L’incroyable histoire d’amitié qui va lier un esclave hébreu, Eliakoum à un prince égyptien : Ankhéfènie, sensible à la souffrance humaine.
Sur fond de sortie d’Egypte, découvrez au fil des épisodes comment un héritier du trône égyptien s’apprête à troquer le pouvoir absolu contre une vérité qui le transcende, au fil de ses débats théologiques avec l’un des représentants de la caste la plus méprisée et la plus vile de la société égyptienne.
Résumé de l’épisode précédent :
Après avoir enduré l’esclavage, après avoir succombé aux tentations de l’égypte, après avoir échappé à la magie du sorcier Osmaarê, Eliakoum s’apprête à surmonter la plus difficile épreuve de sa vie. Lui qui est tombé si bas, il s’apprête désormais à affronter le regard de sa famille, et du Rav Aboulkabat Halévy, qu’il a fait torturé quelques jours auparavant.
L’Egypte était noire de poux. Ces insectes recouvraient les champs, la verdure ainsi que les murs de la ville. Les rues étaient désertes, les gens bouchaient les fentes de leurs maisons avec de la paille ou de la terre, espérant endiguer le fléau. Pharaon s’était barricadé dans son palais avec quelques-uns de ses proches conseillers, toujours aussi déterminé à ne pas libérer le moindre hébreu.
Ankhéfènie et Eliakoum arrivaient enfin aux portes de Goshen. La ville faisait contraste avec le reste du pays ; elle qui autrefois était morose et sinistre retrouvait ses couleurs d’antan. Ses fleurs s’ouvraient, laissant apparaître leurs couleurs pourpres, sa verdure s’étoffait, amenant un regain d’oxygène aux habitants qui se baladaient tranquillement dans ses allées. Les travaux forcés étaient suspendus depuis que les agents de corvée étaient occupés à se protéger des épidémies ravageuses qui s’abattaient sur le pays. Une nouvelle ère avait commencé pour les hébreux, celle de la liberté.
Les deux hommes s’introduisirent dans la cité en toute discrétion. Eliakoum luttait en lui-même contre son sentiment de gêne. Il savait que, tôt ou tard, il devrait se confronter au Rav Aboulkabat…
« Nous y voilà, prince d’Egypte », dit-il devant la tente des lévites.
Il déposa le prince et commença à s’écarter doucement.
« Où vas-tu donc encore Eliakoum, je ne peux pas te perdre à chaque fois que je tourne la tête ! »
Eliakoum sourit, gêné.
« Allez, tout le monde sait quelles épreuves tu as traversé… tu verras, tout se passera bien… », rassura Ankhéfènie.
« Prince d’Egypte ! Quel plaisir de vous revoir », avait lancé une voix au loin. C’était le son de la voix paternelle du Rav Aboulkabat
« Et tu m’as aussi ramené mon fils… Eliakoum ». Le Rav s’approchait en direction d’Eliakoum, les bras grands ouverts.
Ce dernier balbutia : « Rav Aboulkabat… justement… il faut que je vous dise… » Il n’eut même pas le temps d’achever sa phrase que le Rav l’enlaça vigoureusement.
Chut, mon fils… je sais tout ce qui s’est passé... tu t’es sorti des griffes du mal à présent… tu as triomphé, Eliakoum, tu as triomphé ! »
Eliakoum fondait en larmes pendant que le Rav poursuivait son étreinte affectueuse. Les deux hommes restèrent un long moment enlacés ainsi, l’un par le fait qu’il retrouvait son élève chéri, l’autre par le fait qu’il retrouvait toutes ses racines.
Les trois hommes pénétrèrent ensuite dans la tente. Ankhéfènie prit place en face du Rav.
« Ankhéfènie, il faut que je t’informe de quelque chose d’important… tu cours un grand danger »
« Encore un, vous voulez dire, on dirait que j’y suis abonné ! »
Le prince se concentra.
« La tradition dit que la dernière des plaies qui est censé s’abattre sur l’Egypte est celle de la mort des premiers-nés… »
Le prince comprit qu’il était concerné.
« Le seul moyen pour que tu y échappes, c’est que tu deviennes l’un des nôtres… »
Le visage du prince s’illumina.
« Même si je devais mourir pour la loi des hébreux, je le ferais, alors me demander de vivre pour elle, c’est un honneur ! Que dois-je faire ? »
« Le rituel implique que tu connaisses quelques lois fondamentales que je t’enseignerai, et ensuite que tu t’immerges dans l’eau d’un Mikvé, c’est un bassin d’’eau qui n’a jamais était puisée dans un ustensile »
«La seule source d’eau que je connaisse en Egypte c’est… le Nil »
« Tout à fait », acquiesça le Rav. « C’est aussi le problème, la garde royale scrute le Nil jour et nuit, et tout le monde te croit mort. »
« Ah oui, ça complique un peu les choses… Que proposez-vous ? »
« De prier D.ieu qu’Il nous aide à saisir le moment opportun… Je dois aussi être présent avec toi pour valider le bain rituel »
« On va y arriver, Rabbi, avec l’aide de D.ieu, j’en suis sûr ! »
« Rav Aboulkabat ? Rabbi ? Vous êtes là ? », appela une voix de femme. C’était Rivka, la sœur d’Eliakoum.
Après un instant, Eliakoum et Ankhéfènie sortirent de la tente. Rivka était enchantée d’avoir enfin retrouvé son frère, mais les nouvelles étaient mauvaises dans la famille d’Eliakoum et sa joie fut entachée par la tristesse de la nouvelle dont elle était porteuse.
« Vient tout de suite, maman est… très fatiguée… »
Tamar n’était plus toute jeune et les travaux constants avaient épuisé sa petite santé. Elle était allongée sur son petit lit de paille, couvert de cette peau de renard que son mari lui avait confectionné de ses propres mains. Sarah, sa jeune fille, veillait à son chevet pendant que Rivka, l’aînée, allait dénicher de la nourriture où elle le pouvait pour assurer la survie du foyer.
Elle s’approcha délicatement de sa maman et lui dit tout bas : « Maman, c’est Eliakoum, il est revenu »
Sarah se leva, la mine attristée, et laissa place à son grand frère au pied du lit de sa mère.
Eliakoum s’approcha les yeux imbibés de larmes… Sa mère était en train de vivre ses derniers instants…
« Ma… maman… ma chère mère, je suis là », lui dit-il en lui saisissant la main.
Elle toussa faiblement.
« Mon fils chéri, tu es revenu ». Elle caressa sa joue humide de ses larmes chaudes.
« Oui maman, tout ira bien maintenant »
Elle sourit avec tendresse.
« Je suis tellement heureuse que tu sois revenu à D.ieu, mon fils… tu as surmonté l’épreuve de ton mauvais penchant… ton père aurait été tellement fier de toi… Maintenant, mon grand, sois fort et guide notre famille dans les voies de Moché… »
Elle lui serra faiblement la main, dans un sourire tendre.
Tournant son regard vers Ankhéfènie qui était présent au côté d’Eliakoum, elle lui murmura, « Merci… Prince de Goshen »
Puis la vieille dame ferma les yeux et plongea dans un profond sommeil, le cœur léger…
De l’autre côté du palais, Moïse, accompagné de son frère Aaron, se rendait vers le lieu protégé où Pharaon prenait son bain. Partout où les deux hommes posaient le pied, les poux s’écartaient, formant une allée lumineuse.
Comme à chaque fois, les deux hébreux surprirent Pharaon et sa garde par leur apparition. Cette fois-ci, Moïse menaça Pharaon que s’il ne libérait pas les esclaves, D.ieu enverrait sur l’Egypte toutes sortes des bêtes sauvages qui investiraient tout le pays.