La Haftara de cette semaine est la dernière de la série des « Haftarot de consolation ». Elle en constitue le point d’orgue et parachève la volonté de consolation initiée après Ticha Béav.
Cette consolation trouvera son accomplissement final à travers la venue du Machia’h et la reconstruction du Beth Hamikdach.
Liens avec la Paracha
La Haftara de cette semaine a donc été choisie, comme toutes celles de ces dernières semaines, en fonction de son lien avec la thématique de la consolation. Mais comme toujours, nous pouvons trouver des liens avec la Paracha de la semaine.
La Paracha de Nitsavim évoque notamment la grande joie d’Hachem de prodiguer du bien aux enfants d’Israël : « L’Eternel se plaira de nouveau à te faire du bien, comme Il s’y est plu pour tes ancêtres » (Dévarim 30, 9), que l’on peut rapprocher du verset de la Haftara comparant la joie ressentie par Hachem avec les Bné Israël à celle du ‘Hatan et de la Kala : « Comme le fiancé se réjouit de sa fiancée, ton D.ieu se réjouira de toi » (Isaïe 62, 5).
L’écho de la Haftara
Comme nous l’avons évoqué, les Haftarot de consolation ont vocation notamment à nous rappeler l’horizon de félicité qui nous attend avec la venue du Machia’h et la reconstruction du Beth Hamikdach.
Le Talmud mentionne que le Machia’h viendra quand toute la génération sera coupable, ou bien lorsqu’elle sera entièrement méritante. Ce principe renvoie finalement l’homme à son éminente responsabilité quant à sa propre destinée et à celle de l’humanité.
A l’image de nombreux versets de notre tradition, l’homme est invité à se considérer à la croisée des chemins. Devant lui, s’offrent deux voies : d’une part, celle du bien qui se définit notamment par la volonté de l’homme de s’améliorer, de se parfaire grâce à un examen de conscience régulier et une progression constante, chacun à son niveau, dans la Torah, les Mitsvot et les bonnes actions ; d’autre part, celle de l’absence d’effort où l’homme ne permet pas à sa Néchama (son âme) de s’épanouir, vivant ainsi sous l’emprise des différentes tentations qui l’assaillent.
Ainsi, selon la voie qu’il emprunte, l’homme a la possibilité d’accélérer l’histoire et de déclencher la venue du Machia’h grâce à son comportement vertueux, ou bien d’être passif et d’attendre la venue du Machia’h qui viendra inexorablement au temps fixé par Hachem, même si toute la génération est coupable, comme nous le disent nos Sages.
C’est à ces deux voies que renvoie notre Haftara lorsque le prophète évoque cette métaphore : « Car de même que le sol développe ses plantes, de même qu'un jardin fait germer les graines qui lui sont confiées, ainsi D.ieu, l'Eternel, fera éclore le salut et la gloire à la vue de toutes les nations » (Isaïe 61, 11).
Nos Sages nous proposent de voir, à travers les plantes qui poussent sur la terre, la situation du monde lorsque les hommes ne font pas d’effort et se laissent porter sans investissement personnel significatif, à l’instar des herbes qui poussent spontanément sur la terre. Inversement, les graines qui poussent dans un jardin sont le fruit d’un effort de l’homme, d’une démarche volontaire où il s’engage dans la construction du monde et dans son Tikoun (sa réparation).
Nos Maîtres, et notamment Maïmonide (Michné Torah, Hilkhot Téchouva), nous invitent à méditer profondément cette notion de libre arbitre à la veille de Roch Hachana. L’homme doit ainsi se pénétrer qu’il est essentiellement libre de la voie dans laquelle il s’oriente, aucune prédétermination ne le condamne à suivre un chemin qui ne lui convient pas.
Certes, le travail peut parfois paraître a priori considérable, voire décourageant, mais l’homme n’est pas seul : Hachem se tient à ses côtés pour l’aider dans des proportions que nous n’imaginons même pas… Dès lors, le découragement est impossible et il est même « interdit », comme nous l’affirme Rabbi Na’hman de Breslev.
Ce que l’on demande à l’homme, c’est un petit geste, une action, voire des « paroles » sincères et authentiques qui sortent du cœur, comme nous y invitera le prophète la semaine prochaine : « Armez-vous de paroles ».
Cet éveil intérieur personnel provoquera un réveil « d’en haut » qui portera l’homme vers des sommets qu’il ignore. Cela nous permettra également, avec l’aide d’Hachem, d’être tous inscrits, au niveau individuel et collectif, dans le livre des Vivants, matériellement et spirituellement.
Ktiva Vé’hatima Tova à tous ! Chana Tova Oumétouka !