Dans la Paracha de la semaine, Ki-Tissa, Hachem ordonne à Betsalel ben Ouri et à Oliav ben Ahrisamakh de construire le Temple portatif, avec tout l'équipement nécessaire, ainsi que les vêtements des Cohanim. Malgré l'importance de cette tâche, qui a pour but de faire résider la présence Divine au sein de la communauté des enfants d'Israël, Hachem prévient Moché Rabbénou que cette Mitsva ne repousse pas l'obligation de garder le Chabbath. En outre, tous ceux qui transgresseront volontairement ce commandement seront condamnés à mort.
"Les Bné Israël garderont le Chabbath afin d'en faire une alliance éternelle. Ce sera un signe entre eux et Moi, attestant qu'en six jours Hachem a fait le ciel et la terre, et que le septième jour Il s'est reposé." Lorsque l'on réfléchit sur ce texte et l'expression" tous les Chabbath", nous pouvons nous demander pourquoi la punition de celui qui transgresse Chabbath est si sévère, et que signifie que le Chabbath est un signe ?
Le ‘Hafets ‘Haïm explique dans son livre "Ma’hané Israël" que chaque commerce possède une enseigne devant la boutique qui indique à tous la nature du commerce ou de l'artisanat pratiqué à l'intérieur. Tant que réside sur la façade cette enseigne, nous pouvons être certains que le propriétaire exerce encore. Et même si la boutique est fermée pendant quelques jours ou semaines, il est fort possible que le patron est en vacances ou souffre d'une quelconque maladie. Mais dès que l'on retire l'enseigne, il devient évident que le propriétaire est définitivement parti de la boutique.
Il en est exactement ainsi pour Chabbath Kodech. Ce jour vient toutes les semaines témoigner que D.ieu a créé le monde en six jours et s'est reposé le septième. Or, lorsqu'un juif arrête de travailler en ce jour, qu'il s'habille et prépare des repas de fêtes, il montre au monde qu'il croit que D.ieu a conçu le monde et qu'Il renouvelle Sa création chaque jour. De ce fait, il témoigne qu'Hachem est le Maître absolu et que nous sommes contraints d'accomplir Sa volonté puisque tout est à Lui. En outre, si cette personne transgresse quelques ordonnances de la Torah, cette enseigne témoigne qu'elle possède encore la boutique, et que, malgré ses fautes, elle reste attachée à D.ieu et aux Mitsvot. Hélas, lorsqu'elle transgresse le Chabbath, elle enlève cette enseigne, et témoigne qu'elle a fermé boutique et s'est coupée de la religion. Voilà pourquoi nos Sages ont dit que lorsqu'une personne transgresse Chabbath, c'est comme si elle reniait toute la Torah.
Le Rav ‘Haïm Sofer (que son mérite nous protège), un des chefs spirituels de la fin du XIX° siècle, avait un amour pour son prochain qui dépassait de loin la normale. Tous les matins, il se levait avant l'aube afin d'étudier des Michnayot pour l’élévation de l'âme des juifs qui n'avaient pas d'enfants, et pour leur faire le Kaddich. Un jour, on lui fit savoir qu'un homme avait abandonné la Torah et tournait volontairement dans le quartier juif le Chabbath en fumant des cigarettes. Cet homme était le premier qui osait transgresser le Chabbath publiquement. Lorsque Chabbath arriva, le Rav sortit dans la rue et aperçut ce juif qui défiait l'autorité religieuse et fumait aux yeux de tous. Ce Rav eut tellement de peine qu'il donna deux claques à l'insolent. Sans plus attendre, l'agressé porta plainte aux autorités civiles afin de rendre au rabbin la monnaie de sa pièce.
"Pourquoi avez-vous frappé cet homme ?", interrogea le juge. Le Rav répondit : "Parce qu'il a frappé mon père." Surpris, l'agressé s'écria : "Menteur, je ne connais même pas son père !!" "C’est justement à cause de cela que je t'ai frappé, reprit le Rav. Puisqu'il se permet de fumer Chabbath, cela prouve qu'il ne tient surtout pas à connaître notre Père qui est aux cieux, mais bien à salir Son honneur." Le juge non-juif fut tellement interpellé par cette réponse qu'il acquitta le rabbin.
Bien évidemment, il est hors de question de lever la main sur quiconque de nos jours, ni d'agresser verbalement ceux qui profanent la sainteté du Chabbath. Cependant, il est important d'expliquer à chaque juif l'importance de ce jour, qui est appelé la Source de bénédiction. De plus, existe-t-il une Mitsva plus facile et douce à effectuer ? Le monde entier court après le repos. Les gens travaillent pour les vacances et la retraite. La Torah, elle, nous apprend ce qu'est le véritable repos, et nous oblige, un jour par semaine, à nous couper du travail, de la pression extérieure, des informations… Pendant ces vingt-quatre heures, chaque juif se ressource physiquement et moralement. Et c'est dans ce contexte de détente et de plaisirs corporels qu'il peut se retrouver un peu seul avec sa famille, afin de resserrer les liens après une semaine de travail et d'école. Ainsi, lorsqu'un juif goûte aux joies du Chabbath, il ne peut que remercier le Créateur pour ce si beau cadeau.
De nos jours, de nombreuses familles ne profitent pas des douceurs du Chabbath et ont enlevé l'enseigne de notre Torah de leur maison, c'est pourquoi nous avons une obligation de nous renforcer dans l'application de cette Mitsva. Nous devons apprendre et réviser les lois qui concernent ce jour afin de redorer le blason de notre éternel Patron, Amen Ken Yéhi Ratson.