Connaissez-vous la première question que l’on nous posera en arrivant devant le Tribunal Céleste à 120 ans ?
Le Talmud (dans le traité Shabbat 31a) nous répond :
As-tu fait du commerce avec honnêteté ?
Depuis quelques générations, la synagogue et certains rites ont pris une place centrale dans la vie du Juif. Pour beaucoup d’entre nous, nous ressentons notre vie juive en priant, mettant notre talit, nos Tefilines, en suivant le Sefer Torah dans les allées du Beth Haknesset, en allumant nos bougies de Shabbat ou en mangeant Casher.
A l’extérieur de chez nous ou de la synagogue, nous nous sentons seul, comme parcourant une jungle où notre Judaïsme n’a pas à s’exprimer.
Cette sensation est une grande erreur. Cette erreur entraine d’ailleurs à penser que Dieu attend de nous de vivre notre vie de Juif moins de deux heures dans notre journée.
Alors qu’elles sont moins connues, les lois Ben Adam LaHavero (entre l’Homme et son Prochain) sont décrites dans des centaines de pages du code de lois juives (le Choulhan Aroukh), plusieurs traités du Talmud et surtout, elles ont une importance similaire aux autres lois. D’ailleurs, plus grave, nous ne pouvons faire Techouva sur l’infraction de ces lois pendant Kippour. Il faut obligatoirement réparer les dommages générés (rendre l’argent que l’on aurait volé par exemple) pour se repentir.
Ces lois sont remplies d’amour du prochain, d’une attention très particulière à ne jamais tricher et surtout à veiller à ne jamais gagner un centime qui ne nous reviendrait pas.
Il faut noter qu’il est strictement interdit de tricher ou voler son prochain Juif mais aussi tout non-juif quelle que soit sa nationalité, religion ou le mal qu’il a pu nous faire.
Qu’est-ce que cela signifie pour nous ?
Cela signifie que dans le monde du travail, Hashem nous a donné le devoir d’être des hommes (et femmes évidemment) les plus honnêtes et transparents qui soient.
Les patrons ou prestataires de services devront, par exemple, veiller à payer les salariés et fournisseurs à temps, à les respecter, à présenter leurs produits de la manière la plus claire possible afin que le client puisse acheter en pleine connaissance de cause, à fixer leurs prix honnêtement sans profiter de la méconnaissance du client.
Ils devront aussi veiller à ce qu’il n’y ait pas de prêts à intérêt entre juifs ou avec une société appartenant à un juif (les lois de prêts à intérêts ne concernent que les Juifs entre eux).
Les employés ou prestataires payés à l’heure, veilleront à ne pas utiliser la moindre minute de leur temps de travail pour des sujets personnels (veiller à éteindre ou mettre sous silence son smartphone pendant ses heures de travail pour bien se concentrer), à être en pleine forme, à respecter le règlement intérieur de l’entreprise, à ne pas mentir en entretien d’embauche, à ne pas utiliser le matériel de l’entreprise à des fins personnels, à être respectueux envers tous leurs collègues. Ils ne devront pas se dire que leur éventuel bas salaire ou leurs mauvaises conditions de travail leur donnerait le droit d’enfreindre ces règles.
En clair, être des employés modèles faisant du Kiddoush Hashem (sanctification du nom divin) toute la journée.
En général, nous veillerons tous à faire des métiers ou vendre des produits dont nous aurions pu être client sans se considérer comme ayant été escroqués.
D’ailleurs, la Halakha (Hoshen Mishpat – 228 :6) va bien plus loin dans son souci d’honnêteté infinie : Il est interdit de vendre à un non juif de la viande non casher si toute laisse à penser qu’elle est Casher !
Quelle importance ? Nous savons très bien qu’une personne non juive peut manger de la viande non casher sans aucun problème.
Cette interdiction s’appelle du « vol d’esprit » (Gnevat Daat) dont le Rambam affirme qu’elle est encore plus grave que le vol car la personne en face de nous ne se rendra jamais compte qu’elle a été trompée.
La Torah n’accepte pas le moindre instant que l’on puisse cacher une information si importante à son Client même si elle n’a pas obligatoirement une incidence pour lui.
Ce ne sont que des exemples et il est de notre devoir à chacun d’entre nous d’étudier longuement ces lois en détail.
Certains d’entre vous pourront affirmer que le monde du Business ne fonctionne pas comme cela. Que beaucoup de gens riches le sont devenus car ils étaient des gens malhonnêtes. Qu’il est impossible de survivre dans le monde des affaires sans tricher, mentir ou essayer de convaincre un client dont nous savons qu’il n’a pas d’utilité réel pour le produit que nous lui proposons.
Tout cela est faux et c’est justement contre cette conception que la Torah veut lutter.
Si l’on analyse la vie de Yaacov citée dans la Torah, nous y voyons principalement une vie de travail pendant vingt ans, chez Lavan, son beau-père qui est considérée selon la tradition orale comme le principal représentant de la malhonnêteté (Notons au passage qu’il s’appelle « Blanc ». Oui les escrocs pensent toujours être blancs et se trouvent généralement de bonnes excuses quand ils doivent s’expliquer).
Oui, Yaacov a vécu entouré de voleurs, de tricheurs et de menteurs mais a veillé toute sa vie à ne pas se faire influencer, à ne pas voler son employeur, à travailler honnêtement.
Vingt ans sans que son employeur ait le moindre manquement à lui reprocher.
Yaacov avait confiance en Hashem et savait parfaitement que c’était lui qui était son vrai « patron » et qu’il allait subvenir à tous ses besoins de toutes façons.
C’est après cette épisode que Yaacov a eu la chance d’être appelé Israël.
Nous sommes les enfants d’Israël. Nous sommes présents sur terre pour représenter Dieu via cette droiture et honnêteté. Reprenons notre mission à cœur et laissons-le subvenir à nos besoins avec foi et comme il l’entend sans faire le moindre faux pas.