règnera à tout jamais ». Il prononce ensuite les Hochaanot dans lesquelles il invoque le secours de D-ieu : « De grâce, Eter-nel, secours-nous (deux fois). De grâce, Eter-nel, accorde-nous la réussite (deux fois) ».

Le père demande la permission à l’assistance : « Avec l’autorisation de mes maîtres et de mes enseignants » puis récite la première bénédiction qui mentionne le fait que l’enfant est introduit dans l’alliance d’Avraham. L’assemblée et le Mohel répondent en chœur : « De la même façon que tu as eu le mérite de le faire entrer dans l’alliance [de la circoncision], ainsi auras-tu le mérite de le faire entrer dans [le joug] de la Torah, des Mitsvot, du mariage et des bonnes actions ».
Puis le Sandak s’assied sur le siège d’Eliahou Hanavi (qui est rehaussé pour faciliter le travail du Mohel) et reçoit le bébé en l’installant confortablement sur ses genoux. A ce moment, le Mohel proclame à haute voix : « Ceci est le siège d’Eliahou Hanavi, ange de la circoncision, de mémoire bénie ». Le Mohel avant de procéder à la circoncision, prononcera la seconde bénédiction qui souligne le fait que nous avons reçu l’ordre de procéder à la circoncision, sans qu’il y soit fait mention de l’alliance conclue avec Avraham notre père. En effet, l’alliance a déjà été mentionnée dans la première bénédiction. 

Une fois que le Mohel  a procédé à la circoncision, il prononcera la bénédiction de Chéhé’héyianou, récitée lors des événements heureux ainsi que lors de l’accomplissement de certaines Mitsvot.

Ensuite, le Mohel ou un autre membre honorable de l’assemblée brandira une coupe de vin et prononcera la bénédiction suivante : « Source de bénédictions, Eter-nel notre D-ieu, Roi du monde Qui a créé le fruit de la vigne ». Le vin, du fait de son importance, a été choisi par les Sages pour accompagner les évènements importants de la liturgie juive, comme la sanctification du Chabbath (Kidouch), la célébration de sa sortie (Havdala), la sanctification des différents jours de fête (Pessah’, Chavouot, Soukot), ainsi que le mariage (Kidouchin) et la Brit Mila. (cf Brakhot 35a)

Ensuite la personne qui a prononcé la bénédiction sur le vin prononcera une bénédiction sur un bouquet de myrte. Cette bénédiction sur les senteurs est destinée à nous rappeler le don de la Torah sur le Mont Sinaï. En effet, à l’occasion du don de la Torah, Hachem avait fait fleurir le mont Sinaï. Or l’accomplissement du rite de la Brit Mila a une telle importance qu’on le compare au don de la Torah sur le mont Sinaï.

Il est patent de constater que le même verset désigne à la fois l’alliance de la circoncision et l’étude de la Torah : « Si ce n’était Mon alliance jour et nuit, Je n’aurais pas mis en place les lois du ciel et de la terre » (Yirméyahou 33,25). Cela signifie que le maintien de l’alliance de la circoncision ainsi que le maintien de l’étude permanente de la Torah sont indispensables au maintien de l’univers.  

Immédiatement après, sera prononcée toujours par la même personne, la bénédiction suivante : « Source de bénédictions, Toi notre D-ieu, Roi du monde qui sanctifia ton aimé [Avraham Avinou] depuis les entrailles [de sa mère], imprima la loi en sa chair, et scella sur ses descendants le signe de l’alliance sainte. C’est pourquoi, par ce mérite, D-ieu vivant, notre Part et notre Rocher, veuille ordonner le sauvetage de la descendance sainte, notre chair, que Tu as prise en amitié, des affres de la perdition ; au nom de l’alliance qu’Il a imprimée dans notre chair. Source de bénédictions, Toi Eternel qui conclut l’alliance. »

Ensuite, dans la foulée, on procède à la nomination de l’enfant : « Notre D-ieu et D-ieu de nos pères, veuille maintenir en vie cet enfant. Son nom sera dans le peuple juif : (on prononce le nom de l’enfant). Que cet homme [le père du bébé] se réjouisse de ses descendants. Que cette femme [la mère du bébé] se réjouisse du fruit de ses entailles comme il est dit : « Que ton père et ta mère se réjouissent, et que celle qui t’a enfantée soit dans l’allégresse » (Michlé 23,25). Ainsi qu’il est dit : « Je passai à tes côtés et je vis que tu te vautrais dans ton sang et je te dis alors :"Puisses-tu vivre par ton sang ! Et je te répétai : "Puisses-tu vivre par ton sang !" » (Yé’hezkel 16,6). Il est dit aussi : « Il se souvint de Son alliance pour l’éternité. Une parole qu’il ordonna pour mille générations » « ce [l’alliance] qu’il conclut avec Avraham et le serment qu’Il prêta à Yits’hak. Il fit de cela une loi pour Yaacov et pour Israël une alliance éternelle. » (Téhilim 105, 8-10) « Rendez grâce à l’Eter-nel car Il est bon, car Sa bonté est éternelle. » (Téhilim 136,1)

Ce petit (en parlant du bébé), D-ieu le fera grandir. De la même façon qu’il est entré dans l’alliance [de la circoncision], ainsi il entrera dans [le joug] de la Torah, du mariage et des bonnes actions. Qu’ainsi soit la volonté [de D-ieu] et nous dirons Amen. »

« Cantique des degrés : heureux tout celui qui craint D-ieu et qui marche dans Ses voies. » « Le produit de tes mains tu mangeras ; tu en seras heureux et il t’adviendra du bien » « Ta femme sera féconde comme une vigne dans les recoins de ta maison ; tes fils seront comme des plants de vigne autour de ta table » « Ainsi sera béni l’homme qui craint D-ieu » « D-ieu te bénira de Tsion et tu verras les bienfaits dont sera gratifiée Jérusalem tous les jours de ta vie » « Tu verras les fils de tes fils, paix sur Israël » (Téhilim 128)

Enfin l’un des membres de l’assistance dit le Kadich Yéhé Chélama.

Il est important, bien entendu, de donner un prénom à l’enfant qui soit en conformité avec les exigences de la Torah. Pour ce faire, il est possible de consulter l’article suivant : https://www.torah-box.com/etudes-ethique-juive/pensee-juive/choisir-un-prenom-un-defi-spirituel_7193.html 

La Séoudat Mitsva

Après la réalisation de la circoncision, il est d’usage d’organiser un repas pour les convives et la famille. Il ne s’agit pas d’une simple convention mais bien d’une Séoudat Mitsva, c’est-à-dire d’un repas qui répond à un impératif religieux. Il est souhaitable qu’il y ait au moins dix hommes adultes qui y participent. Cependant, on ne repoussera pas la Brit Mila à une heure plus tardive dans l’après-midi par exemple, pour s’assurer de la présence de dix personnes. On ne repoussera pas davantage la Brit Mila au lendemain pour les mêmes raisons. De plus, il est bon que le repas comprenne du pain et de la viande.

Dans le Zimoun (invitation à dire la Birkat Hamazon) qui précède la Birkat Hamazon, on ne dira pas « Ché Hasim’ha Bim’ono » (dont la joie orne Sa demeure), du fait de la souffrance du bébé.

Il est permis d’organiser la Séoudat Mitsva dans la synagogue ou la maison d’études pour des raisons de commodité mais à la condition expresse de respecter la sainteté de l’endroit ; cela signifie qu’il ne sera pas permis d’y tenir des propos légers n’y de s’y livrer à une consommation d’alcool susceptible de mener à l’ivresse.

Il est permis d’animer la Séoudat Mitsva sur un plan musical par un orchestre ou bien par de la musique enregistrée. C’est un grand mérite de participer à cette Séoudat Mitsva, au point que cela protège du Guéhinom.

Si la Séoudat Mitsva de la Brit Mila a lieu lors de la fête de Soukot, il est impératif de consommer le repas dans la Souka, même s’il n’y a pas assez de place pour tous les convives. (Yalkout Yossef, Sova Sma’hot, Tome 2, chap.11, Minhagué Haséouda)

D’une manière générale, dans la préparation et la mise en place de la Séoudat Mitsva, il faudra veiller à la mise en place d’une Mé’hitsa (séparation) cachère entre hommes et femmes. Pour comprendre ce point, on peut se référer au texte : https://www.torah-box.com/vie-juive/cycle-vie-juive/mariage-juif/mariage-separe-pourquoi_2850.html

D’autre part, il est souhaitable de demander aux convives et notamment aux femmes de venir à la Brit Mila dans une tenue décente, conforme aux exigences de la Halakha (cf. https://www.torah-box.com/etudes-ethique-juive/tsniout-pudeur/la-tsniout-expliquee-en-profondeur_2924.html)

La Brit Mila, un rempart contre l’assimilation ?

La Brit Mila fait partie des quelques Mitsvot qui ont été acceptées par le peuple juif avec joie. Et de ce fait, cette Mitsva a toujours été respectée par l’immense majorité du peuple juif, y compris dans les circonstances les plus difficiles, comme à l’époque de ‘Hanouka, où les Grecs interdirent la circoncision. En effet, comme l’explique le grand-rabbin d’Israël, le Rav Yits’hak Yossef, le secret de l’accomplissement de la Torah avec dévouement dépend précisément de notre degré d’enthousiasme dans l’acceptation des Mitsvot.

Plus récemment, l’apparition de la Haskala au début du dix-neuvième siècle a déclenché un mouvement d’assimilation sans précédent, notamment en Europe, qui s’est traduit par l’abandon massif de la pratique religieuse et un taux élevé de mariages mixtes. Les conséquences s’en font sentir jusqu’à aujourd’hui, si bien qu’un certain nombre de juifs issus de mariages mixtes ne sont pas circoncis. On parle bien évidemment du cas précis où la mère est juive et le père ne l’est pas ; dans le cas inverse, l’enfant n’est pas juif et le problème de la circoncision ne se pose pas.

A en croire Rav Avraham Kadoch, président et fondateur de la célèbre association World Brit (https://worldbrit.net), un juif qui n’a pas été circoncis n’est pas vraiment lui-même et n’a pas accès à sa Néchama (âme), son identité profonde. Au niveau astrologique, il n’a pas non plus accès à son Mazal ; c’est-à-dire qu’il y a toujours une configuration astrale qui préside à la naissance de tout être humain et qui lui permettra l’accès à un certain nombre de choses tout au long de sa vie. Pour un juif, il en va un peu différemment et « sa bonne étoile » dépendra notamment du fait qu’il est circoncis ou non. Cela signifie qu’un juif non-circoncis rencontrera un certain nombre de barrières qui ne tomberont qu’une fois qu’il sera devenu membre à part entière du peuple juif.

Le Rav Avraham Kadoch permet à tous les juifs qui n’ont pas eu la chance et le privilège d’être introduits dans l’alliance à l’âge de huit jours, d’être circoncis partout dans le monde, gratuitement et ce, par une équipe médicale de haut niveau. Les témoignages des juifs qui se sont faits circoncire tardivement sont éloquents et vont tous dans le même sens : il s’agit pour eux d’une véritable renaissance, d’une libération, d’un accès à une réalité spirituelle d’une envergure insoupçonnée…

Conclusion

Ainsi que nous l’avons vu, l’accomplissement de la Brit Mila permet à l’homme de retrouver la perfection originelle qui était celle d’Adam Harichone avant la faute. Cependant, dès après la faute, Adam Harichone se vit affublé d’un prépuce qui lui fut légué comme un héritage de son égarement temporaire. Dès lors ses descendants naquirent tous avec un prépuce, à l’exception de six d’entre eux qui eurent le privilège de naître déjà circoncis, témoignant par là d’une hauteur spirituelle peu commune. Ces personnages sont les suivants : Chet (troisième fils d’Adam Harichone), Noa’h, Yaakov Avinou, Yossef Hatsadik, Moché Rabénou et Iyov.

Par ailleurs, il semble que nous vivions à une époque où l’apparence extérieure et l’aspect esthétique des choses ont pris une importance démesurée, en d’autres termes une époque où l’esthétique prime sur l’éthique… Cependant, pour la Torah, il n’y a pas là conflit d’intérêt mais bien au contraire une complémentarité parfaite. Il n’y a qu’à contempler la beauté sublime de l’univers pour se rendre compte que l’esthétique doit être mise en réalité au service de l’éthique, les Dix commandements constituant un écho  d’une précision extraordinaire aux dix paroles qui furent prononcées par D-ieu pour créer le monde (Pirké Avot chap.5, Michna 1).

La réalisation de la circoncision nous donne une illustration très parlante de ce principe. La circoncision réalisée dans les règles de l’art permet à celui qui en bénéficie de se rapprocher de manière très concrète du divin et l’ablation du prépuce revient à écarter en fait des écrans et des voiles très lourds entre l’homme et les plus hauts sommets de la spiritualité. La circoncision permet aussi à l’homme de retrouver une perfection physique indéniable, illustrant ainsi le principe selon lequel l’esthétique doit être au service de l’éthique.

Fort de cet équilibre et de cette harmonie, le peuple juif a pu naviguer sur les mers parfois houleuses de l’Histoire, sans trahir ses convictions et ses principes et se promettant d’arriver à bon port, avec l’aide du Créateur de l’univers, sur les rivages de l’ère messianique...