Nous voyons dans la Paracha de la semaine, Vayigach, le dévoilement de Yossef à ses frères. Rappelez-vous, il avait été vendu par ses frères lorsqu'il avait 17 ans. Un an plus tard, alors qu'il travaillait chez son maître Potifar, il fut accusé de viol par sa patronne et fut incarcéré 12 ans dans la prison royale. Après avoir interprété les rêves de Pharaon dans la Paracha Mikets, il lui conseilla un plan économique afin de sauver l'Egypte d'une famine de sept années. Ce même jour, il devint le second du roi. Toutes les décisions du plus grand empire mondial étaient désormais tranchées par Yossef Hatsadik. Lorsque la sécheresse frappa la terre de Canaan, Ya’acov Avinou envoya ses fils chercher du blé en Egypte. Après de nombreuses péripéties et stratagèmes, Yossef qui n'avait pas été reconnu, fit placer sa coupe en or dans le sac de son frère Binyamin et le condamna à quelques années de prison pour vol.
Au début de notre Paracha, Yéhouda plaide en faveur de Binyamin pour sa libération : « Depuis que nous sommes venus, tu nous accuses d'espions. Tu nous demandas de faire venir Binyamin. Or notre père qui ne possède que ce fils de Ra’hel ne voulait pas le laisser partir. Je me suis donc porté garant de le ramener à la maison. Prends-moi en tant que prisonnier à sa place et laisse-le partir. De plus, nous ne pourrons pas supporter de voir la souffrance de notre père si l'enfant n'est pas avec nous. » Yossef ne put se contenir plus longtemps. Il fit sortir tous les égyptiens et leur dit : « Je suis Yossef, votre père est-il encore en vie ? » Les frères ne surent quoi répondre.
Le Midrach Rabba, au nom de Aba Cohen Bardella enseigne : « Malheur à nous au jour du jugement, malheur à nous au jour de la réprimande. Si déjà les frères de Yossef ne purent répondre face à Yossef qui était plus petit qu'eux, comment pourrons-nous tenir face aux réprimandes d'Hakadoch Baroukh Hou ? »
Essayons d’éclaircir plusieurs points. Premièrement, pourquoi Yossef leur demande si leur père est encore vivant, ses frères lui ont déjà dit qu'il était vivant. Ensuite, où le Midrach a-t-il vu dans le dévoilement de Yossef Hatsadik une réprimande envers ses frères ? Au contraire, il les consola en leur disant : « Ne vous attristez pas parce que vous m'avez vendu, car c'est pour notre bien qu'Hachem m'a envoyé ici. » Enfin, en règle général, la réprimande intervient avant le jugement qui vient conclure le procès, alors l'ordre du Midrach aurait dû être l'inverse : « Malheur à nous au jour de la réprimande, malheur à nous au jour du jugement » ?
Chlomo Hamélèkh écrit dans Michlé (14, 12) : « Il existe un chemin droit devant chaque homme et des chemins de mort derrière lui. » Nos Sages expliquent qu'aucun homme ne désire se rebeller envers Hachem. Sur chaque infraction à la Loi, nous possédons de bonnes raisons qui nous dispensent de faire Sa volonté. De nombreuses personnes se justifient en disant qu'ils n'ont pas appris lorsqu'ils étaient petits. D'autres disent qu'ils n'ont pas le temps d'étudier ; ils travaillent toute la journée et lorsque le soir arrive, ils n'ont déjà plus de force. Enfin, certains répondent qu'ils n'ont plus la patience à leur âge d'apprendre de nouvelles choses...
A priori, toutes ces excuses sont logiques et convaincantes. Et si après cent vingt ans, ils se défendent ainsi, il est fort possible qu'ils ne soient pas réprimandés pour cela. A la condition, bien évidement, que leurs agissements au quotidien ne viennent pas contredire leurs argumentations. Car si une personne a repris ses études à quarante ans, ou si le soir après son travail elle a les forces pour sortir voir des matchs ou des films jusqu'à des heures tardives, elle ne pourra plus rien répondre devant cette contradiction.
Voilà la réprimande que fit Yossef à ses frères. Lorsque Yéhouda supplia Yossef de libérer Binyamin, il lui dit que si Ya’acov ne voit pas son fils, il en mourra de peine. Alors il leur dit : « Je suis Yossef que vous avez vendu sans vous soucier de la peine de votre père ! Alors comment osez-vous dire qu'il faut absolument ramener votre frère, de peur de blesser papa ? Votre comportement contredit vos paroles. » Et ils devinrent muets. Sur cela Aba Cohen Bardella se lamenta : « Malheur à nous au jour du jugement, malheur à nous au jour de la réprimande. » Lorsque nous dirons à Hachem nos argumentations pour excuser nos actes et qu'Il nous montrera que nos actes contredisent nos paroles, nous serons condamnés au silence.
On raconte qu'il y avait un groupe d'ivrognes à Novordok. Du matin au soir, ils ne faisaient que boire. Les années passèrent, les buveurs vieillirent. Un soir, un des hommes du groupe se leva et dit : « Mes amis, nous allons bientôt quitter ce monde, que dirons-nous devant les juges célestes Nous ne sommes jamais allés au cours de Torah, ni à la prière... » Ses amis se regardèrent, personne n'avait de réponse. « Bon, buvons un coup, peut-être trouverons-nous une solution... » Le lendemain, les collègues de comptoir se retrouvèrent après une nuit de réflexion. Suite à une journée de concertation, ils décidèrent que le premier qui partirait de ce monde, reviendrait prévenir ses amis du jugement afin que le reste de la sainte assemblée puisse se préparer convenablement.
Peu de temps après, un des compagnons souffra d'une cirrhose. Sa situation se dégrada rapidement. Peu de temps avant dse quitter ce monde, ses amis le visitèrent une dernière fois. « Tu te rappelles Schmoulleké, tu as juré de revenir nous prévenir. » « Ne vous inquiétez pas les copains, je tiendrai ma promesse. » Après l'enterrement, tous les ivrognes attendaient le retour de leur ami. Une semaine, puis deux...
Juste après le mois, tous les compagnons firent le même rêve. Ils virent leur ami le visage noircit comme du charbon. Tous tremblèrent en le voyant. Il leur dit : « Mes amis, ne vous inquiétez pas, tout va bien se passer. Continuez à boire normalement, juste une chose, ne buvez pas de Whisky ! »
Intrigués, ils lui demandèrent : « Pourquoi ne devons-nous plus boire de Whisky ? »
« Je vais vous expliquer. Lorsque je suis arrivé au jugement, le tribunal céleste me demanda ce que j'avais fait de ma vie. Je leur expliquai que j'étais un ivrogne. Depuis ma jeunesse jusqu'à ma maladie, je n'avais fait que boire et dormir. Les juges me demandèrent pourquoi je ne suis pas allé aux cours du Rav ? Je leur avouai que j'y étais allé quelques jours mais que je ne comprenais rien. La Torah me laissait un goût amer dans la bouche. Au bout de trois jours, je tirai la conclusion que je n'étais pas fait pour ça, je repartis donc à la taverne. »
« Les juges me regardèrent et me dirent : "Très bien mon fils, si c'est ainsi, tu mérites d'aller au paradis." Puis un des anges me demanda : "Qu'est-ce que tu buvais comme boisson sur terre ?" "Un peu de tout votre honneur : du vin, de la vodka, des liqueurs..." "Est-ce que tu buvais aussi du Whisky ?" "Bien sûr que j'en buvais." "Comment pouvais-tu boire cette boisson, il n'existe pas de chose plus amère que le Whisky ?" "Vous dites cela parce que vous êtes des anges. Le Whisky est un alcool succulent. Au début ça brûle tout le corps, c'est amer, mais après quelques verres, il n'existe rien de plus doux." "Si c'est ainsi, tu mérites d'aller en enfer." "Pourquoi ? Qu'est-ce que j'ai fait ?" "Si tu ne vivais vraiment que le présent, en ne prenant que ce qui te semble doux de suite, je comprends que tu ne pouvais pas étudier la Torah. Mais si tu buvais du Whisky, ça prouve que tu avais conscience que certaines choses étaient difficiles au début mais s'adoucissaient avec le temps. Alors pourquoi n'as-tu pas continué à étudier la Torah ?"
C'est pourquoi les amis, continuez à boire, tout va bien se passer. Mais ne buvez pas de Whisky. »
Cette Paracha, mes chers amis, doit nous aider à réfléchir sur nos actes. Est-ce que les entorses aux règlements que nous faisons par ci ou par là sont vraiment justifiées. Baroukh Hachem, nous sommes bien en vie, et nous pouvons encore changer. Alors ne perdons pas le temps que nous avons. Profitons de chaque moment pour nous améliorer, afin de ne pas avoir à subir de honte dans le monde futur, Amen Ken Yéhi Ratson.