La paracha de cette semaine ne fait pas exception à celles qui l’ont précédé, et elle évoque également des plaintes émises par les enfants d’Israël à l’econtre de Moché Rabenou.
En effet, suite au départ de ce monde de Myriam, le miracle qui accompagnait le peuple depuis quarante années et qui était crédité au compte de la prophétesse avait cessé d’opérer. Le peuple se retrouvait donc sans eau. Aussi, il ne tarda pas à se tourner vers son dirigeant pour lui demander des comptes, et, à nouveau, regretter l’Egypte et déplorer « l’absurdité » de ce séjour dans le désert.
Face à cette énième révolte, Hachem envoya un fléau dans le camp des enfants d’Israël à travers des serpents qui venaient et mordaient mortellement le peuple. Moché intercède alors auprès de D.ieu pour lui demander de mettre un terme à cette hécatombe. Et Hachem écouta son prophète, et lui donna un remède susceptible de guérir les personnes malades. Il s’agit de fabriquer un serpent en cuivre qui sera attaché à un bâton et soulevé en l’air. Tout celui qui a été mordu devra regarder ce serpent de cuivre et sera guéri.
Rachi nous donne une première interprétation de cet épisode tragique et miraculeux. Ecoutons le Maître s’exprimer : « Les Sages disent : En réalité, le serpent a-t-il le pouvoir de faire mourir ou de faire vivre ? Mais cela indique que lorsqu’Israël regardaient vers le haut et soumettaient leur cœur à leur Père dans les Cieux, ils guérissaient, sinon, ils périssaient. »
Cet évènement est donc porteur d’une première leçon fondamentale sur la perspective avec laquelle nous devons aborder les évènements de la vie : levers les yeux vers Hachem et ne pas les laisser rivés sur la matérialité. Il s’agit de dépasser la lecture simple, spontanée d’un évènement pour aller chercher le message qui se cache derrière, et déchiffrer la lettre que l’Eternel nous adresse.
Si l’homme s’en tient ce qu’il voit, il lui semble que le serpent est un agent mortifère. Pourtant, en levant ses yeux vers le ciel, et en fixant le serpent d’airain ordonné par l’Eternel, il guérit. Il réalise alors que le serpent n’est rien en lui-même, il n’a aucun pouvoir autonome, tout dépend du regard que l’homme porte sur la vie.
Dans le même ordre d’idée, Ramban fait remarquer que cet épisode comporte un double miracle. Non seulement, le peuple guérit miraculeusement, mais en outre il guérit en scrutant l’objet de son mal ce qui est en principe formellement déconseillé et interdit aux personnes mordus par des animaux. La seule vue ou évocation de ces animaux venimeux peut entrainer la mort de ceux qui ont été mordus. Ce « miracle à l’intérieur d’un miracle » a vocation selon le Ramban à ancrer dans le cœur des hommes que seul D.Ieu donne la mort et accorde la vie. Aucun autre pouvoir n’a de prise là-dessus.
Or, nous savons que D.Ieu est entièrement bon et qu’il a un amour infini pour Son peuple. Aussi, lorsque « Ses actes semblent contredire Sa nature, qui n’est que Bonté, l’homme doit discerner le doux qui transforme l’amer » (R. M. Miller) En effet, comme le dit le prophète Ezéchiel, D.Ieu ne désire pas la mort des fauteurs mais simplement qu’ils se repentent de leur mauvais voie et revienne vers D. Aussi, les évènements négatifs ou difficiles doivent être vécus à travers cette grille de lecture afin de leur donner un sens profond et en faire une occasion d’élévation supplémentaire vers l’Eternel.
Avec l’aide d’Hachem, prions pour avoir la lucidité de lever les yeux vers le Ciel et comprendre ce que l’Eternel attend de nous et vers où Il souhaite nous mener ! Ce « compagnonnage » avec Hachem est de nature à faire naître dans le cœur de l’homme un sentiment intense de gratitude et de bonheur pour la sollicitude qu’Il nous manifeste et Sa bienveillance infinie.