Ra'anana, une sympathique ville balnéaire ? Oui, mais pas que. En compagnie du Rav Ya'akov Harrar, Rav de la communauté Chouva, découvrons les facettes encore inexplorées et étonnantes de l’une des destinations favorites de l’Alya française !
Que pourrait-on m’apprendre de plus sur Raanana – si ce n’est qu’il s’agit d’une sympathique ville balnéaire, propre et bien entretenue, fort appréciée des Francophones venus s’installer en Israël – et que je ne sache déjà ?, me dis-je nonchalamment en composant le numéro du Rav Ya'akov Harrar, Rav de la communauté Chouva à Ra'anana.
Eh bien, il s’avère qu’on en apprend tous les jours dans ce pays. Car si la ville-chouchou des Français correspond bien à l’image qu’on s’en fait généralement, il n’en reste pas moins qu’elle cache aussi des aspects aussi inexplorés que fascinants – et c’est ce que le Rav Harrar va me faire découvrir au téléphone.
Rav Harrar a vécu en France et en Israël, où il a été formé dans les meilleures Yéchivot. Longtemps bras-droit du Richon Létsion, le Rav Chlomo Amar, il a fondé et dirige aujourd’hui une belle communauté en plein cœur de Ra'anana – j’ai nommé Chouva…
Rav Harrar, Chalom. Parlez-moi de votre communauté à Ra'anana.
Chouva a été fondée il y a 5 ans. Le besoin s’était fait ressentir de proposer aux Francophones de la ville des cours de Guémara adaptés à chacun et c’est ainsi qu’un groupe d’une vingtaine de personnes s’est formé ; elles ont par la suite proposé que nous ouvrions un office pour les fêtes de Tichri, et c’est ainsi que grâce à D.ieu, une centaine de personnes se sont jointes à nous. Le noyau a grandi petit à petit pour devenir aujourd’hui une florissante Kéhila de quelques 250 personnes.
Vous êtes passés de 20 à 250 en seulement 5 ans ?
Oui, Baroukh Hachem. Chouva, c’est réellement comme une grande famille, il y a de la place pour tout le monde, quelle que soit la tendance et quel que soit le niveau. Nous mettons beaucoup l’accent sur la convivialité, la fraternité, le respect mutuel. D’ailleurs, chez nous, toutes les tendances sont représentées : il y a des Breslev, des ‘Harédim, des sionistes-religieux, des gens très engagés, d’autres moins, des jeunes, des moins jeunes…
Et vous réussissez à faire cohabiter tout ce petit monde ensemble ?
Oui, car notre ciment, c’est la Torah ! Nous nous efforçons de réunir les gens, aussi différents soient-ils, autour de l’étude et de la pratique de la Torah. Le but commun que nous poursuivons est bien sûr de faire évoluer au maximum les gens et de les aider à s’intégrer sans perdre pied dans leur nouvel environnement.
Comment vous y prenez-vous ?
Si notre synagogue est caractérisée par une ambiance "à la française", nous nous employons en même temps à aider les gens à s’intégrer ici. C’est pourquoi une partie des cours que je dispense est en français, une autre en hébreu, afin que même ceux qui débutent en hébreu puissent acquérir petit à petit la langue. Nous multiplions les initiatives communautaires : cours pour hommes, pour femmes, pour jeunes, Chabbatoth pleins, soirées à thème, conférences, activités de ‘Hessed, bénévolat etc. Tout ce qui peut souder les gens autour de l’amour de la Torah et du prochain est bon à prendre !
Je comprends mieux pourquoi vous êtes difficile à joindre… Bref, parlons 'Alya. Ra'anana, une destination à conseiller ou pas ?
Je vais peut-être vous surprendre mais à mes yeux, il s’agit de l’un des meilleurs points de chute lorsqu’on arrive en Israël. Tout d’abord, il s’agit d’un lieu agréable, à l’européenne, où il fait bon vivre, et en même temps, on y assiste à une véritable explosion des structures toraniques, ce qui ouvre les perspectives d’une belle ascension spirituelle. De partout, des Kollélim et des Baté Midrachoth fusent. Il y a ici pas moins de 14 synagogues francophones, c’est dire ! Là où en revanche il faut rester vigilant, comme partout ailleurs, c’est sur le plan éducatif. Nous avons la chance de bénéficier ici de certaines bonnes écoles – je pense notamment à ‘Horev, au ‘Hinoukh Haatsmaï, à No'am et au Beth Yaakov – mais il faut faire attention à ne pas effectuer des choix qui pourront s’avérer fort décevants par la suite.
On vous consulte souvent sur des questions de ‘Hinoukh. Un conseil à donner en la matière aux nouveaux 'Olim ?
Oui : apprenez l’hébreu car c’est la clé pour maintenir le lien avec vos enfants ! On assiste trop souvent à une rupture entre parents et enfants due au fait que les parents ne font pas suffisamment l’effort d’acquérir l’hébreu et n’ont ainsi aucun accès à ce que leurs enfants apprennent à l’école, ils ne savent pas qui ils fréquentent, etc. Si l’on veut que le lien soit maintenu avec nos enfants, il faut absolument pouvoir prendre du temps avec eux pour étudier et s’intéresser à leur vie – or cela passe forcément par la case Oulpan…
Merci à vous Rav Harrar pour cet entretien et souhaitons encore un beau développement à Chouva !
Chouva – 4, rue Tel-'Haï pour les offices de Chabbath et 9, rue Hapra’him pour les offices en semaine.