Je m’appelle Laura, je suis bénévole pour l’association Torah-Box. Dès que j’en ai la possibilité, je propose mon aide pour préparer les colis de Chabbath destinés aux familles dans le besoin. Chaque distribution de ces colis est une aventure riche en émotions. On rencontre toujours des personnes formidables qui se battent pour leur foyer et leurs enfants. Il y a une atmosphère particulière lors de ces journées ; on passe des rires aux larmes, on se donne du courage et on se renforce mutuellement. Les personnes arrivent gênées et timides et ressortent heureuses et les bras chargés.
Cette semaine, j’ai assisté à une scène qui m’a profondément marquée. Je vous mets dans le contexte. Nous sommes une heure avant la distribution. C’est l’euphorie, on doit finir les derniers sacs, on vérifie une dernière fois le listing, on vérifie également que chaque colis comporte tout ce qui est prévu, que rien n’a été oublié. Les responsables placent chacun à son poste pour que tout se déroule dans le calme et avec efficacité, et surtout qu’il n’y ait aucune erreur possible. Chaque famille attend son colis avec impatience donc il n’est pas question de décevoir qui que soit par manque d’organisation.
Dans cette folie, Sarah, une des organisatrices, reçoit un appel d’une des mamans qu’elle a l’habitude d’aider : « Bonjour Sarah, c’est Mme M., je sais que c’est un peu tard pour vous prévenir mais vous pouvez donner mon colis à quelqu’un d’autre pour cette semaine, je ne viendrai pas le chercher. » Sarah aurait pu raccrocher à ce moment-là, mais elle entend à la voix de Mme M. que quelque chose ne va pas. Elle lui demande donc la raison de cette annulation de dernière minute, et elle comprend à sa réponse, qu’elle a bien fait de ne pas raccrocher. « J’ai bien évidemment besoin de cette nourriture, mais je n’aurais pas où la mettre. Mon frigo m’a lâchée, et je ne peux pas me permettre d’en acheter un autre. Donc je préfère que ces aliments profitent à quelqu’un d’autre, chez moi ça pourrira, c’est trop dommage. » Je pensais que Sarah, allait avec empathie et douceur, mettre fin à la conversation. Le timing était très serré, il y avait encore pas mal de détails à régler avant l’arrivée des familles et concrètement, elle n’avait pas de solution pour Mme M. Mais non, je la vois s’écarter un peu pour être plus au calme et demander des détails à Mme M. « De quelle place disposez-vous pour votre frigo ? Avez-vous un congélateur ? À quel étage habitez-vous ? » Elle posait ses questions sans avoir la moindre idée de quoi faire mais elle ne pouvait pas rester insensible à cet appel à l’aide.
Tout en continuant à gérer les détails techniques de la distribution, elle diffuse sur les réseaux une demande d’aide pour cette famille. Plusieurs personnes lui répondent en lui proposant des solutions d’appoint. Et moins d’une heure plus tard, le message-miracle arrive : un donateur offre le frigo !
La distribution avait commencé mais Sarah, totalement confiante, avait mis le colis de Mme M. de côté. Elle était convaincue qu’Hachem ne laisserait pas un de ses enfants dans une détresse pareille, veille de Chabbath. Elle a appelé Mme M. en lui disant « venez récupérer votre colis, je vous attends, vous aurez où mettre votre nourriture, le frigo est en route. » Évidemment, cet appel s’est terminé dans des larmes mutuelles de gratitude.
C'est dans ces moments de solidarité inattendue que l'essence même du bénévolat prend tout son sens. Ce n'est pas seulement une question de nourriture et de biens matériels, mais plutôt une démonstration concrète de l'amour et de la bienveillance qui peuvent fleurir même dans les situations les plus difficiles. Cette journée particulière restera gravée dans ma mémoire comme une leçon sur la puissance de l'empathie et de l'action collective. En tant que bénévole, c'est un rappel poignant que chaque geste, aussi petit soit-il, peut illuminer une vie.