Dans notre paracha, Moché Rabénou refuse à plusieurs reprises de se rendre chez Pharaon pour lui demander la délivrance du peuple hébreu, si bien qu’Il réplique aux demandes insistantes d’Hachem : « (…) De grâce, Seigneur ! Donne cette mission à quelque autre ! », (Chemot, 4, 13).
A son époque, le rabbi de Belz zatsal, rabbi Issa’har Dov Roka’h, fut mis au courant d’une nouvelle invention, celle du gramophone. Des phrases pouvaient ainsi être gravées sur un disque sur lequel elles étaient conservées pour ne se faire entendre que sur demande… « J’avais alors quatre ans, raconta le rabbi, et mon illustre grand-père, le Sar Chalom de Belz zatsal, me prit un jour sur ses genoux et me demanda ce que j’avais étudié au Talmud Torah.
Je lui répondis que l’on nous avait raconté l’épisode du ‘buisson ardent’ ». Cette conversation dura en fait quelques minutes, mais après avoir quitté son grand-père, rabbi Issa’har Dov fut incapable de se rappeler ce dont ils avaient parlé.
Or quelques mois plus tard, le Sar Chalom quitta ce monde et son fils rabbi Yéhochoua lui succéda à la tête de la ‘Hassidout. Après le décès de ce dernier, les ‘hassidim se tournèrent vers son fils, rabbi Issa’har Dov, mais il refusa, arguant qu’il était indigne de prendre la place de son père. « Après de nombreux refus, un éclair me traversa l’esprit !, raconta le rabbi. Soudain, je me souvins de la conversation que j’avais eue avec mon grand-père. Je lui demandais, pourquoi D.ieu se mit en colère contre Moché Rabénou, alors que ce dernier, dans sa grande modestie, était vraiment persuadé qu’il était indigne de sa mission et que son refus de l’assumer était donc tout à fait sincère ».
« Lorsqu’il s’agit de sauver des Juifs, la modestie n’est pas de mise ! », répliqua le Sar Chalom sur un ton tranchant et sans équivoque.
Si bien que rabbi Issa’har Dov, voulant rester fidèle à ce profond message de son grand-père, accepta de succéder à son père.
« Vous voyez donc que le gramophone n’a finalement rien de nouveau, s’exclama le rabbi. De nombreux messages sont enregistrés dans notre tête pour ne rejaillir qu’au bon moment… ».