La Haftara de cette semaine est tirée du premier tome du livre des Rois. Elle évoque la construction et la décoration du Temple de Jérusalem ainsi que la fabrication de certains ustensiles en cuivre, sous le règne du Roi Salomon. Ce passage fait suite à celui de la Haftara de Térouma qui évoquait la construction du Temple à proprement parler.
Les Haftarot de Térouma et de Vayakel évoquent toutes deux un personnage nommé ‘Hiram de Tyr. Le premier est le roi ‘Hiram qui aidera le Roi Salomon à couper le bois ; le second est un juif, très habile en matière de construction d’ouvrages en cuivre.
Tout au long de cette Haftara, nous assistons à la description d’une partie du décorum qui ornait le Temple, mais aussi à la description des outils qui permettaient d’effectuer le service divin.
Liens entre la Haftara et la Paracha
La Haftara et la Paracha présentent de nombreux points communs. Nos deux textes évoquent la construction d’une résidence sainte pour Hachem : le Michkan dans la Paracha, le Beth Hamikdach dans la Haftara.
Ces deux édifices sont bâtis par des artisans de talents issus des mêmes tribus. En effet, dans la génération du désert, ce sont Bétsalel de la tribu de Yéhouda par son père, et Aholiav de la tribu de Dan qui sont les maîtres d’œuvre de la construction ; et de même, pour le Beth Hamikdach, ce sont le Roi Salomon de la tribu de Yéhouda et ‘Hiram de la tribu de Dan par sa mère qui orchestrent cette réalisation.
Toutefois, des différences significatives existent entre ces deux textes. A l’époque de Moché Rabbénou et de la construction du Michkan, l’ensemble des bonnes volontés étaient les bienvenues pour participer à cette construction et le seul critère était celui de la générosité du cœur ; alors que pour le Beth Hamikdach, on recherche des experts possédant des compétences techniques. C’est peut-être là aussi une des raisons qui expliquent la plus grande sainteté du Michkan par rapport aux constructions ultérieures.
L’écho de la Haftara
Comme nous l’avons vu, les deux tribus appelées à jouer un rôle de premier plan dans la construction du Michkan ou du Beth Hamikdach sont les tribus de Yéhouda (Bétsalel, et le Roi Salomon) et de Dan (Aholiav et ‘Hiram). Or, le choix de ces tribus est significatif dans la mesure où il s’agit de tribus aux prestiges opposés. La première, celle de Yéhouda, est la tribu royale, la plus prestigieuse ; alors que celle de Dan est retenue dans notre tradition comme la moins prestigieuse, dans la mesure où d’une part elle est issue de Bilha, la servante de Ra’hel, et d’autre part, elle est à l’origine de l’introduction d’un culte idolâtre dans le peuple, à travers Mikha.
Nos Sages nous enseignent que D.ieu a volontairement choisi d’associer ces deux tribus pour la construction de Ses résidences saintes afin de rappeler aux enfants d’Israël l’égale dignité de chaque juif à Ses yeux. L’association entre ces tribus évitaient à la tribu très prestigieuse de Yéhouda d’en concevoir une source de fierté supplémentaire qui aurait pu les mener vers l’orgueil, ô combien réprouvé dans notre tradition. De même, la distinction de la tribu de Dan pour cette tâche prestigieuse lui évitait un déshonneur trop grand, et prévenait toute forme de mépris de la part du peuple.
En outre, le choix des personnalités de Bétsalel et ‘Hiram est particulièrement significatif car ce sont des hommes qui ajoutent à une ascendance vertueuse des qualités personnelles remarquables. Bétsalel est le petit-fils de ‘Hour qui a été tué pour s’être opposé au veau d’or que réclamait une partie du peuple ; et ‘Hiram était également le fils d’un artisan de cuivre remarquable.
Mais, évidemment, même si les vertus des ascendants sont précieuses, elles n’exonèrent personne de sa propre responsabilité à l’égard de D.ieu et des hommes. Voilà pourquoi nos deux textes prennent le soin de nous rappeler, dans des termes très proches, que : « Hachem a conféré à Bétsalel l’esprit de D.ieu et l’a doté de sagesse, d’intelligence et de savoir » et que : « Hachem a doté ‘Hiram de sagesse, d’intelligence et de savoir » (Mélakhim 1, 7-14).
Nos Sages soulignent que l’exemple de ‘Hiram nous rappelle, s’il en était besoin, que le service de D.ieu n’est pas réservé à une élite, mais qu’il est ouvert à chaque juif dès lors qu’il développe en lui les qualités morales et spirituelles voulues par D.ieu.
En outre, le respect de chaque Ben Israël est particulièrement cher aux yeux de D.ieu, et le Temple en porte le témoignage à de nombreux égards. Rappelons-nous que l’entretien du Temple, la construction de ses fondations, et les sacrifices quotidiens étaient financés grâce au demi-Chékel que devait donner chaque juif. La même somme était requise du pauvre comme du riche afin de témoigner précisément de cette égale dignité de chaque juif aux yeux de D.ieu, quelle que soit son ascendance, et quel que soit son statut social.
Puissions-nous avoir le mérite de méditer cet enseignement afin de l’ancrer en nos cœurs, et nous permettre de développer ainsi les qualités d’amour gratuit entre nous tous, propices précisément à la reconstruction, avec l’aide d’Hachem très proche, du Beth Hamikdach éternel.