On sait que la nuit du Séder, le premier soir de Pessa’h, on lit la Haggada et on évoque les trois Mitsvot liées à la fête : Pessa’h (le sacrifice pascal), Matsa (la consommation de la Matsa) et Maror (les herbes amères). Ces trois Mitsvot sont mentionnées car il convient de se rappeler l’action du Tout-Puissant qui a protégé (en Hébreu : « Passa’h », פסח) et épargné les enfants d’Israël (les premiers-nés égyptiens sont morts). L’agneau pascal, qui rappelle cette protection d’Israël, devait être âgé d’un an, rôti (et pas à moitié cuit) car, selon le Maharal, il évoquait l’unité du Créateur. La Matsa, elle, rappelle la libération du peuple d’Israël. Elle est une allusion à la Guéoulah, et symbolise l’idée de liberté. C’est le côté positif, face au négatif, que symbolisent les herbes amères, le Maror. Selon le Maharal, le multiple – le bien et le mal – procèdent de l’unique. Tel est le sens des 3 Mitsvot mentionnées dans la Haggada.
Aujourd’hui, dans une époque totalement inédite, alors qu’un fléau menace l’humanité entière, il n’est pas inutile, semble-t-il, de se référer à l’époque de la sortie d’Egypte, et de prendre conscience de la nécessité de nous rapprocher du Tout-Puissant. Il est important que nous sentions combien l’Homme, qui croyait qu’il pouvait être démiurge et diriger l’univers, sente son insuffisance. Alors, aujourd’hui, l’humanité a reçu une réponse, assez difficile – reconnaissons-le ! – que l’homme ne peut pas tout réussir. Le progrès ne va pas seulement dans un sens positif, et il faut être conscient que le contraire peut aussi arriver. C’est le sens du « Maror » face à la Matsa. N’oublions jamais que le monde est dirigé, mais à nous il revient de Le reconnaître, de faire connaître Sa grandeur, et d’espérer que la Guéoula viendra bientôt. Reconnaissons-Le en toutes circonstances ; sachons Lui dire merci et, comme Avraham Avinou, publions dans le monde Sa puissance, la faiblesse de la créature, et le fait que la Guéoula, la guérison, et l’époque messianique sont proches. De cette façon, nous sommes certains que, comme l’écrit David Hamélekh, רצון יראיו יעשה, Il fera la volonté de ceux qui Le craignent pour le bien (Tehillim 145, 20).