Je me souviens d’avoir entendu il y a longtemps, lors d’un cours de Torah, cette drôle de formule : « s'embourgeoiser » dans la pratique des Mitsvot. L’idée m’a interpellé et m’a apporté un éclairage intéressant sur la pratique du judaïsme et notre rapport à Hachem.
En effet, les Mitsvot, telles que respecter le Chabbath, manger Cachère, s'habiller Tsniout, ou même étudier la Torah ou faire la Téfila, en faisant partie de notre mode de vie, peuvent devenir une habitude, voire une mode, une norme sociale ou encore un exercice intellectuel dans le cas de l'étude de la Torah.
C'est là où nous devons nous demander : où en suis-je dans mon rapport avec Hachem ? Combien est-ce que je me connecte avec Hachem à travers ma pratique des Mitsvot ? Combien est-ce que je me sers des Mitsvot pour renforcer mon lien avec Hakadoch Baroukh Hou ?
Par ailleurs, indépendamment de notre niveau de pratique, quelle partie de notre journée est « habitée » par D.ieu ? D.ieu est-il présent dans 20%, 50% ou 80% de notre journée ?
Visons les 100% !
En réalité, chaque acte du quotidien peut être investi d'une Kavana (intention) nous permettant de nous connecter à Hachem.
La maman qui met ses enfants au lit le soir peut le vivre comme une action banale et répétitive ou bien élever ce moment au rang de Mitsva, en cela qu'elle donne de son temps, de sa patience et de son amour gratuitement.
Un exemple des plus triviaux : le simple fait de se brosser les dents !
Un jour, un Roch Yéchiva demanda à ses élèves pourquoi ils se brossaient les dents le matin.
Le premier répondit : « Je le fais parce que c'est une habitude que j’ai depuis que je suis tout petit. »
Le deuxième dit : « Je le fais par hygiène. »
Le troisième, lui, rétorqua : « Je le fais par respect pour les autres », élevant ainsi cette simple action au rang de Mitsva Ben Adam La’havéro (de l'homme envers son prochain) !
Et enfin, le quatrième et dernier de répondre : « Je le fais par Kavod (respect) au Roi des rois, à qui je vais m'adresser durant ma prière du matin », réalisant, grâce à sa Kavana, une Mitsva Ben Adam Lamakom (de l'homme envers son Créateur) !!!
Quatre personnes, le même acte, quatre niveaux !
Chaque acte du quotidien a le potentiel de revêtir une dimension spirituelle extrêmement élevée !
La vocation des Mitsvot
Il peut arriver qu’en réalisant certaines Mitsvot, nous en oubliions leur grandeur et leur portée :
- Je peux manger Cachère techniquement, en respectant la Halakha, mais perdre un peu du goût de la Mitsva en oubliant d’y mettre du sens.
- La Mitsva de Nétilat Yadaïm le matin, consistant à se laver les mains pour se débarrasser d’une certaine forme d’impureté qui s’y dépose pendant la nuit, peut être un geste machinal, ou bien peut être investie de pensées qui nous relient à Hachem et qui nous inspirent une véritable joie (Ex. : « Hachem, je suis heureuse de faire cette Mitsva que Tu nous as demandé d’accomplir ! »).
- Réciter la bénédiction de Chéhakol avant de boire un verre d’eau peut être pour nous l’occasion de remercier Hachem, non seulement pour l’eau, mais pour le verre d’eau, l’endroit où je me trouve, la possibilité que j’ai d’être désaltérée…
Vivre les Mitsvot de façon purement technique, c'est possible, mais c'est se priver de leur potentiel à nous faire grandir dans notre relation à Hachem. C'est là véritablement la finalité des Mitsvot.
Plus un juif vit à ce niveau-là, plus il fait de place à Hachem et plus il crée les conditions lui permettant de percevoir Sa présence dans sa vie.
Une vie d'élégance
Les Mitsvot sont LE moyen qu’Hachem nous a donné pour vivre une vie d'élégance et de raffinement au service de notre Créateur.
En tant que Bné Israël, nous devons nous considérer comme les fils et filles du Roi. Avoir conscience de ce statut doit nous aider à réaliser, d'une part, combien nous avons la possibilité d'être proches de notre Créateur, et d'autre part, combien nous pouvons et devons aspirer à la grandeur.
Qu’Hakadoch Baroukh Hou nous aide à vivre une vie d'élégance – sans pour autant nous embourgeoiser !
Caroline H.