זאת רגדזיה רנורדת המצרע
Voici la règle imposée au lépreux. (14,2)
Dans le Hovot Halevavot (Chaar Hakeni’a, Chap. 7), il est rapporté que quiconque a coutume de médire sur autrui, on lui enlève ses mérites pour les accorder aux personnes dont il a parlé. Mais ce n’est pas tout ! On lui attribue également les péchés commis par ces dernières.
Cet enseignement stupéfiant a été confirmé par le Maguid céleste qui s’est révélé à Rabbi Yossef Karo en ces termes : « Celui qui dit du lachone hara sur autrui, on lui enlève ses mérites et on les accordait à celui dont il a parlé. C’est la pure vérité ! Et si les gens savaient cela, ils se réjouiraient en entendant qu’on dit du lachone hara sur eux, comme si on leur donnait un cadeau d’or ou d’argent » (Maguid Mécharim sur Parachat Vayakel, dibour hamat’hil od amar)
On raconte qu’un homme médit une fois au sujet d’un certain ’Hassid. Lorsque ce dernier eut vent de ce qui avait été dit sur lui, il s’empressa d’offrir à cet homme un somptueux cadeau auquel il joignit la lettre suivante : « Mon cher frère, je t’offre ce présent en échange du grand cadeau dont tu m’as gratifié.
En effet, à peine as-tu médit à mon sujet que dans le Ciel, on a crédité mon compte de tous les mérites que tu avais acquis tout au long de ton existence ! Si j’ai reçu un cadeau aussi précieux de ta part, à savoir tous tes mérites, n’est-ce pas la moindre des choses que je réciproque ! »
Ce principe se retrouve en filigrane dans les versets suivants : « Qu’elles deviennent muettes, les lèvres menteuses, qui parlent avec insolence contre le juste, par excès d’orgueil et de mépris ! Ah ! Qu’elle est grande ta bonté, que tu tiens en réserve pour ceux qui te craignent, que tu témoignes à ceux qui ont foi en toi, en face des fils de l’homme ! » (Téhilim 31,19-20).
Et le Méam Loez d’expliquer : ces « lèvres menteuses » qui perdent l’usage de la parole désignent celles des médisants qui perdent leurs mérites au profit de « ceux qui te craignent » , les personnes dont ils ont parlé et qui se voient donc attribuer tous leurs mérites.
Dans le traité Arakhine (p.15), nos Sages de mémoire bénie enseignent que le mot metsora (lépreux) est dérivé des mots motsi chem ra (la diffamation). Ils en déduisent que la lèpre décrite dans la Torah est un châtiment pour la faute de la médisance.
La purification du lépreux, remarque le ’Hafets ’Haïm, était confiée au Cohen. C’est en effet ce dernier qui prononçait le verdict du lépreux et décidait s’il était pur ou impur. Pourquoi une telle influence ? demande le maître de Radin. Et de répondre : étant donné que les plaies viennent à cause de la faute de la parole, la Torah a ordonné que la guérison de la maladie provienne elle aussi de la force de la parole du Cohen qui le déclarait pur.
A quoi cela ressemble-t-il ? A un enfant qui vient rendre visite à son père ouvrier dans une grande usine de textiles. L’enfant pénètre dans la grande salle de production et y découvre des centaines de différentes machines en action.
« Combien y a-t-il de machines ? demande le petit visiteur, médusé.
— Il y en a exactement 248, répond le père. La première tisse les fils, la deuxième les coupe, la troisième les enroule etc. »
Soudain, l’enfant aperçoit au coin de la salle une imposante machine entourée de barrières de protection et surmontée de panneaux d’avertissement qui en barrent l’accès.
« A quoi sert cette grosse machine dans le coin ? interroge l’enfant.
— Cette machine, répond le père, est le générateur qui fait fonctionner toutes les autres machines. Si elle tombe en panne, toute l’usine s’arrête ! Voilà pourquoi elle est aussi bien gardée. »
De même, conclut le ’Hafets ’Haïm, le corps humain est composé de 248 organes. Mais le plus important de tous est la langue car c’est elle qui décide du maintien de tous les autres organes comme il est écrit : « La vie et la mort dépendent de la langue » (Michlé 18). Si l’homme utilise sa langue à des fins constructives comme la prière ou l’étude de la Torah, il insuffle de la vitalité à tous les membres de son corps. Mais si, D.ieu préserve, il s’en sert pour médire d’autrui, c’est tout son corps entier qui en pâtira !
Le ’Hafets ’Haïm ajoute que si l’homme effectuait le simple calcul suivant, il prendrait conscience de la gravité de la faute de la médisance.
« Supposons, disait-il, qu’un homme prononce 5 paroles dérogatoires par jour. En une semaine, il aura donc transgressé 35 interdits. En un mois, ce chiffre aura atteint la triste barre des 150, et en un an, celle des 1800 ! Et si l’on multiplie ce chiffre par 70, la durée de vie moyenne de l’homme, on obtient la somme effarante de 126 000 pêchés ! Or comme on le sait, chaque mauvaise action crée un terrible ange accusateur dans les hauteurs célestes... Ose-t-on seulement imaginer les ravages causés par une telle armée maléfique ? »