Accepter les paroles de nos Sages n’est pas évident pour tous. Ainsi, certains acceptent volontiers les prescriptions de la Torah, mais éprouvent plus de difficultés à l’égard des décrets rabbiniques. Un verset de notre paracha vient nous rappeler non seulement l’importance, mais surtout la place qu’occupent les décisions de nos Sages dans les préceptes de la Torah.
Le verset annonce dans la paracha de Rééh : « Observe et écoute tous ces préceptes que Je te donne, afin que tu sois heureux, toi et tes descendants à jamais, parce que tu auras fait ce qui est bon et droit aux yeux de l’Eternel ton D.ieu » (Dévarim 12, 28).
Or, une certaine incohérence règne de toute évidence dans ces mots. Tout d’abord, que signifie « observer » avant même d’avoir « écouté » ? De plus, pour quelle raison le bonheur des générations futures est-il invoqué précisément dans ce verset ? Enfin, il semble incorrect de mentionner dans une seule phrase deux causes pour un même effet : « Observe et écoute afin que tu sois heureux (…) parce que tu auras fait (…) ».
Selon le Or ha’Haïm, ces différentes questions se résolvent lorsque l’on prend conscience du fait que la « sauvegarde » de la Torah réside précisément dans l’obéissance aux préceptes rabbiniques. Car il faut savoir que lorsque nos Sages imposent de nouveaux décrets et élargissent l’étendue de certaines interdictions, ce n’est nullement en vue de nous imposer des « ‘houmrot » superflues ou faire preuve d’un zèle accru. Au contraire, toute décision des Sages est en vérité l’unique moyen de conserver la Torah intacte, et d’en préserver l’observance.
Car contrairement à ce qu’on pourrait croire, la Torah ne se conçoit que suivant ce modèle où elle impose des préceptes, qui exigent eux-mêmes, par essence, d’être maintenus à l’aide de barrières supplémentaires ; autrement dit, la Torah a dessiné le contour de lois et d’interdictions, en laissant sciemment le soin aux Sages d’intervenir, et de le rajuster par la suite… Ceci explique le verset de notre paracha : « Observe et écoute » – l’observance de la Torah est directement dépendante de l’obéissance aux prescriptions rabbiniques. Car c’est de cette manière uniquement que le respect de la Torah pourra être à préservé à jamais, pour toutes les générations à venir.
C’est aussi en ce sens que s’explique la redondance apparente dans notre verset : « Observe et écoute » – si nous acceptons de plein cœur les décrets prononcés par nos Sages, nous aurons alors l’assurance « d’être heureux » et ce, par le mérite d’avoir fait « ce qui est bon et droit aux yeux de D.ieu » – car c’est de cette manière seulement que nous aurons la garantie d’avoir accompli scrupuleusement la volonté de notre Créateur.