Dans la Paracha Chémini (9, 23) il est dit : "Moché et Aharon entrèrent dans la Tente d’assignation; ils ressortirent et bénirent le peuple, et la gloire du Seigneur se manifesta au peuple entier."
Rachi écrit à ce propos : « Lorsque Aharon vit que, toutes les offrandes ayant été présentées et tous les services exécutés, la Chékhina ne s’était toujours pas déployée sur Israël, il en fut affligé et se dit : "Je sais que le Saint béni soit-Il est irrité contre moi et que c’est à cause de moi que la Chékhina ne s’est pas épanchée sur Israël." Il déclara alors à Moché : "Moché, mon frère ! Voilà ce que tu m’as fait ! Je suis entré dans la tente et je suis maintenant honteux." Aussitôt Moché y est entré avec lui, ils ont imploré la miséricorde divine, et la Chékhina est descendue pour Israël. »
S’appuyant sur ce passage, les maîtres du Moussar exhortent tout un chacun à s’inspirer de la conduite d’Aharon qui, plutôt que de rejeter la faute sur autrui, a choisi d’assumer l’entière responsabilité de l’absence de la Chékhina. À notre tour, nous devons veiller à ne pas imputer la responsabilité de nos erreurs à autrui, mais au contraire à chercher le moyen d’améliorer notre propre conduite.
À quoi cela ressemble-t-il ?
À une communauté de personnes aux revenus modestes qui se rassemblent dans leur synagogue pour discuter de la fête de Sim’hat Torah à venir.
« Savez-vous ? fit l’un d’entre eux. Dans la "synagogue des riches", entre chaque danse autour de l’Arche, on offre à tous les fidèles du bon vin.
— Évidemment, soupira son camarade. Ces gens en ont les moyens. Quant à nous, même si nous voulions suivre leur exemple, où trouverait-on les fonds nécessaires pour nous payer un tel luxe ?
— J’ai une idée ! s’écria le troisième. Nous allons installer un fût de vin dans un coin de la synagogue et chaque jour, chacun d’entre nous y versera un petit verre de vin. Sim’hat Torah venu, nous en aurons un fût plein ! »
Les fidèles accueillirent cette idée avec joie et s’engagèrent à procéder de la sorte.
Le jour J, on ouvrit le tonneau... mais, horreur et damnation, celui-ci était entièrement rempli d’eau ! Les fidèles se regardèrent les uns les autres mais nul n’osa émettre le moindre reproche car chacun savait fort bien qu’il avait personnellement versé de l’eau au lieu du vin. Il ne fallut pas longtemps pour que la supercherie soit découverte. « Mes camarades verseront sans doute du vin, avait supposé chacun des fidèles. Qu’arrivera-t-il si, moi seul, je mets de l’eau à la place ? Nul ne s’en apercevra » ... Et c’est ainsi que le tonneau s’était rempli d’eau !
Il en va de même dans la sphère spirituelle. Au fond de nous, nous sommes tous conscients du devoir qui est le nôtre de corriger nos défauts. Le problème c’est que nous attendons que les autres commencent à le faire, plutôt que de nous y mettre nous-mêmes...