Et nous voilà embarquées pour une journée de pèlerinage dans le nord de notre beau pays d'Israël. Tibériade, Tsfat, Méron, Amouka… Les femmes bien installées dans le bus sont prêtes à y passer plusieurs heures afin de faire le tour des tombeaux de Tsadikim, déchirer les cieux et profiter de la sainteté de ces endroits magiques. Ni la chaleur torride d’Israël ou du Maroc, ni le froid glacial de l’Ukraine ou de la Pologne n’impressionnent ces personnes ayant décidé de partir en pèlerinage… D’où provient cette attraction pour les pèlerinages ? Que recherchent ces femmes ou ces hommes qui voyagent parfois des heures entières, sur des routes parfois très sinueuses, voire dangereuses ?

Le pèlerinage dans la Torah…

Lorsque Ya’akov s'apprête à quitter ce monde, il fait appel à son fils Yossef afin d'éclaircir avec lui certains points. Il lui demande de ne pas laisser sa sépulture en Égypte, mais de l'amener à Kiryat Arba’, là où sont enterrés ses pères et mères. Il précise à Yossef que si lui-même, Ya’akov, n'en n’a pas fait de même avec sa mère Ra’hel, mais l’a enterrée sur le chemin de Bethléem, c’est parce que du Ciel, on lui avait dévoilé que lorsque les Juifs seraient exilés par Névouzaradan, lors de la destruction du premier Temple, ils passeraient par la tombe de Ra’hel, et à cet endroit saint, ils imploreraient D.ieu de les prendre en pitié. Et c’est Ra’hel, qui saura être leur avocat défenseur et plaider leur cause pour que D.ieu les ramène d’exil. Ya’akov tient à expliquer à Yossef la raison pour laquelle il a enterré sa femme bien aimée en chemin. Yossef étant un petit enfant à l'époque, aurait pu mal interpréter la décision de Ya’akov de ne pas enterrer Ra’hel à la Méarat Hamakhpéla avec ‘Hava, Sarah et Rivka, nos mères. Et dans ses derniers jours, Ya’akov accompagnera sa demande d'être enterré en terre d'Israël de ces explications. Afin que Yossef comprenne sa décision quant à Ra’hel et sa demande actuelle.

Nous voyons que l’emplacement de la tombe de Ra’hel n'était pas le fruit d’un hasard ou d’un manque de considération envers elle, la Tsadéket, mais il s’agissait d’un endroit stratégique pour les futurs pèlerins de tous temps. Jusqu'à aujourd’hui, la tombe de Ra’hel à Beth Le’hem attire les Juifs du monde entier. Ils s’y sentent compris, en sécurité, à la maison, et sentent que de cet endroit, leurs prières montent sans entraves.

La seconde référence au pèlerinage dans la Torah apparaît dans la Paracha Chéla’h. Moché envoie les explorateurs en terre d'Israël. Une mission douteuse et extrêmement périlleuse, essentiellement d’un point de vue spirituel. Calev ben Yefouné, un des 12 explorateurs, sent le danger, et sur la route il fera une halte qui lui sauvera la vie. En effet, il décide de pèleriner les Patriarches à Kiryat Arba’ et prie de ne pas se tromper, de trouver en lui les ressources d'être fidèle à sa vérité intérieure et de ne pas se laisser prendre au piège du mauvais penchant lors de cette mission d’exploration.  

Calev, ainsi que Yéhochoua bin Noun, parviendront à ne pas se laisser convaincre par les 10 autres explorateurs et continueront de croire dans les promesses de D.ieu concernant leur capacité à conquérir la terre d'Israël. Leur foi restera inébranlable. Ils sauront défendre leur cause et seront sauvés de cette grave faute : la faute des explorateurs que nous réparons jusqu'à aujourd’hui. 

La force des Tsadikim, même après…

Le Rav Moché Boyer précise que Calev, en priant sur la tombe de nos ancêtres, se souvint de leurs bonnes actions et de leur piété. À cet endroit saint, il se lia aux générations précédentes afin d’apprendre d’eux et de poursuivre leur voie. Le Rav explique qu’il s’agit d’un merveilleux conseil face aux difficultés de la vie : pèleriner pour se renforcer de la grandeur d'âme de ces géants de notre histoire, désirer suivre leur chemin et nous inspirer des valeurs qu’ils nous ont léguées. Notre patrimoine moral est si riche…

Le Rav Avraham Tsvi Kluger explique également que ce que Calev recherchait était de parvenir à être en connexion avec son moi intérieur, sa parcelle divine qui, elle, saurait déceler la vérité et l'éloigner du mensonge. Le rav nous explique que les Tsadikim cherchent toute leur vie à faire la volonté de D.ieu et à Le dévoiler dans ce monde. De leur vivant, ils le font à travers leurs enseignements, leurs Middot (traits de caractère), leurs écrits etc. Ils sont néanmoins limités, puisque toute âme est limitée par l’enveloppe corporelle et la matérialité. Lorsque ces derniers quittent ce monde, ils poursuivent leurs actions mais sans les limites de leur corps. Leur objectif étant toujours de dévoiler D.ieu dans le monde et en chaque Juif.

La Guémara nous enseigne que les Tsadikim morts sont appelés encore plus vivants que de leur vivant. En effet, ils sont très actifs, ils attendent qu’on les pèlerine pour pouvoir nous aider à nous rapprocher de D.ieu. Car c’est cela en réalité leur but : nous permettre de nous rapprocher de D.ieu en nous éclairant de leur Torah et en intercédant en notre faveur. Chaque Juif allant pèleriner pense qu’il va pouvoir attirer la Miséricorde divine à travers ses prières sur ces lieux saints. Et cela est vrai. Les Sages, en autres le ‘Hafets ‘Haim et le Gaon de Vilna, nous enseignent que sur les tombeaux des Tsadikim, les prières sont davantage acceptées et la Chékhina (Présence divine) réside sur ces lieux. Nos prières sur ces tombeaux, la Tsédaka mise pour l'élévation de l'âme des Tsadikim, les bougies allumées, vont avoir un effet de cercle vertueux. Grâce à ces actions, les Tsadikim reçoivent la “force” de plaider pour nous. 

Il est très important de noter que nous n’adressons pas notre requête au Tsadik que nous pèlerinons, mais nous demandons à D.ieu que par le mérite de ce Tsadik, Il exauce nos demandes. Nous pouvons également demander au Tsadik d'intercéder en notre faveur, pour nous, mais certainement pas lui demander directement de répondre à nos prières, car cela est interdit (https://www.torah-box.com/question/s-adresser-a-un-tsadik-idolatrie_24675.html)

Néanmoins, comme pour Calev, le Rav Kluger insiste sur le fait que la plus grande aide que nous pouvons recevoir de D.ieu, par la force des Tsadikim, est de pouvoir être en symbiose avec les désirs de notre âme. Trouver les réponses et les messages que nos épreuves, pour lesquelles nous sortons en prières, nous invitent à découvrir. Les changements et le retour aux sources, le retour à notre Père bienveillant. Les épreuves sont un moyen de nous amener à nous remettre en questions, à prier pour voir des délivrances et le fait de pèleriner constitue une aide précieuse dans ce chemin de recherche de vérité…

Pèleriner n’est pas une invention des temps modernes, mais il s’agit d’un moyen puissant d'évoluer, de grandir, de se rapprocher de D.ieu et également bien sûr de déclencher une pluie de délivrances dans nos vies !

Rendez-vous pour notre prochain pèlerinage…

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