קָמוּ בָנֶיהָ וַיְאַשְּׁרוּהָ בַּעְלָהּ וַיְהַלְלָהּ
Ses fils se lèvent et proclament sa louange, son époux pour faire son éloge
Ce verset est assez ambigu ! En effet, il est clair que ce sont les fils de la Echet ‘Hayil qui se lèvent, mais qui sont ceux qui lui font sa louange ? Ses fils ? Ou bien les personnes qui observent la scène ? Les deux interprétations sont correctes. Essayons de comprendre les explications passionnantes qui se cachent derrière ces deux interprétations !
Élever des enfants, c’est “élever” leur point de libre arbitre !
Lorsque l’on observe une personne ayant un niveau moral très élevé, on ne peut que faire la louange de celle qui l’a emmenée jusque-là. En effet, une mère qui élève ses enfants, par définition, “élève” leur niveau moral à un haut niveau. Même si tout être humain possède un libre arbitre, le rôle des parents, et tout particulièrement des mamans, est d'élever le point du libre arbitre. Expliquons en détails pourquoi.
Le Rav Dessler explique [1] que nous avons tous un point de libre arbitre que Hachem donne via notre éducation et notre environnement familial. Notre éducation est une “donnée” manifeste qui va constituer le point de libre arbitre à partir duquel on va devoir se positionner dans la vie !
Illustrons ce point : imaginons qu’un enfant grandisse dans un environnement où l’on n’est pas scrupuleux sur notre langage. Plus tard l’adulte, qu’il sera devenu, aura encore un libre arbitre : il va se demander : “Vais-je dire du mal de cette personne ou vais-je me retenir de faire de la médisance ?”. Mais imaginons qu’un enfant grandisse dans un environnement où l’on pratique le ‘Hessed (la bonté) autour de soi. Plus tard, l’adulte qu’il sera devenu va se demander : “Le nouveau voisin qui est arrivé dans l’immeuble, vais-je le saluer en lui amenant un petit cadeau pour lui souhaiter la bienvenue ou bien y vais-je les mains vides ?”
Une mère agrandit la gloire divine, sans même qu’elle s’en rende compte !
Nous avons donc toujours un libre arbitre dans la vie, mais qui est responsable de poser les bases de ce libre arbitre ? Il s’agit des parents ! Or, dans le premier exemple (médire ou non), le dilemme auquel fait face la personne est mesquin, tandis que dans le second exemple le dilemme est éminemment respectable ! Plus les êtres humains ont un point de libre arbitre élevé, plus ils font honneur à Hachem. En fait, les parents sont engagés dans un projet magnifique qui s’appelle magnifier la gloire d’Hachem dans le monde !
Une mère, c’est celle qui crée un climat positif autour des valeurs qu’elle veut transmettre, créant ainsi chez ses enfants une adhésion intérieure, dès la plus tendre enfance !
De quelle façon va-t-elle réaliser ce magnifique projet de poser un point de libre arbitre honorable à ses enfants ? Le Talmud explique que Rabbi Yéhochou’a ben ‘Hanania est devenu un Tana (éminent Maître de la Michna) par le mérite de sa mère, qui l’a emmené dès petit au Beth Midrach (la Maison d’étude) pour écouter des paroles de Torah. Pourquoi préciser que c’est grâce à sa mère qui l’emmenait ? Pourquoi ne pas dire tout simplement que c’est grâce aux paroles de Torah qu’il a entendues dès la toute petite enfance ?
En guise de réponse, nos maîtres précisent : ce n’est pas qu’elle prenait le berceau et elle le laissait là-bas. Non ! En fait, elle se mettait dans un coin et elle l’allaitait discrètement. Par son intelligence intuitive, elle a créé une association entre l’atmosphère agréable (les bras de sa maman) et la Torah. En faisant un conditionnement positif entre le bonheur d’être allaité dans les bras de sa mère et les paroles de Torah en fond sonore, elle a imprimé dans son esprit une prédisposition positive pour la Torah. Elle a de facto élever son point de libre arbitre avant même qu’il ait le libre arbitre ! C'est l'impact que toutes les mamans ont sur leurs enfants ! Il s'agit de se rendre compte de l'attitude de cette femme, et de s'en inspirer pour agir pour le meilleur ! [2]
La seconde interprétation du verset : les enfants font la louange de leur mère
La première explication est déjà très honorable pour la Echet ‘Hayil. Pourquoi faut-il ajouter une seconde interprétation qui dit que les enfants font la louange de leur mère ? En fait, on peut faire croire au monde entier qu’on est quelqu’un de bien. On peut même s’acheter une réputation en faisant des dons et autres actes de charité à l’extérieur. On peut faire des faux-semblants, on peut paraître agréable aux yeux du monde entier : nos amies, notre communauté, nos collègues et nos voisins mais qui nous connaît vraiment ? Ce sont ceux qui vivent avec nous, car c’est dans les quatre coudées de sa maison qu’une personne se révèle vraiment. C’est pourquoi il est écrit que ses enfants font sa louange; et que, dans cette même logique, la suite du verset précise que son mari fait sa louange également !
Qui est la femme qui se cache derrière ce verset ?
Selon le Midrach, derrière chaque verset se cache une femme de la Bible. Dans ce verset, il s’agit de la mère du prophète ‘Habakouk !
Cette femme admirait les érudits en Torah et souhaitait ardemment les servir en leur offrant l’hospitalité. Si bien qu’elle résolut avec son mari de dédier une chambre spécifiquement pour le prophète Elicha, où il serait à son aise. Elicha souhaita alors la remercier, et leur promit un fils pour l’année suivante, et le miracle se réalisa conformément à la parole du prophète, après des années de stérilité. Cet enfant n’est autre que le prophète ‘Habakouk qui va oeuvrer à ramener les juifs aux valeurs de la Torah avant le premier exil.
La Echet 'Hayil, comme la mère de 'Habakouk, c'est celle qui véhicule l’amour des valeurs par des actes positifs. Elle n'a pas seulement clamé son amour pour la Torah, mais elle a carrément aménagé une chambre pour recevoir les serviteurs d’Hachem, le tout dans la joie et la fierté de recevoir de tels invités chez elle. Par le fait qu'elle ait véhiculé positivement les valeurs auxquelles elle croit, elle a mérité un enfant qui, non seulement aimerait la Torah, mais qui la diffuserait aux Juifs de tout Israël !
[1] À propos du verset : “Voyez, je vous propose en ce jour, d'une part, la bénédiction, la malédiction de l'autre” ; Devarim (11,16)
[2] Rav Ye’hiel Yaakovson chlita