Lors du récit de la construction du Michkan, la Torah affirme dans la Paracha Vayakhel : « Tout homme dont le cœur est inspiré viendra. »[1] Le Ramban écrit qu’elle se réfère à ceux qui vinrent tisser, coudre et construire. Où ces personnes avaient-elles appris à effectuer des tâches si habiles ? Le Ramban répond qu’elles découvrirent ce talent caché, grâce à leur profond désir d’accomplir la volonté d’Hachem – d’aider à construire le Michkan. En voyant une telle ardeur, Hachem leur donna la possibilité de faire des choses qu’elles n’avaient jamais apprises !

Hachem accorde à chacun des talents uniques qui doivent l’aider à atteindre son objectif sur terre. Connaissant nos forces et nos faiblesses, nous risquons de limiter nos activités aux secteurs dans lesquels nous excellons et d’ignorer ceux dans lesquels nous nous sentons moins doués. Si quelqu’un s’estime, per exemple, incapable de parler en public, il sera intimidé, même quand il sera nécessaire de discourir, parce qu’il s’est « étiqueté » comme incompétent dans ce domaine. Le Ramban nous prouve que cette attitude est erronée – les hommes qui se sont lancés dans la construction du Michkan n’étaient pas conscients de leur savoir-faire. Mais leur dévouement leur fit découvrir des talents jusqu’alors cachés, qui purent être utilisés pour accomplir la volonté Divine.

Plusieurs personnes décidèrent de dévoiler des dons insoupçonnés et accomplirent, par conséquent, de grandes choses. L’un des exemples les plus remarquables est celui du Natsiv. Ce dernier raconta que dans son enfance, il manquait de sérieux dans son étude de la Torah. Ses parents déployèrent tous les efforts possibles pour l’aider à changer, mais en vain. Un soir, il surprit l’une de leurs discussions à propos de ses échecs – ils conclurent qu’il n’avait aucune chance de devenir un Talmid ’Hakham (érudit en Torah) et qu’il valait donc mieux qu’il devienne cordonnier. Ils espéraient toutefois qu’il resterait pratiquant, honnête et dévoué. En entendant cela, le Natsiv, choqué, décida de prendre ses études de Torah au sérieux – cet incident lui fit un tel effet qu’il changea complètement d’attitude et il devint un Gadol (littéralement, un « Grand » ; dirigeant spirituel). Comment réussit-il à atteindre un si haut niveau ? Grâce à son désir de persévérer dans l’étude – c’est ce qui lui fit découvrir ce potentiel exceptionnel.

« Tout le monde ne peut pas devenir un tel Talmid ’Hakham », pourrait-on arguer. Mais l’histoire a montré que ce ne sont pas que les Guédolim qui sont arrivés à de grands résultats – il peut y avoir d’autres domaines d’« expertise » que l’on peut consacrer à l’exaucement du Ratson Hachem (la volonté divine).

« Plusieurs efforts ont parfois été fournis sans porter de fruits et c’est peut-être la preuve que nous sommes dispensés de trop en faire », pourrait-on ajouter. Le ’Hafets ’Haïm répond à cet argument ; il montre tous les efforts que nous sommes prêts à fournir pour nos intérêts personnels. Par exemple, si les affaires déclinent, on ne va pas abandonner rapidement ; on va réfléchir sans cesse à tous les moyens possibles pour améliorer la situation (on prendra même conseil chez d’autres hommes d’affaires…) jusqu’à ce que celle-ci se stabilise. Si le Ratson Hachem avait la même valeur à nos yeux, on chercherait toutes sortes de stratégies, on prendrait conseil, on demanderait de l’aide, etc. pour soutenir la Torah afin que son étude ou son observance ne soit affaiblie. Et Hachem nous aiderait certainement à mener à bien cette tâche. Mais nos motivations ne sont pas si nobles. On a tendance, quand on ne voit pas de solution, à esquiver immédiatement toute initiative.[2]

Rav Méir Shuster était de nature plutôt timide, il aimait étudier et prier dans la Maison d’Étude. Il y a quelques années, il réalisa que des dizaines de Juifs non pratiquants vont chaque jour au Kotel et retrouvent ensuite leur quotidien, vide de Torah. Il comprit la nécessité d’aller contre sa nature, c’est-à-dire d’aborder ces étrangers et d’engager la conversation, pour ensuite les encourager à aller quelque temps en Yéchiva ou en Séminaire. Après tant d’années, il serait difficile de savoir combien de vies furent transformées par sa bravoure. Il est évident que s’il s’était limité à ses forces naturelles, la perte aurait été de taille !

Les gens dont le cœur fut inspiré pour accomplir la volonté d’Hachem et construire le Michkan découvrirent des forces et des talents complètement insoupçonnés. Nous avons aussi la capacité de dépasser nos limites et de réaliser ce qui nous parait impossible !



[1] Parachat Vayakel, Chémot, 35:21.

[2] ’Hizouk Hadat, Ch. 2, p. 14.