Suite à l'incroyable tempête de neige qui a sévi à Jérusalem et ses environs, le rav Its’hak Zylberstein, rabbin du quartier Ramat El’hanan à Bné-Brak et l’un des plus grands décisionnaires de notre génération, a décidé de consacrer son cours hebdomadaire aux questions de Halakha qui lui sont parvenues à ce propos.
Comme il est bon de faire pénétrer "l'esprit de la torah" en nous, en écoutant les paroles de ce grand personnage, d'ailleurs gendre du Rav Elyashiv, de mémoire bénie.
Question n°1 : J'ai appelé une ambulance, mais étais-je vraiment "en danger" ?
Un homme, accompagné de ses enfants en bas-âge, a pris la route de Bné-Brak à Jérusalem jeudi soir. Arrivé à proximité de Jérusalem, il n’a pu continuer à rouler à cause de la neige amoncelée sur la route. Il ne lui restait plus de batterie que pour chauffer son véhicule pendant environ deux heures. Il a alors appelé une ambulance, expliquant qu’il était bloqué sur la route avec ses enfants, et que ceux-ci commençaient à se sentir mal. Une heure plus tard, l’ambulance est arrivée et les a évacués vers l’hôpital Cha’aré Tsédek de Jérusalem. Ils y ont subi quelques examens et ont été libérés peu après. Cet homme a été ensuite pris de remords d’avoir fait appel à une ambulance, alors que lui et ses enfants n’étaient pas réellement en danger immédiat et que les secours avaient sans doute des cas plus urgents à traiter. A-t-il agi convenablement alors que d'autres ont certainement eu un besoin plus important d'utiliser cette ambulance ?
Réponse du Rav : Dans le cas présent, où cet homme était accompagné d’enfants en bas-âge, bloqué par une neige abondante et sans aucun autre moyen de quitter les lieux, cela s’appelle précisément se trouver en danger. Il a donc bien agi et n’a pas à avoir de remords.
Question n°2 : dois-je payer le traiteur de la soirée qui n'a pas eu lieu ?
Une certaine famille devait fêter la bar-mitsva de son fils jeudi soir (soir où la neige a commencé à tomber abondamment). Ils ont fait appel à un traiteur qui a effectivement préparé les repas à temps mais n’a pu les livrer à la salle de réception, faute de personnel. De plus, aucun des invités n’a pu assister à la soirée à cause des intempéries. Faut-il malgré tout payer le traiteur ?
Réponse du Rav : Un traiteur est un prestataire de services, que l’on paye en fonction du nombre de plats livrés. Du moment qu’il n’a pu livrer les plats, il n’y a pas lieu de le payer. Si par contre, le traiteur avait demandé quelques heures auparavant si la réception était maintenue et s’il devait livrer la commande et qu’il lui avait été répondu par l’affirmative, dans ce cas, il incomberait à la famille de le payer. Le propriétaire de la salle de réception, n’ayant pas fourni de prestation de services, ne sera pas payé non plus.
Question n°3 : Dois-je payer la prolongation de séjour ?
Une femme a réservé une chambre dans une maison de repos post-accouchement et devait y séjourner avec son bébé jusqu’à vendredi matin. Privée de moyens de rentrer chez elle, elle a dû, malgré elle, prolonger son séjour et rester à la maison de repos pour le Chabbath. Est-elle tenue de payer la prolongation de son séjour ?
Réponse du Rav : Cette femme devra payer le prolongement de son séjour. En effet, elle est restée à la maison de repos de son plein gré car elle préférait ce lieu abrité au froid glacial qui régnait dehors et qui l’aurait mise en danger avec son bébé.
Question n°4 : Le Taxi m'a demandé 10 fois plus cher à cause de la neige !?
Une personne a pris un taxi de Jérusalem pour Bné-Brak jeudi soir à 20h00. Le taxi n’a pu atteindre Bné-Brak que le lendemain matin, après être resté bloqué sur la route enneigée pendant 14 heures. La somme négociée au départ pour la course, à savoir 300 Shekels, est passée à 3000 Shekels. Le chauffeur demande en effet à être réglé pour les frais d’essence et pour le gîte improvisé, le passager ayant passé la nuit dans le taxi. Faut-il payer la somme demandée par le chauffeur ?
Réponse du Rav : La course n’ayant pas profité uniquement au passager, mais également au chauffeur, dans cette mesure, il n’est pas nécessaire de lui payer plus que la somme convenue initialement.
Question n°5 : peut-on profiter du travail des pelleteuses pendant Chabbath ?
Après qu’une pelleteuse de la mairie de Jérusalem ait ouvert un passage dans la rue Bar Ilan pendant Chabbath, d’un bout à l’autre pour permettre aux véhicules de secours et aux ambulances de circuler sans problèmes, est-il permis pour les piétons de se mouvoir sur cet axe ou bien est-ce interdit au motif que cela est considéré comme profiter d’une action interdite réalisée le Chabbath ?
Réponse du Rav : Cela est permis car les pelleteuses ont agi pour sauver des vies.
Question n°6 : donner ses clés de voiture pendant Chabbath...
A propos d’une pelleteuse qui voulait déblayer la route mais qui en était empêchée par une voiture bloquée par la neige ; on demanda au propriétaire du véhicule de donner les clés de son véhicule pendant le Chabbath. Etait-il permis à ce dernier de donner les clés de sa voiture pendant Chabbath ?
Réponse du Rav : si le propriétaire de la voiture les donne à un non-juif, cela est permis de manière certaine. S’il doit les donner à un juif mais qu’il s’agit de déblayer une route d’une importance vitale pour le passage des ambulances, alors c’est permis.
Question n°7 : est-il permis de faire des bonhommes neige pendant Chabbath ?!
Réponse du Rav : il ne faut pas faire de bonhomme de neige pendant Chabbath.
On rapporte qu’en Italie des gens avaient fait des jetons de téléphone en glace et que la machine les avait acceptés. Est- ce qu’un juif qui aurait fait ces jetons de glace pendant Chabbath aurait transgressé l’interdiction de "boné" (construire) pendant Chabbath ? Etant donné que ces jetons allaient fondre d’ici la fin de Chabbath mais que d’un autre coté il pouvait s’en servir pendant Chabbath, la question restait posée de savoir s’il y avait eu transgression du Chabbath ou non.
Question n°8 : un mariage sans les mariés, récite-t-on les Cheva Brakhot ?
Un couple de ‘hassidim s’est marié jeudi soir. Comme c’est la coutume dans leur communauté, la ‘houpa s’est tenue dans la maison du Rabbi. Les invités devaient ensuite se diriger vers la salle de réception. Les invités s’y sont rendus, mais les mariés n’ont quant à eux pas pu s’y rendre à cause des chutes de neige. Le repas pris dans la salle, en l’absence des mariés, est-il considéré comme une sé’oudat mitsva ou non ?
Réponse du Rav : Les avis des décisionnaires sont partagés sur la question. Certains considèrent non seulement que le repas est une sé’oudat mitsva mais encore que les invités devront réciter les chéva’ brakhot. Pour appuyer leur opinion, ces décisionnaires rapportent le cas d’un certain marié qui trébucha le soir de son mariage et dut être hospitalisé. Son épouse insista pour l’accompagner à l’hôpital et le repas se déroula donc en leur absence. Dans un tel cas, on considère le repas comme étant une sé’oudat mitsva. Cependant, mon beau-père le rav Elyachiv zatsal avait tranché que l’on ne devait pas prononcer les chéva’ brakhot.