La Paracha de Chémini commence par l’inauguration du Michkan, qui est l’équivalent du Temple en miniature. La seconde partie de la Paracha parle du décès des deux fils de Aharon, Nadav et Avihou, morts pour avoir offert un feu étranger. La troisième partie parle des lois de pureté et d’impureté concernant les aliments, soit les lois de la Cacheroute. C’est sur ce dernier point que j’aimerais m’étendre car ces notions, qui peuvent de prime abord sembler un peu archaïques, sont en réalité d’une importance fondamentale pour notre développement personnel.
Que signifie qu’un élément ou qu’une personne est impure ? En hébreu, le terme Tamé (impur) est à rapprocher de Timtoum, qui signifie obstrué, ou déconnecté pour être plus précis. Déconnecté de quoi exactement ? C’est ce que nous allons essayer de comprendre.
Être connecté ou ne pas l’être…
En fait, le fait d’être impur est un état qui n’a rien de péjoratif et n’a rien à voir avec le niveau de la personne. Même le Cohen Gadol pouvait à certains moments se trouver dans un état d’impureté. On part du principe que la notion de pureté, de Kédoucha, n’est jamais perpétuelle. Il est impossible d’être constamment pur, d’être constamment "connecté". Par définition, la sainteté est une notion temporaire.
Rav Wolbe, dans son ouvrage ‘Alé Chour, au chapitre 7, développe une idée qui va nous aider à mieux comprendre. Il explique que le fait de travailler ses traits de caractère n’est pas suffisant car en effet, même après un tel travail, il subsiste encore en l’homme deux forces qui le poussent à agir, que ce soit dans le positif comme dans le négatif : la force de l’imagination et la force des instincts, des pulsions. "Et le point central de l’être humain, poursuit le Rav, est le moi." Le Rav dit en substance que le moi est ce qui supplante les autres forces et que la connexion dont nous parlions plus haut se situe à ce niveau-là. De quoi s’agit-il ?
Ce que la psychanalyse a préféré occulter
Ce n’est que très récemment que j’ai saisi la profondeur de ces paroles du Rav Wolbe, après les avoir pourtant étudiées des dizaines de fois. De quoi est constitué notre moi ? Selon le Rav, le moi comporte trois parties : une première superficielle, une seconde plus élevée et une troisième encore supérieure. La première partie correspond au conscient, c’est-à-dire à l’intellect. La seconde correspond à l’inconscient, constitué des résidus de nos expériences passées, comme par exemple nos traumatismes. Cela inclut aussi l’historique collectif de notre famille, de nos ancêtres, ce qu’on appelle en fait le conditionnement. Ce qui signifie que les décisions que nous prenons tous au quotidien ne sont pas uniquement le fruit de notre réflexion, mais sont à 80% influencées par ce conditionnement.
Le troisième niveau décrit par le Rav Wolbe est quant à lui un ‘Hidouch de la Kabbale, que la psychanalyse a préféré occulter. Il s’agit du "moi saint", que l’on peut aussi appeler "l’inconscient Kadoch".
Cette parcelle a plusieurs particularités : tout d’abord, elle est unique. Ce qui signifie qu’une personne capable de se connecter avec son "moi Kadoch" devient un être parfaitement original. Seconde caractéristique : elle est invariable. Troisième considération : il est impossible de s’y connecter de manière constante.
On a vu des gens ayant passé 30 ans de psychanalyse et qui n’ont finalement pas réussi à changer véritablement. La raison réside dans le fait que la psychanalyse s’attache à résoudre les blocages au niveau du seul inconscient, sans prendre en considération le moi Kadoch. La pureté en revanche est le fait de réussir à connecter notre conscient avec notre inconscient Kadoch et c’est ce qui permet un véritable épanouissement de notre personnalité.