Emor, la Paracha de cette semaine, nous parle du devoir de sanctifier le nom de D.ieu. Cette Mitsva commence par un petit geste en l’honneur de D.ieu, et va jusqu’à mourir afin de ne pas transgresser l’un des trois interdits capitaux (le meurtre, l’idolâtrie et les relations interdites).
La grandeur de cette Mitsva nous encourage à apprendre les différentes facettes de cette loi, afin de ne rater aucune occasion. Ainsi, avec l’aide du Ciel, nous allons essayer de développer ses deux principaux aspects qui apparaissent au quotidien. En effet, cette Mitsva se trouve à notre portée et nous avons la possibilité de l’accomplir plusieurs fois par jour.
Les Mitsvot et les comportements qui augmentent l’honneur de D.ieu à nos yeux.
Certaines Mitsvot augmentent particulièrement le KevodChamaïm (l’honneur du Ciel) par leur simple accomplissement. C’est le cas par exemple de l’honneur rendu aux livres de Torah, aux synagogues et aux érudits. L’essence même de ces Mitsvot est de respecter notre Créateur.
De même, certains passages de la prière proclament notre volonté de voir le dévoilement de la gloire divine. Le Kaddich par exemple est une prière demandant de voir le Nom de D.ieu loué et glorifié. Dans la Kédoucha, nous exprimons explicitement notre émerveillement devant la sainteté divine… Toutes ces prières nous élèvent et purifient grandement notre âme.
C’est aussi la raison pour laquelle nos Sages insistent sur l’importance de répondre "Amen" après avoir entendu une bénédiction ou durant le Kaddich, ainsi que de proclamer : "Yéhé Chéméh Rabba Mévarakh" - "Que Son grand nom soit sanctifié !" Celui qui est pointilleux de répondre avec entrain verra ses fautes pardonnées et annulera tous les mauvais décrets.
Ce petit mot (Amen) est immense car nous affirmons ainsi notre accord pour glorifier le Saint béni soit-Il. Certaines bénédictions comportent aussi une requête, et le Amen est alors aussi une prière pour voir la demande exaucée. Le Kaddich est une prière pour la gloire de D.ieu et chaque Amen que l’on y répond est une prière pour le dévoilement de la Présence divine. Il faut se renforcer continuellement pour ne pas oublier de répondre Amen. Chaque Amen répondu avec concentration est un trésor qui contribue à la réparation des fautes.
Un jour de Kippour, le Rav Kédouchat Halévy priait avec ses élèves. Le Rav sentait que de lourds décrets menaçaient le peuple juif et il redoubla de prières pour empêcher les malheurs. Malheureusement, le Rav avait l’impression que ses prières et celles de ses élèves n’étaient pas assez puissantes pour calmer les accusations sur le peuple d’Israël. Soudain, le Rav ressentit que les menaces s’étaient dispersées et qu’il n’y avait plus de danger.
Les jours suivants, le Rav pria beaucoup pour savoir par quel mérite les accusations n’avaient pas été prises en compte. Finalement, on lui dévoila du Ciel que c’était par les prières d’un groupe de cantonistes qui se trouvaient dans un village voisin.
Les cantonistes étaient ces soldats juifs qui avaient été kidnappés dans leur jeune âge (entre 8 et 10 ans) et avaient été contraints à un service militaire de plus de 20 ans. Malheureusement, ces jeunes enfants ne connaissaient plus rien de leur patrimoine, et rares étaient ceux qui se savaient juifs. Le Rav était stupéfié d’apprendre que ses prières n’avaient pas été suffisantes pour annuler les décrets, mais que celles des cantonistes avaient détourné les malédictions.
L’année suivante, le Rav décida d’aller prier avec eux afin d’éclaircir ce mystère. Quelles prières pouvaient-ils bien faire ? Le Rav s’aperçut que les prières étaient les plus simples possible. La plupart des participants ne savaient pas lire et ne montraient pas de motivation particulière. Cette prière dépassait-elle celle de ses élèves ?
Mais voici qu’avant la prière de Néila, la dernière prière de ce saint jour, l’officiant s’adressa à l’assemblée. Chers amis, dit-il, nos frères et sœurs s’apprêtent à réciter la prière la plus émouvante de toute l’année. Certains d’entre eux demandent la subsistance, d’autres prient pour leur conjoint et leurs enfants. Nous, les cantonistes, n’avons pas sur quoi prier : nous n’avons ni femmes ni enfants et notre âge ne nous permettra pas d’en avoir. Notre subsistance nous est assurée par le tsar et ce, jusqu’à la fin de nos jours. Alors arrêtons-nous un instant, préparons-nous et prions du fond de notre cœur pour voir réapparaître la gloire divine.
Puis, sans attendre, l’officiant enchaîna par le Kaddich qui fut répondu de tout cœur et qui ouvrit les portes du Ciel. A présent, le Rav comprenait le mérite particulier de ces cantonistes. (Chomer Emounim)
Si c’est le niveau qu’ils ont atteint en exprimant leur volonté de glorifier le Nom de D.ieu, alors combien est plus grand le niveau et le mérite de ceux qui ont de quoi prier et qui oublient momentanément leur besoin afin de prier du fond du cœur pour la gloire divine.
Toute Mitsva glorifie le Nom de D.ieu
Toutes les Mitsvot que nous accomplissons sont une proclamation de la gloire divine. Et ce, qu’il s’agit d’une Mitsva vue par d’autres personnes ou non. En effet, les Mitsvot "visibles" et connues des autres sanctifient grandement le nom de D.ieu car un comportement selon la Torah montre notre attachement au Tout-Puissant. Lorsque l’on s’habille avec Tsniout (pudeur) ou que l’on va étudier à la Yéchiva, au séminaire, dans des cours de Torah, lorsque nous respectons nos parents etc., nous montrons notre soumission à D.ieu et à Sa volonté.
Il n’y a pas de plus grande sanctification du Nom de D.ieu que de faire Téchouva et d’être fidèle à ses Mitsvot. En particulier lorsqu’il est difficile d’y arriver. Le Sefer Ha’hassidim dit que quelqu’un qui accomplit une Mitsva et qui se fait mépriser ou a honte (ce qui est fréquent lorsqu’une jeune fille essaye de s’habiller avec Tsniout ou avec quelqu’un qui essaye d’être Chomer Néguia), s’il résiste aux pressions et persiste dans la Mitsva malgré la honte, il est considéré comme étant mort pour la gloire de D.ieu.Celui qui meurt pour sanctifier le Nom de D.ieu est très grand, mais celui qui vit en sanctifiant le Nom de D.ieu est encore plus grand.
[Précisons tout de même que les pressions et les hontes ne dureront pas longtemps. Si nous persistons envers et contre tout, les difficultés tomberont entièrement. Mais pour cela, il faut passer le test et être convaincu de la grandeur de notre service divin. Si nous trouvions un trésor et que nos amis ne comprenaient pas sa valeur, nous empêcherions-nous de le prendre pour ne pas avoir honte ?]
Même les Mitsvot faites dans la discrétion la plus totale contribuent au Kiddouch Hachem, car tous les Cieux aperçoivent cette Mitsva et louent le Saint béni soit-Il. Ces Mitsvot faites sans aucune pression extérieure montre le Lichma (désintéressement) qu’elles contiennent et ont une immense valeur. La règle est qu’il faut essayer d’accomplir toutes les Mitsvot en l’honneur de D.ieu.
Si l’on nous racontait qu’un homme se lève tôt tous les matins, descend en bas de la colline pour puiser de l’eau de la rivière, puis remonte chargé de deux seaux remplis d’eau sur ses épaules, et se dirige chez son voisin pour remplir ses tonneaux, nous serions très admiratifs devant cet acte de bonté. Et s’il se comportait de la sorte plusieurs fois par jour et remplissait les tonneaux de tous les habitants du village, il serait à nos yeux aussi généreux qu’Avraham Avinou ! Une bonté inégalable !
Savez-vous qu’il existait une telle personne dans chaque ville, dans chaque village ? En effet, cet homme n’était autre que le puiseur d’eau. Cependant, tout le monde le raillait et le traitait d’égal à égal. Personne ne se levait pour l’honorer comme on aurait dû le faire envers une personne si juste et pieuse. Au contraire, sa tâche était sans valeur et très méprisée. Sans parler du fait que les gens se méfiait de lui et avait peur qu’il ne les vole…
Pourquoi douter d’une personne si généreuse et gentille ? La réponse est simple : cet homme n’était pas spécialement bon et généreux. Il puisait l’eau pour gagner de l’argent, une pièce par seau. Ainsi, d’un homme juste et bienfaisant, le puiseur d’eau était considéré comme un simplet dont toute l’intention n’était orientée que sur le bénéfice qu’il allait recevoir. Voici un exemple vivant de la place de nos intentions dans nos actes.
C’est l’une des raisons pour laquelle il est très louable de dire, si possible, avant les Mitsvot (avant d’étudier la Torah, de prier, de s’habiller avec pudeur, de revêtir le Talit etc.), la déclaration suivante : « En l’honneur de D.ieu ». Ces mots élèvent nos Mitsvot et nous sanctifient grandement. Mais attention à ne pas nous méprendre en pensant qu’une Mitsva qui n’est pas faite pour la gloire de D.ieu n’a pas de valeur. Chaque Mitsva a une grande sainteté, même si elle est faite machinalement ou pour gagner de l’argent etc. Nous ne devons en aucun cas nous empêcher de participer à des programmes avec des bourses etc. C’est une immense Mitsva dans tous les cas, et heureux celui qui mérite de l’accomplir.
Nous avons la possibilité de sanctifier le Nom de D.ieu en multipliant les Mitsvot en général. Soyons forts et essayons au moins pour quelques jours d’agrandir le Kevod Chamaïm, Amen.